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Pentecôte,
l'Esprit met l'Église hors les murs...

Homélie Pentecôte
"Avec l'autorisation du P. Dominique Cupillard, sj.

Sans doute, frères et sœurs, avez-vous fait l’expérience de souffler sur un peu de braises dans une cheminée, et de voir comment c’est tout un feu qui repart, qui renait. Et bien la Pentecôte c’est cela. C’est Pâques qui prend feu : un peu de braise qui brûlait encore dans la chambre haute du Cénacle à Jérusalem, et qui devient au souffle de l’Esprit, une flamme, un feu, un incendie qui de collines en collines et de siècles en siècles va embraser toute la terre. Sans doute que sans ce souffle de l’Esprit, la braise depuis longtemps serait devenue cendre. Que serait l’Eglise sans l’Esprit ? Oh non pas rien car il existait bien ce petit Cénacle de disciples que la prière et la peur (qu’est-ce qu’on peut prier d’ailleurs quand ca va mal) avaient à nouveau rassemblé. Il existait ce petit Cénacle mais pas l’Eglise catholique et universelle, pas cette église missionnaire, chargée de porter au monde la Bonne Nouvelle d’un salut qui lui est destiné. Le jour de la Pentecôte, ce n’est pas l’Eglise qui est née mais l’Eglise qui n’a plus peur, l’Eglise hors les murs, l’Eglise qui témoigne partout et pour tous. L’Eglise pour tous. Vous avez remarqué comment ces textes que nous venons d’entendre, insistent sur ce mot tous, toute signe d’une universalité, qui est la marque de l’Esprit. Visiblement notre auteur jubile à énumérer la liste de toutes ces nations qu'il connaît : Asie, Phrygie, Pamphylie, Égypte, Libye etc. Le lieu désormais de ces douze qui n’avaient jamais quitté leur petite province et que leur ferveur depuis Pâques confinait au Cénacle, leur lieu désormais c’est dehors, leur paroisse, c’est le monde, le monde entier, toutes les nations.

Quelle est donc l’œuvre de l’Esprit ? L’œuvre de l’Esprit n’est pas de compléter ou de parfaire la mission du Christ comme si tout n’avait pas été accompli sur la Croix, et que quelque chose restait à faire. Non, tout a été fait. Mais tout reste à diffuser, à répandre, pas seulement à répandre, non à donner et à donner à tous. Et cette mission là, qui commence le jour de la Pentecôte, c’est celle de l’Esprit chargé de dispenser partout et pour tous un salut universel et définitif, acquitté, absous de toute condition ou exclusion, travaillant à réaliser le projet de Dieu de s’incarner en toute chair, d’habiter dans le cœur et la conscience de chaque homme, annonce, prélude au retour et à l’habitation de tous les hommes dans la maison du Père.

Dans cette phase ultime de la révélation, l’humanité ne monte pas vers Dieu seule et de son propre mouvement, à la force du poignet, mais parce que Dieu vient la chercher, la rassembler par l’Esprit dans le Christ, parce qu’il se l’incorpore, la récapitule dans ce corps nouveau, réconcilié avec Dieu, tout entier régénéré dans le Christ, ce corps nouveau qu’est l’Eglise. Qui connait les vraies frontières de cette Eglise du Christ ? Pas l’Eglise mais l’Esprit. C’est l’Esprit qui donne à l’Eglise et à ses membres, à chacun de nous, latitude et longitude. Jésus n’a pas confié l’Esprit à l’Eglise : il a confié l’Eglise à l’Esprit, c’est l’Esprit, qui mène la barque, et pas la barque. l’Eglise, elle, elle a à se laisser porter, transporter au vent de l’Esprit, fût-ce hors d’elle-même, en territoire inconnu, comme les disciples, à la rencontre de tous ceux qui ne sont pas du Cénacle, à la rencontre de "tous". Un "tous" qui nous interdit nous chrétiens, toute forme d'exclusion, et même, nous appelle à être présents là où on les combat.

Ce critère doit être pour l'Église, un critère majeur de sa vie et de son témoignage. Si le franchissement des frontières, des clivages et des préjugés est la marque de l'Esprit, chaque fois qu’on est tenté de repli ou de fermeture aux autres, aux différences, on peut être sûr qu’on s'éloigne de la grâce de la Pentecôte.

Comme les Apôtres au matin de ce jour, nous n'avons, frères et sœurs, que notre porte à pousser pour rencontrer toutes sortes de Parthes, de Mèdes et de Crétois, tous ces "incroyants" comme on dit et dont plus d'un, nous sont proches, jusque dans nos familles, dont les mœurs et convictions nous déconcertent parfois comme une véritable langue étrangère. Avec eux, notre témoignage ne peut pas être pensé ni vécu comme un face-à-face avec quelqu'un qui, lui, n'aurait pas l'Esprit Saint. Ce sera plutôt d'écouter, avec lui, ce que sa "langue maternelle" lui donne, comme à nous, de dire et de vivre du désir de son cœur et de son intelligence où l'Esprit Saint travaille, comme en nous. Et d’être les témoins émerveillés des miracles que Dieu réalise partout, en nous et en tous par son Esprit.

Dominique Cupillard, sj

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