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Femmes à "Prem Dan" Calcutta

 

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Assomption,
une fête de femmes... de pauvres…

Cette fête qui en apparence éloigne Marie de nous, en réalité nous la rend très proche, en méditant les textes que l’Église nous propose aujourd’hui, il m’est apparu que ce que nous célébrons aujourd’hui est une fête de femmes et une fête de pauvres, de petits, de laissés pour compte, d’insignifiants… aux yeux du monde.

Une fête de femme, car il en est beaucoup question, le peuple de Dieu, dans l’Ancien Testament déjà, est souvent vu comme femme. C’est vrai dans le prophète Isaïe, dans le prophète Osée, dans le Cantique des Cantiques… Et dans l’Apocalypse, c’est bien du peuple de Dieu qu’il s’agit, ce signe grandiose qui apparaît dans le ciel : une femme couronnée de douze étoiles, les douze tribus d’Israël, les Douze apôtres ; et qui dans la douleur enfante le Messie et nous sommes renvoyés à la croix. Car c’est bien dans les douleurs du don total de lui-même que le Christ donne vraiment naissance au monde nouveau.

L’Amour de Dieu et la haine des hommes ne peuvent aller plus loin qu’à la Croix. et le mal vient se briser sur l’amour. C’est pourquoi la Croix ouvre sur la Résurrection, le dernier mot de Dieu est toujours pour la vie et pour la vie en plénitude.

Mais la femme, le peuple de Dieu, est envoyée au désert, car si radicalement le monde est sauvé, le combat continue, l’affrontement au mal continue et c’est tout le peuple de Dieu, tous les membres de ce peuple de Dieu qui doivent mener ce combat.

Et puis il y a ces deux femmes qui se rencontrent… Marie entre chez Zacharie, et puis il disparaît, il est dans l’ombre, il a perdu la parole par manque de confiance, on ne parle plus de lui, on est chez lui mais lui est comme absent. Et ce sont ces deux femmes, Elisabeth (petite maison de Dieu) et Marie qui dialoguent, et Marie laisse éclater sa joie, elle chante la source de la joie en son cœur...

Fête de femmes, et cela nous renvoie au combat que dans la société les femmes doivent mener pour prendre toute leur place pour être reconnues dans leur dignité profonde, dans leur égalité. Et ce combat il est à mener aussi dans l’Église. Zacharie, le prêtre, il est dans l’ombre, il y a des choses qui ne dépendent pas de la place que l’homme occupe dans le monde et dans l’Église, mais de la qualité du cœur (sans doute que de ce côté-là, les femmes ont beaucoup à nous apprendre.)

Fête de pauvres, des petits des laissés pour compte.
Le Magnificat et un magnifique chant de louange, d’action de grâce à Dieu pour tout ce qu’il réalise, pour les merveilles souvent discrètes et il faut une grande qualité du coeur et du regard pour les découvrir.

Action de grâce à Dieu pour tout ce qu’il fait de merveilleux dans le cœur de chacune et de chacun, et c’est pourquoi comme Elisabeth, comme Marie, il faut être à l’écoute des uns et des autres, entrer véritablement en relation en dialogue pour ne pas rester à la surface des choses et pour découvrir ce qu’il y a dans le cœur de chacun. […]

Lorsque Marie proclame le Magnificat, elle proclame certes un chant de louange et une action de grâce, mais aussi un chant de protestation, un chant subversif, comment est-ce Dieu possible que dans ce monde, les puissants continuent à écraser les petits, comment est-ce possible que les riches continuent à s’enrichir sur le dos des pauvres… relisez le Magnificat. Et je ne peux oublier les manifestations pacifiques, non violentes des femmes péruviennes qui, dans leurs manifestations, avaient comme chant le Magnificat. Elles avaient compris qu’il y a là, une protestation contre un monde infidèle à l’espérance de Dieu sur lui.

Le Magnificat nous dit que comme Marie, nous ne pouvons pas rester absents des luttes, des combats de notre peuple de notre monde contre tout ce qui empêche l’épanouissement réel de la vie et d’une vie pour tous.

Loin de nous arracher à ce monde ; l’Assomption de Marie nous y renvoie. Que nous dit ce jour de fête ? Sinon que Marie entre dans la gloire de Dieu. Il faut nous débarrasser de l’idée fausse que nous avons de la gloire. Dans la bible, dans le monde sémitique, la gloire, c’est le poids d’une vie, c’est ce qui a de la valeur, c’est ce qui pèse aux yeux des hommes et aux yeux de Dieu, ce n’est pas la gloriole passagère et mondaine.

Marie entre dans la gloire de Dieu, parce que toute sa vie a du poids, parce que toute sa vie a été une vie de don de soi de service, de prière, une vie de valeur ; et c’est à cela que nous sommes tous et toutes appelés. Comme nous le rappelait St Paul dans la deuxième lecture, le Christ est ressuscité pour être le premier d’entre les ressuscités. Marie le suit, mais nous, nous sommes aussi appelés à le suivre et à partager cette vie en plénitude à la mesure de tous les efforts que nous aurons accomplis pour donner, dès aujourd’hui, une chance au monde nouveau que Dieu espère et que le monde attend.

Gui Lauraire, homélie 15 août 2011, St Guilhem-Le-Désert

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