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Edgar Degas (1834-1917),
Fin d'arabesque, ou danseuse saluant,
Peinture et pastel sur toile, 1876-77

Méditation pour l'Avent 3 :
Fêtons la lumière

"Fais nous marcher à ta lumière
Sur les chemin de ton Esprit.
Ouvre les yeux de notre terre
Au grand soleil des jours promis."

(Hymne pour l'Avent E252 : Fais nous marcher à ta lumière)

La femme est devenue danseuse à l’Opéra. Consécration d’une "étoile" qui sous nos yeux, auréolée de son tutu d’or, ressemble à un soleil. Comme la jeune fiancée de la première lecture (Isaïe 61,10), elle est enveloppée d’un manteau de lumière, toute parée pour le ballet. Elle s’incline et salue son public dans une dernière arabesque. Ses bras et ses jambes formant la croix de saint André, équilibre entre ciel et terre, qui nous rappelle aussi l’effort et l’ascèse de la danse. Combien d’heures d’exercices et d’entraînements pour une volte de quelques secondes ?

Au premier plan : le bouquet de fleurs, petit cercle jouxtant la grande roue du tutu ; et au dernier plan : le corps de ballet, longue bande horizontale de l’arrière scène, qui se découpe sur un décor peint. Bouquet et danseuses nous rappellent la place des autres. Autour de la gloire qui pourrait sembler individuelle et personnelle, il y a aussi les spectateurs, et les compagnons de travail.

Les bras de la danseuse se tendent du bouquet au ciel, ses jambes s’étirent du sol aux autres danseuses. De ses deux axes en diagonale, Edgar Degas semble raconter la transcendance terre/ciel et l’horizontalité fleurs/femmes. Cette intensité dynamique ne peut-elle pas nous parler de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain ? Cette composition ne nous interroge t-elle pas sur notre relation à Dieu, à la nature et à nos frères ?

Edgar Degas a dessiné le parterre des danseuses en haut de la toile, tandis qu’en bas, sous la danseuse, fondus, au gris foncé du parquet de scène, se devinent les invisibles qu’elle salue. Ceux, vers qui elle s’incline dans sa dernière arabesque, sont cachés. Et dans ses frères de l’ombre, dans chacun des spectateurs, invités imaginaires du peintre, c’est nous aussi qu’elle regarde et invite. Parce que dans le feu du ballet inventé pour nous, nous restons médusés par les traces de joies et de poésie que la musique et les prouesses des artistes (les danseuses et le peintre lui-même) ont laissé. C’est là que le peintre nous invite. Il nous invite à descendre, descendre dans la nuit de notre propre salle de spectacle, dans notre propre cœur, pour y retrouver et laisser monter la féerie des rêves de notre enfance et nous rappeler que nous sommes faits pour la danse et la joie. Ne nous départons pas de cet esprit de fête, propre au temps de Noël. Tressaillons avec saint Paul et écoutons résonner son exhortation aux chrétiens de Thessalonique "Soyez toujours dans la joie !", "N’éteignez pas l’Esprit !" (1Th 5,16.19).

La scène est le lieu du don, du don total où s’incarneront combats, doutes, luttes, transgressions, plaisirs, satisfactions, amitiés, amours et fraternité. Sur scène tout est transfiguration. La danseuse devient alors notre "porte-lumière". Elle n’est pas la lumière, mais elle la reflète et en témoigne. Elle n’est pas le soleil mais elle nous le rappelle, au creux de cette nuit, dans la pénombre de la salle. Et nous reconnaissons, dans le crépitement des applaudissements et des quelques "Bravo !" criés à la fin du spectacle, à la tombée du lourd rideau de velours rouge, son invitation à reconnaître nos frères et nos sœurs "soleil". Ceux qui dans notre quotidien, sont précurseurs à la manière de Jean-Baptiste. Rendons grâce pour les joies reçues et toutes nos mises en marche vers la vraie lumière. Et après le spectacle, habitons nos vies différemment, pour y mettre — à notre tour — aussi de la lumière.

Ensemble, fêtons la lumière … Bon chemin d’Avent !

(Sr Nathalie Le Gac)

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