>>> Aventure intérieure > Découvrir, Contempler > Méditation pour l'Avent 4

Edward Hopper (1882-1967),
Les oiseaux de nuit,
Huile sur toile, 1942

Méditation pour l'Avent 4 :
La confiance

"Il viendra, un soir, où nul ne l’attend plus ;
Il viendra, un soir, pareil à celui-ci ;
Il viendra, un soir, où rôde le malheur ;
Il viendra, un soir, ce sera le dernier soir."

(Hymne pour l'Avent - CFC : Il viendra, un soir)

Plan séquence, extérieur nuit. Edward Hopper nous plonge dans un théâtre silencieux où toute l’intensité dramatique se noue entre ombre et lumière, extérieur et intérieur.
Barrière de la nuit, barrière de la rue vide entre le spectateur et le restaurant, barrière de la vitrine entre les passants qui ne passent plus et les personnages accoudés au comptoir, barrière du comptoir entre les clients et le serveur, barrière de la lumière crue. Trop de frontières, trop de distances qui marquent graphiquement la profonde solitude et la densité de ce qui se vit...

Car quelque chose se vit, se devine et nous fascine. Un mystérieux homme seul de dos, un serveur tout en blanc qui s’adresse à l’homme de face, accompagné de la femme en rouge, trop belle, rousse, les cheveux longs. A la manière d’une Rita Hayworth et d’un Humphrey Bogart, ils deviennent les deux héros d’un classique américain. Et, en attendant le jour qui se lèvera, tout nous semble possible.

Ils attendent et nous attendons avec eux. L’austérité et le réalisme sobre, presque puritain, de l’ambiance, nous rappellent l’annonce discrète faite à la jeune fille de Nazareth, sans lignée et sans époux. Dieu ne s’embarrasse pas de lettres de recommandation, ni de lignages prestigieux. La grâce est absolument gratuite. Dans la pénombre d’une humble habitation palestinienne Dieu s’est annoncé, par la voix de l’ange. Et, depuis ce jour, la maison, tout intérieur et toute jeune fille deviennent espaces sacrés.

Alors, nous comprenons mieux pourquoi ce tableau si célèbre est devenu "icône" de la peinture contemporaine américaine, inspirant tant et tant d’écrivains, de réalisateurs, de photographes et de cinéastes. Car ici, nous pénétrons sur la pointe des pieds, dans l’univers d’Edward Hopper, silencieusement, et nous attendons immobiles, le léger tressaillement qui dira le souffle de vie.

Parce qu’il a peint un sujet intime et qu’il y dévoile notre propre intimité, nous ne lâchons pas ses personnages — qui sont assis, figés, statiques, regardant au loin, perdus dans leurs pensées, peut-être accablés, peut-être heureux — comme la poétesse Marie-Noël à la porte de chez la Vierge Marie :
"J’étais sur la pas ému de la porte
Il a laissé choir dans mon cœur tremblant
Un grain murmurant du Verbe qu’il porte [...]
L’épine est en fleur
Autour du jardin, autour de ma joie."
(Marie-Noël, Le Rosaire des joies,1958)

C’est cela que nous attendons : la manifestation de la vie en eux, en nous.

Ce décor à moitié vide, ces personnages silencieux, cette nuit de l’attente, nous font pressentir et désirer les grandes folies de toutes les genèses.

Ensemble, attendons l’impossible … Bon chemin d’Avent !

(Sr Nathalie Le Gac)

Méditer en Avent, avec des oeuvres d'art :

Contempler :

Voir aussi :

© Copyright Carmélites de Saint Joseph - Contactez-nous