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Alberto Giacometti,
Tête de Diego, 1962, Huile sur toile, 92 x 73 cm, Collection privée, Paris.

 

 

 

 

 

Méditations carême 2012 (année B)
Entrée en Carême, mercredi des Cendres: Passer du désert au Royaume

Ne perdons pas le sens de notre carême : la pénitence, ne peut être ni une ascèse ni une mortification qui plaît à Dieu, si elle n’est pas déjà et d’abord toute orientée vers son Visage, vers sa Rencontre. Le Carême n’a de sens qu’orienté vers Pâques.

Et, c’est bien ce cri d’amour du Seigneur Dieu lui-même, par la bouche du prophète Joël : « Parole du Seigneur : "Revenez à moi de tout votre coeur, dans le jeûne, les larmes et le deuil" Déchirez vos coeurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu […] » qui est pour moi une invitation à me préparer à le recevoir, à préparer sa demeure dans un cœur brisé par la prise de conscience de cette infinie distanceentre Lui (qui est tout pour moi) et moi (qui ne suis rien sans lui).

J’entends ce même appel dans l’évangile de Matthieu, où par trois fois, il nous est rappelé que notre « Père nous voit dans le secret. » Et je sais que c’est là qu’Il m’attend.

Cette année, au long de ce temps de pénitence, j’ai donc choisi, comme balises sur notre route, une série de visages pour creuser la Parole de Dieu et ouvrir un chemin spirituel, vers des rencontres, vers Une Rencontre qui nous fera passer du désert au Royaume, dans un renversement de signes.

En ce mercredi des Cendres, c’est un portrait d’Alberto Giacometti de son ami Diego, qui inaugure notre traversée du désert et notre soif de son Visage.

Le tracé noir sur le blanc nous rappelle la trace des cendres sur notre peau. La peinture minimaliste est hachurée, nerveuse, comme si le peintre cherchait, derrière l’apparence des choses, la structure de l’être, la trace la plus infime de son ami, jusqu’à ce qu’il ne le reconnaisse plus, qu’il ne le voie plus. Giacometti hachure sa toile jusqu’à ce que le jour devienne nuit et que le noir devienne lumière : conjuration du sort et renversement des signes, tel un acompte de la mort vaincue par la vie. Son dessin, jeu savant de positif et négatif, est contraste qui dit l’existentiel dans le dépouillement. Il n’y a pas de détails, pas de fioritures et c’est justement cette mise en présence absolument nue, brute, et sans effet de séduction, qui crée le choc de la rencontre entre Diego et nous, aujourd’hui.

C’est un peu le cri de Job reconnaissant son Seigneur Créateur et Sauveur : « Je sais que tu es tout-puissant : tous tes projets se réalisent. […] J'ai fait, dans mon ignorance, des discours sur des merveilles qui me dépassent et dont je ne sais rien. Je ne te connaissais que par ouïdire, mais maintenant mes yeux t'ont vu. C'est pourquoi je me rétracte, je me repens sur la poussière et sur la cendre. » (Jb 42,2…6).
Face aux merveilles divines, c’est toujours la cendre qui s’impose.

Sr Nathalie Le Gac, CSJ, Saint Guilhem-Le-Désert

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