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Photo : Monastères du Wadi Natrun, Egypte.

Vivre le Carême avec la Samaritaine,
dans la tradition du Carmel (Etape 2)

Par Sr Frédérique Oltra

"Ne craignons pas que le Seigneur
qui nous invite à boire à cette source nous laisse mourir de soif.
La crainte, en effet, comprime beaucoup l’élan des personnes…
C’est une grande chose
que l’expérience de l’amitié et de la douceur
qu’il réserve à ceux qui suivent ce chemin
et comment il fait, pour ainsi dire, tous les frais du voyage…
Ce qu’il y a de merveilleux pour ceux qui entreprennent ce voyage,
c’est qu’on leur donne beaucoup plus
qu’ils ne demandent et ne sauraient désirer."
(Thérèse d’Avila, Chemin de perfection, 23)

Ouvrir des laboratoires de discernement
dans la Parole

Nos communautés de vie, de prière, de mission ou de cheminement dans la foi peuvent devenir, pour les hommes et les femmes de notre temps, des laboratoires de discernement dans la Parole. Il suffit, pour cela, que nous ouvrions les espaces qui nous sont propres, que nous en fassions la proposition à ceux qui ont soif. Que nous nous y engagions avec tout le poids de notre humanité visitée par l’Esprit.

Posons-nous une question préalable : en quoi la fidélité à la prière, la fréquentation de l’Ecriture, la persévérance dans la communication fraternelle de la foi, en quoi tout cela parlerait-il à nos contemporains ?

Témoigner du mystère des liens d’humanité

L’expérience spirituelle chrétienne, et vécue au Carmel, permet de laisser entendre quelque chose de la solitude et de la présence, de la proximité et de la distance, de la communion et de la séparation qui traversent et travaillent les relations humaines. Notre temps a vraiment besoin d’espaces où puissent se réfléchir et s’éprouver le devenir singulier, la lente émergence de la personne dans son unité.

La Règle du Carmel porte cette dimension très forte de solitude qui est sans doute une des expériences les plus radicales, à la fois redoutée et désirée, de nos contemporains : "Que chacun demeure dans sa cellule ou près d’elle, méditant jour et nuit la loi du Seigneur et veillant dans la prière". En quoi cette priorité fait-elle sens pour aujourd’hui ? Dans l’échange et la mise à disposition de nos espaces de méditation et de contemplation osons proposer à nos contemporains une véritable entrée dans le silence de Dieu et dans le mystère de la solitude du Christ. C’est en ce lieu que se nouera pour eux leur capacité à tisser de véritables liens d’humanité avec leurs proches, comme il en est pour chacune, chacun d’entre nous.

Témoigner de la Révélation

Si l’Ecriture sainte est devenue notre propre espace de cheminement personnel et ecclésial, alors nous sommes à pied d’œuvre pour en offrir la lecture, l’interprétation et la saveur à ceux qui le désirent. Dans la méditation de la Parole, dans ce va-et-vient quotidien entre l’Ecriture et la vie, nous avons appris à déchiffrer le sens de notre vie et à peser le réel, nous avons eu "révélation" de notre propre histoire sainte, de celle de nos communautés de vie…

Notre temps, avec ses incertitudes et parfois ses dispersions, ne favorise pas la maturation et la croissance de la liberté. Osons ouvrir le Livre avec d’autres pour y entendre notre propre durée spirituelle comme une révélation de ce qui est caché dans l’ordinaire des jours. Osons une parole de révélation à partir de ces échos qui se produisent quand nous interprétons nos vies à la lumière de la Parole pour que d’autres puissent conjuguer leur histoire dans l’espérance et la confiance, bien au-delà de la perception première.

Témoigner de l’absolu qu’est Dieu en Jésus-Christ

A ce point, nous sommes attendus comme communauté de disciples dans la Parole. La Règle du Carmel met au centre de sa proposition, comme formule de vie, le rassemblement des frères autour de la table eucharistique. Comment ne pas y voir une expérience semblable à celle des disciples quand ils rencontrent le "Ressuscité" ou plutôt, sont rencontrés par Lui ?

Si nous voulons bien y être éveillés, la prière et la vie fraternelle nous offrent souvent de ces épiphanies qui viennent travailler nos lenteurs et nos doutes. Osons-nous proposer aux hommes et aux femmes de notre temps des espaces d’intériorité de cet ordre là ? A l’intime de nos existences personnelles et communes se tient Jésus, le Vivant, en qui nous passons de la mort à la vie, en qui nous sommes engendrés d’en haut : telle est l’expérience de l’absolu que nous pouvons ouvrir à nos frères, le témoignage de nos propres passages singuliers et communautaires, l’espace de notre fraternité reçue et vécue comme grâce dans la foi.

Ainsi notre vie tient et fait signe que parce qu’elle est adossée à une mort traversée, à la pâque de Jésus.

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