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Georges de La Tour,
La Madeleine aux deux flammes,
1,34cm x 0,92cm, MET, NY, v.1640 (détail)

 

 

 

 

 

Méditations carême 2012 (année B)
1er dimanche de Carême :
Les tentations de Jésus au désert

« Vite, le souffle le jette dehors au désert. Il est au désert quarante jours, éprouvé par Satan. Il est avec les bêtes sauvages, et des messagers le servent. »
 (Mc 2, 12-13, traduction d’André Chouraqui)

J’aime la sobriété et la concision de ce récit de l’évangéliste Marc, sa violence aussi. Le souffle n’a rien à voir avec la brise légère perçue par Élie, il ne fait pas cas de Jésus, le Fils de Dieu. Il le "jette" dans ce lieu hostile qu’est le désert. Et pourtant, quoique Jésus soit éprouvé par le tentateur, c’est l’image prophétisée par Isaïe que l’évangéliste nous donne à contempler : « Le souffle du SEIGNEUR DIEU reposera sur lui. […] Le loup résidera avec le mouton, le léopard s’accroupira avec le chevreau ; le veau, le lionceau, le buffle, ensemble, un petit adolescent les conduira. » (Is 11,2.6).

Je retrouve cette même sobriété et cette même violence domestiquée chez la pénitente Marie-Madeleine, dans le tableau de Georges de La Tour. Tout d’abord le jeu d’ombre et de lumière propre à ce grand maître du clair-obscur, où tout est dit : la lumière émanant du cœur pardonné de Marie-Madeleine, tandis que le noir sort de la vanité du miroir et du derrière le miroir (serait-ce de son passé révolu ?). Le souffle accompagnait Jésus ; ici, dans le tableau, c’est la flamme qui accompagne la femme dans son renversement. La lumière est double disant le passé et le présent, le péché et la grâce, les bêtes et les anges : mais sans lutte, le combat n’est plus à l’ordre du jour. Pacifiée, la femme "est" tout simplement. Elle est magnifique, ses cheveux sombres lissés et le décolleté vaporeux de son chemisier nous font voir sa féminité dans sa pureté. Ses mains jointes, comme en prière, posées sur un crâne (symbole de la pénitence et de la vanité du monde, dont Jean de la Croix aimait à en disposer dans son petit couvent de Duruelo) font le lien entre la vie de son ventre arrondi et la tête de mort. Sa jupe coule comme une rivière de sang : « Celui qui croit en moi, de son ventre ruisselleront des fleuves d’eau vive » (Jn 7,38). Face à la grâce de la conversion, c’est toujours la vie de l’Esprit qui jaillit.

Sr Nathalie Le Gac, CSJ, Saint Guilhem-Le-Désert

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