Gravir la Montagne

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Des mots pour aujourd’hui

Lire le récit de Luc 9, 28-36 – Évangile du 2ème dimanche de Carême

02-gravirNous gravissons la montagne revêtus de notre vie ordinaire… Et Jésus nous entraîne en son espace propre, en ce lieu lumineux de la relation unique qui l’unit au Père depuis toujours. Et voici que mon regard, ton regard se transfigurent ! La fenêtre du cœur s’ouvre soudain et nous voyons le monde à l’endroit, nous voyons, en cet instant et de manière fugitive, ce réel qui habite le cœur des choses, ce réel qui nous donne de nous connaître et de reconnaître le visage véritable de chacun.

Comme nous aimerions « dresser là trois tentes » : embrasser et saisir la totalité de la révélation, comme nous la comprenons ! Jésus au rang des prophètes et de la Loi, nouveau Moïse, nouvel Elie… Et demeurer là, détenteurs comblés, face à nos maîtres familiers : « Seigneur, il est heureux que nous soyons ici ! »

Mais une Voix vient briser ce rêve, cette illusion : elle nous arrache à la fascination de la gloire telle que nous la comprenons, telle que nous la désirons. « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ». Une « nuée » nous ferme les yeux pour que nous soyons rendus à la foi, à l’écoute d’une parole au centre de notre vie quotidienne et banale, là où surgit la grâce de l’inattendu, l’inespéré sur nos chemins d’humanité : « Aussitôt, regardant autour d’eux, ils ne virent plus personne d’autre que Jésus seul avec eux ». Et nous redescendons de la montagne en vêtements ordinaires, mais en compagnie de cet Ami véritable dont la présence, cachée dans l’entre nous de nos rencontres, transfigure au jour le jour notre regard, ouvre nos oreilles et notre mémoire à la joie de la foi, à la gratitude, à l’espérance, à l’écoute bienveillante des autres…

 Un Chemin vers l’Ecoute

Dans le 2ème Livre de la Nuit (18,2), Jean de la Croix nous propose un paradoxe pour aller plus loin dans notre cheminement vers la Montagne de Lumière : « Dans cette voie, descendre c’est monter, et monter c’est descendre ». L’étoile du matin est devenue visage, un visage qui me regarde et à partir duquel je regarde. Le Dieu vivant est devenu pour moi un miroir. Lui, le Premier et le Dernier, se laisse voir : il m’ouvre les portes du sanctuaire construit au centre le plus intérieur. Ce qu’il me donne à voir, au sommet de cette Montagne de Lumière, n’est rien d’autre que ce que je peux percevoir au centre de la vie. Je vois ce que j’entends au cœur de la vie, ce que la Parole de révélation me donne de discerner au cœur de la vie.