Boire au Rocher

 

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Des mots pour aujourd’hui

boire-au-rocher-2Dans le désert, nous sommes saisis par le vertige du manque : lieu de solitude et de menace de mort… Le désert nous attire car nous savons qu’il cache un puits, qu’une Parole jamais entendue et toujours nouvelle nous est promise, au plus profond de la sécheresse et de l’aridité. Sous la nuée nous ne voyons plus rien avec nos yeux de chair : tout échappe à notre maîtrise, à notre raisonnement, à nos compréhensions habituelles. Nous sommes déroutés et dépossédés de tout savoir. Et disponibles enfin pour entendre la nouveauté du message de l’Evangile. Passer à travers la mer, c’est consentir à affronter l’inconnu, à marcher sur l’abîme avec le risque d’être englouti, perdu à jamais. Et le temps de la confiance radicale s’ouvre alors pour nous : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? Aussitôt, Jésus tendant la main, le saisit ». Frapper le rocher avec nos seules forces, c’est courir à l’échec et s’exposer à la blessure dans la dureté des temps et du monde… Voici pour nous le temps de l’espérance au-delà de toute question : « Dieu peut-il apprêter une table au désert ? Sans doute, il a frappé le rocher : l’eau a jailli, elle coule à flots ! Mais pourra-t-il nous donner du pain et faire pleuvoir la manne ? »

Le Christ, notre rocher, nous suit dans nos traversées arides, mais surtout il nous précède : il est en avant de nous sur ce chemin d’endurance, de longue patience, dans les cris de nos résistances et la dureté de l’absence ; il vient à notre rencontre, pain qui se partage, source vive qui désaltère… Et l’eau de la joie, que rien ne peut nous enlever, jaillit de la roche la plus dure, de notre cœur revenu de l’oubli, rendu à la confiance.

Un Chemin vers l’Ecoute

Dans les déserts d’aujourd’hui, périphéries de nos cités ou de nos sociétés d’abondance, Dieu nous envoie et nous accompagne. Il nous attire dans ces terres d’errance et de soif contemporaines. Et il nous abreuve de son eau vivre dans la rencontre de ces autres avec qui partager le pain, l’eau et le sel. Et l’aridité de l’absence se change alors par la grâce de tant de présences offertes qui nous guérissent de nos aveuglements et nous libèrent de nos surdités. Telles sont les sources imprévisibles qui nous attendent et nous transforment pour nous donner de boire à notre puits.