« Et vous… ? »

briser le mur du silence

« et vous, n’avez vous pas l’intention de partir ? »

« A partir de ce moment, beaucoup de ses disciples se retiraient et cessaient de faire route avec lui. » Jean 6,66.

Devant l’avalanche des scandales dans notre église, certains s’en vont pensant que l’église est devenue source de désespérance, je les comprends et respecte leur choix, tant le fossé entre la Bonne Nouvelle de Jésus et l’institution paraît infranchissable.
« Alors Jésus dit aux douze : « Et vous n’avez vous pas l’intention de partir ? »
Mais Simon Pierre lui répondit : « Seigneur à qui irions nous ? Tu as des paroles de vie éternelle . »

Il me semble que seul le Galiléen peut nous permettre de continuer le chemin.
L’évangile est premier, l’église est seconde.
Sa prière, sa lutte contre les hypocrisies religieuses, sa proximité avec les petits, les souffrants, les exclus demeurent le phare, l’étoile qui brille depuis deux mille ans.
Son Esprit est toujours présent, plus fort que les scandales de la papauté au cours des siècles, des guerres de religion, des crimes de ses représentants.
Les déclarations à Lourdes montrent sans ambiguïté qu’il faut remettre chacun à sa juste place, laïcs, évêques, prêtres, des croyants au Christ ressuscité des morts , et que cette espérance interdit le « pouvoir » des clercs , des évêques.
Combien de temps faudra-t-il encore attendre pour que des laïcs soient nommés responsables de communautés et que le prêtre y retrouve sa véritable place qui n’est pas celle du « curé responsable de tout » ?
Mais il ne sert à rien de récriminer, de tempêter si nous ne nous aidons pas à croire, à espérer, à vivre.

A vos plumes !!!!

Pourquoi restez vous dans l’église ? Que faites vous pour témoigner que l’histoire de Jésus est une Bonne Nouvelle pour vivre ? 

Jacques Thierry, prêtre à Hérouville St Clair

N’hésitez pas à répondre dans les commentaires, Jacques pourra les lire !

22 commentaires

  1. Quelle réussite espères-tu pour l’Eglise?

    Dans les années 1960, L’Eglise de France respirait la jeunesse et était une force sociale de 1er plan. Aujourd’hui,elle apparaît exsangue
    presque disparue de la scène sociale. Chrétiens, qui restons attachés à son existence,nous en sommes profondément attristés et nous nous demandons quelles
    initiatives prendre.
    D’où, ou plutôt de qui est venue son existence ?

    Nous connaissons tous la réponse. Mais quelle fut la réussite sociale de l’entreprise de Jésus ?

    Quand il gravit les pentes du Golgotha, c’est un effondrement social total.
    Mais si cette aventure ne s’arrête pas là, c’est qu’aux disciples est donnée la certitude qu’il est le Vivant.

    Et comment n’en seraient-ils pas assurés quand ils se rappellent quelle force de vie apportait chacun de ses actes et quelle richesse de vie recélait chacune de ses paroles.

    Comment ne pas mettre ses pas dans les siens puisque la Vie est là?
    Quel sera l’impact social? Ce n’est pas d’abord leur question?
    Daniel

  2. Quant à briser le mur du silence…
    Je reprendrai juste la phrase de notre Pape, « Qui suis je pour juger ? ».
    Comme certains autres de tes lecteurs, je me dis que l’Église a déjà traversé de nombreux autres épisodes bien douloureux et qu’il faut surtout ne pas perdre le message de base… à savoir Amour et Pardon.
    Les hommes d’Église restent des hommes, avec leurs limites et heureusement leurs qualités.
    Bien amicalement

  3. Il y a un siècle, aux lendemains de la guerre de 1914, naissait l’Action Catholique.

    « Nous referons chrétiens nos frères  » proclamaient confiants et pleins d’enthousiasme les premiers militants.
    Un siècle plus tard, quel bilan?

    Une Eglise désertée par la majorité de ses fidèles; une population française majoritairement indifférente;
    une Eglise qui apparaît incapable de s’adapter dans sa structure et son fonctionnement à la culture de son temps, et profondément discréditée par
    les dernières « affaires  » qui viennent s’ajouter à celles révélées par le rapport Sauvé; si bien que beaucoup de ses membres se demandent: dois-je
    rester?
    Et si on se rappelait comment est née l’Église?
    Les jours qui suivent la Crucifixion, les disciples se sont réfugiés au Cénacle, les portes verrouillées, après qu’ils aient abandonné, ignoré, trahi (Pierre) leur Maître. C’est alors que dans la nuit de leur foi nous dit Jean 20,19 « Jésus vient et il était là au milieu d’eux « .
    A nous aujourd’hui d’œuvrer pour que son message dont on peut vérifier la force et la richesse de vie soit toujours vécu : c’est la seule annonce qui ouvre le cœur et les yeux.
    Daniel

  4. Pourquoi je reste ? Par habitude, peut-être par paresse ( 88 ans ) ne pouvant rien pour faire évoluer cette institution qui s’accroche à son magistère, son langage, ses codes inaccessibles aujourd’hui.
    Je me définis depuis longtemps comme chrétienne et non plus catholique.
    Je suis ouverte aux autres religions au sein d’un groupe oecuménique me réchauffant le coeur devant tout geste de fraternité, d’accueil, de pardon ….. chez les croyants ou ailleurs.
    Je m’accroche au Christ,  » mon ami « , à son Père ( Abba, Père de Jésus, mon Père, notre Père à tous ) et j’essaie de faire de mon mieux là où je suis, voisins, famille, MCR, ACAT, accueil d’isolés comme il le demande  » Faites comme je fais . »

    En pensant à sa grande souffrance à Lui, de voir son message d’amour masqué par le comportement de ceux qui avaient choisi d’être à Son Service….. et à la souffrance de tous les chrétiens…et de vous prêtres….
    Merci de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer.

  5. Alors quoi, ça na finira donc jamais ?

    Voilà que nous apprenons aujourd’hui qu’un prêtre du diocèse de Rennes viole un jeune ado après l’avoir drogué, qu’il fréquentait une appli de rencontres et donnait ses rendez-vous à Paris. Et ça, ce n’est pas avant le rapport Sauvé, c’est en novembre 2022. Comment qualifier l’innommable ?

    La colère, la honte, le dégoût, la trahison, etc, etc, bref tous ces sentiments m’animent depuis des mois, ne faisant que croître au fil des révélations successives. Comment puis-je expliquer ça à mes enfants, adultes mais éloignés de l’Eglise, que ça puisse exister chez des hommes qui font le contraire de ce qu’ils professent, et qu’une institution comme l’Eglise ait pu couvrir, par lâcheté, par paresse, et en fait je le crois maintenant, parce que trop de ses membres sont compromis.

    Et pourtant…

    Depuis les premières révélations, je pense à vous tous, membres du clergé, qui j’en suis sûr, éprouvez ces mêmes sentiments, et êtes de surcroît assimilés à ces déviants simplement parce que vous êtes prêtres vous-mêmes, que donc votre crédibilité est contestée, que votre action d’une vie est remise en cause, que votre parole devient douteuse.

    Je pense à toi, à notre ami Maurice Leroux, à tous ceux d’entre-vous qui nous ont fait découvrir puis entretenir notre foi ; la joie du don, l’attention au pauvre, l’engagement social, l’espérance de la vie éternelle, tout cela et bien d’autres aspects encore, nous ne l’aurions pas au plus profond de nous si nous n’avions pas eu sur notre route des prêtres engagés, profondément humains, prêchant par l’exemple plus que par la parole.

    Alors oui, c’est vous que je plains, au-delà des victimes de ces prêtres criminels.

    Mais comment croire encore à la force de la prière qui n’empêche rien ?

    Comment croire en un Dieu qui laisse faire ces ignominies ?

    Et pourtant…

    Par un mystère que je ne m’explique pas, je n’arrive pas à ne pas croire en un Dieu bon, soucieux de chacun. Une profonde espérance continue de m’habiter. Incontestablement, la parole du Christ possède une puissance, un souffle, une espérance dont j’ai besoin, qui me nourrit. Mais c’est bien personnel, et je suis malheureux de ne pouvoir transmettre ça à « la périphérie ». Ces contre témoignages des prêtres et évêques empêtrés dans leurs affaires nous condamnent à la solitude, ou à l’entre-soi, ce qui est presque pareil. Et contraire au message de Jésus « allez sur les places… »

    Ma seule façon de faire, c’est de continuer à m’investir dans du service, dans telle ou telle action « sociale », dans ma paroisse aussi non pas pour moi mais au nom du Christ, en espérant qu’un jour ça se sache que c’est Lui qui m’anime…

    Je ne crois pas que donner le pouvoir aux laïcs soit une solution. Hélas, on sait bien que la pédophilie, le harcèlement sexuel, existent dans tous les milieux (familiaux, sportifs, éducatifs, culturels, faut-il les citer tous ?..) Ces problèmes sont amplifiés par des institutions muettes, mais à la base, ce sont des actes commis par des hommes. Il faudrait d’abord n’avoir aucune complaisance pour ceux qui se rendent coupables de tels actes, que la culture du silence si bien développée par l’Eglise cesse systématiquement.

    Je crois, sans naïveté, par l’expérience que m’ont donné mes 72 années d’existence, qu’il y a beaucoup plus d’hommes de bien que de malfaisants, que le bon attire plus que le mauvais, que 2000 ans ne sont rien au regard de l’âge de l’humanité, que tout est toujours possible.

    Désolé Jacques, tout cela est trop long, signe que ma pensée est agitée. Il faudra du temps pour que je prenne un peu de recul, que je soigne les blessures infligées par ces affaires indignes, que j’accepte de donner ma confiance à une Eglise qui ne parvient pas à se réformer, malgré tous les efforts du Pape François.

    Mais merci de continuer à nous solliciter

    Avec amitié

  6. C’est bien de nous donner la parole : merci Jacques !

    L’Église sort discréditée par ces tempêtes qui déferlent depuis des années et encore plus ces dernières semaines. Mais est-elle capable de se rénover ? Je souhaite qu’elle se « protestantisme » en se décléricalisant et en se désacralisant. Ce serait un chemin d’humilité et donc de conversion !

    Par contre, il n’est pas question de quitter le bateau, il est porteur d’un grand message : le Christ nous révèle le visage de Dieu et éclaire notre humanité.

  7. Bonjour Jacques,

    Merci pour tous ces messages et témoignages transmis. Je suis assez en admiration par la profondeur des réponses à tes questions . Pour ce qui me concerne c’est moins simple. Certes je suis à la fois profondément désemparé par tous ces évènements dans l’église et en même temps pas surpris par son fonctionnement. Rester dans l’Église ? finalement et concrètement qu’est ce que ca veut dire ? j’admire ceux qui savent quoi faire. Mais j’ai le sentiment de n’être pas vraiment dans l’Église depuis longtemps mais plutôt en border line. Donc être plus ou moins dehors ou dedans ? ce dont je suis sûr c’est que ma foi ; mon chemin de foi n’est pas touché ou remis en cause par les évènement . Comme beaucoup j’espère qu’un jour l’Église bougera suffisamment pour que je m’y retrouve pleinement, mais quand ? peut-être jamais durant ma vie terrestre. Mais l’essentiel ce sera d’être dans la plénitude de Dieu, d’être vraiment en présence du Christ comme je le crois. Par ailleurs il est certain qu’on ne peut grandir tout seul dans sa foi qui d’ailleurs n’aurai aucun sens en restant isolé. Alors quoi faire ? Pour l’instant nos rencontres du samedi sont d’une grande importance et peut-être ma seul participation à une vie d’Église. avec la prière . Voilà où j’en suis à ce jour et certes les évènements ne m’aident pas beaucoup. Voilà ce que je peux de manière confuse sans doute ,te partager ;

    A bientôt

  8. Concernant les derniers mails envoyés, j ai lu certaines réponses qui m’ont réconfortée et d’autres que j’ai trouvé intransigeantes.
    Pour ma part, je continue d’aller à l’église car c est comme ma maison protectrice. Mais en toute honnêteté je m’y rends beaucoup moins qu’auparavant.
    L’essentiel est ma relation avec Dieu à tout moment de la journée. Et, malgré les derniers événements qui mettent à mal notre communauté chrétienne, je fais la distinction entre ma relation avec Dieu où que je sois, et la relation que je peux avoir avec mes frères et sœurs au sein de l’église. C’est pourquoi, bien qu’attristée par ce qui se passe, ma foi n’est en rien ébranlée.

    Amicalement,

  9. Salut Jacques,

    « Fluctuat nec mergitur »

    Pour ma part, je reste à bord de la nef Eglise.

    Elle navigue depuis un peu plus de 2000 ans tant tôt contre vents et marées, tant tôt par des moments de calme plat, la « pétole » comme on dit dans la marine.

    Pour continuer dans la métaphore, je pense que nous subissons un sérieux coup de tabac, et qu’il serait bien mal aviser de quitter le bord, j’ai presque envie de dire « c’est pas l’moment ».
    Tant que la barque flotte… Faut faire confiance au « pacha » le Christ.
    Pour qu’elle continue de flotter, retroussons les manche et soyons hardi à la manœuvre.
    Gardons la Foi dans notre capitaine. L’Espérance dans la destination. La charité envers nos frères et sœurs les plus démuni.

    Amitiés.

    Did. (marin de cœur, et Parisien de naissance)

  10. A l’ instar de ce que dit Jacques P je me suis écarté de l’Église il y a bien longtemps, puis depuis quelques années j’ai renoué avec la foi. Foi personnelle qui m’amène quotidiennement à vivre un moment de relaxation-méditation-prière.
    Ainsi , alors que « l’Église vaticaneste » vacille avant de sombrer nous sommes nombreux à vivre une spiritualité christique.
    Ne serait-ce-pas à nous d’alimenter ce feu nourricier par la foi, l’espérance et la charité ? Sous quelles formes?

  11. L’institution église ,dans la tourmente actuelle, nous inspire bien des interrogations..
    la tentation est grande de se poser la question : « ou est Dieu dans tout cela »
    Jacques tu as été bien inspiré en nous résumant la pensée de de saint IRENEE (2eme siècle) :

    « la création n’est pas achevée, le processus est en perpétuel évolution, avec des fausses notes …. »
    (Lu à peu près la même chose dans la pensée de Theillard à l’ expo à ST Pierre)

    Et nous sommes en plein dans ces fausses notes .
    La tentation est grande de quitter le navire. Mais c’est à nous de ne pas baisser les bras pour construire le royaume .
    La tentation est grande de quitter le navire
    Et pour cela une invitation à prier…avec Etty Hillesum (1914-1943 dans « Une vie bouleversée »
    « JE VAIS T’AIDER, MON DIEU, À NE PAS T’ÉTEINDRE EN MOI … »

  12. Bonjour Jacques. Voilà ce que j’ai envie de dire en réponse à l’incitation que tu nous adresses d’exprimer notre opinion.

    Tu pars de l’évangile de Jean et de ceux qui quittaient Jésus parce qu’ils trouvaient sa parole obscure rude et exigeante. Prétexte qui aurait bien pu être le nôtre. Certains donc le quittèrent, pour beaucoup sans doute provisoirement ; pour ceux qui restèrent la foi s’était enracinée comme une immense évidence. Puissance de l’Esprit ; puissance de la grâce.
    Tu as donc choisi ce texte pour introduire ta question : « Pourquoi restez vous dans l’Église ? »

    Dans l’Église ? Dans quelle Église ?

    Je reste dans l’Église car je reste dans la foi et que je ne veux ni ne peux la vivre tout seul dans mon coin, loin de l’assemblée des frères qui portent avec moi la même foi, qui me soutiennent et qui aiment Celui que j’aime. C’est dans cette Église là que je reste. Celle qu’ont vécu les premiers chrétiens, celle qui s’est développée et propagée jusqu’à nos jours sans et parfois malgré celle que l’on nomme institution avec ses dogmes, son centralisme, ses luttes et abus de pouvoir, ses canons figés dans le marbre, son histoire trouble et les dégoûtants péchés attribués à certains de ses membres. Un jeune prêtre Ougandais rencontré il y a quelques années nous avait dit à quel point il ressentait, à l’image de ce qui se passait dans son pays, que le christianisme s’était développé dans le monde par la foi et l’exemple de ceux qui la vivaient plus que par la structure de l’institution. Comme une lame de fond soutenue par l’Esprit. Il ne condamnait pas cette institution dont il avait reçu sa fonction et à laquelle il appartenait mais souhaitait fortement qu’elle se réforme. Nous mêmes ne nous y sentons pas toujours à notre aise mais nous en restons membres puisqu’elle est faite d’êtres faillibles et pêcheurs comme nous. Nous espérons, nous croyons qu’elle va changer, qu’elle va guérir. Elle a déjà tant évolué, tant pris conscience. A nous de l’aider à faire le reste…

    « Dieu, Tu n’as que nous pour faire tout ça mais nous ne pouvons le faire sans Toi.

    C’est pourquoi, nous t’en supplions, entends notre prière. »

  13. Merci Jacques de nous citer précisément ce texte d’évangile et de ton offre de partage de la manière dont nous vivons ces évènements. J’ai lu ainsi, tous ces jours derniers dans les réponses, beaucoup de longues et belles choses, de suggestions aussi toujours intéressantes.

    Pour ma part je ne me sens pas en état de beaucoup développer ce que je pense et je ne serai pas très longue.

    Devant toutes ces nouvelles à peine croyables de ce jours derniers, je suis horrifiée mais surtout très triste d’arriver à mon âge pour voir l’état de mon Église dans laquelle, à certains moments de ma vie surtout, j’avais mis tellement d’espoirs, de la voir changer, rénovée, épurée, de la voir s’ouvrir à un vent frais, à une lumière nouvelle.

    Est-ce que j’ai l’intention de partir ? Sûrement pas (et cela indépendamment du temps qu’il me reste à vivre ) ! Pour deux raisons : la première est que, pour moi, ce n’est pas l’Église qui m’a amené à elle. Ce qui a toujours été premier, c’est Jésus que je n’ai cessé de découvrir à travers les Évangiles que pendant des années j’ai lus du début jusqu’à la fin, l’un après l’autre. Ils me sont devenus familiers et Jésus auquel j’ai voué une admiration sans limites est devenu pour moi un ami que je côtoyais à longueur de journée. Et bien sûr il y a eu des hauts et des bas. Mais j’ai toujours su que même si je m’éloigne, il demeure là, dans un coin de mon cœur et n’attend qu’un réveil de ma part. Je me retrouve bien dans cet Évangile: « Avez-vous l’intention de partir?

    Alors l’Église ? La deuxième raison la voici : Il y a tout juste 20 ans, je notais pour moi ceci : « J’en fais partie et je ne la renie pas. Je reconnais ses tares, ses erreurs : je les regrette, mais j’assume cela, comme on assume une famille loin d’être parfaite. Jésus a choisi, pour disciples des hommes qui avaient leurs défauts, leurs imperfections. »

    Aujourd’hui, la situation est bien pire, mais je dirais la même chose. Je ne renie pas ma famille, car je sais que pour elle aussi Jésus est là quelque part, blessé sans doute mais qu’il l’aidera si elle le veut.Et j’ose espérer que ce que j’ai entendu prononcé par un Évêque Dimanche dernier en est le premier petit signe.
    Hier en écrivant mes réactions, j’ai oublié un aspect

    Certains se demandent – et à juste titre : « mais pourquoi Dieu ne fait rien » Pour moi la réponse, c’est : « parce qu’il nous a donné notre liberté ». Réponse à première vue insatisfaisante.

    Pendant des jours, peut-être des mois, j’ai réfléchi à la question cette liberté que Dieu nous donne et qui est responsable de tant de maux ! C’est fondamental. Mais je crois que, si Dieu ne nous avait pas donné cette liberté lorsqu’il nous a créés, nous ne serions pas ce que nous sommes. C’est elle qui nous permet de vivre pleinement avec nos choix, nos espoirs et nos peines. C’est elle en fait, qui nous donne notre dignité d’humains. Et l’on sait bien que la plus grave atteinte qu’on peut faire à un homme, c’est de lui enlever sa dignité.

  14. Je reçois dans la douleur, toutes les dérives qui émergent de l’Église à laquelle j’appartiens et souhaites continuer avec elle malgré tout .

    Je suis reconnaissante à tous ceux qui malgré la honte qui saisit ses membres continuent à communiquer leur message d’espérance.

    Je dois beaucoup à cette Église imparfaite qui me révolte, me scandalise et moins grave me trouble (il m’arrive de plus en plus souvent de quitter une célébration tant elle me semble loin de ce qui fait le cœur de ma foi) je lui dois :
    – de m’avoir apporté le message de Jésus qui a donné sens à ma vie« Aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimés »
    – d’avoir formé mes parents
    – de m’avoir permis et appris à prier seule et avec d’autres chrétiens, donné accès à ses sacrements, particulièrement celui de la réconciliation, permis de participer à l’Eucharistie.
    – de m’avoir offert et m’offre des occasions d’approfondir avec d’autres mes raisons de croire, d’augmenter mes connaissances des textes, du vécu de l’évangile à travers le temps.

    Elle m’ a aussi donné la chance, à des moments clés de ma vie, de rencontrer des prêtres et des laïcs qui ont répondu directement ou indirectement à mes questions, ont accepté mes doutes, m’ont proposé des moyens pour m’aider à rejoindre l’essentiel, sans culpabilité, dans la confiance du Dieu aimant révélé par Jésus.

    Je prie et j’espère que l’Église va mettre toute en œuvre pour être présente au monde d’aujourd’hui en acceptant de l’écouter au lieu de l’ignorer ou de le condamner, en s’imprégnant de Jésus dans l’Évangile, en arrêtant son retour en arrière de peur de vider ses églises, en écoutant ses prêtres et ses laïcs engagés dans le monde et dans l’Église, en leur permettant d’agir ensemble. Rien n’est perdu, notre Dieu est toujours présent et notre Évangile prêt à être vécu.

    Colette 84 ans

  15. Je ne me comprends plus.

    Je me suis éloigné discrètement de l’Église. Ce que nous avons enduré dans et par la structure, ma découverte ahurie du fonctionnement d’un évêché lors d’interventions(il y a 30 ans!),…… ont contribué à ma prise de distance.

    Ma vie se déroulait tranquillement; le rite que j’avais conservé était un temps de méditation quotidienne nourrie par un texte de « Magnificat ».

    Puis les traumatismes subis par l’église m’ont interpellé; c’était signe que j’étais toujours dans l’Église. J’ai alors rejoint un groupe qui réfléchissait sur l’Église. Le livre de Dominique Collin sur lequel nous échangions m’a troublé, en fait, c’est surtout le titre : »Le christianisme n’existe pas encore ».

    Étonné, je constate alors en moi un besoin d’agir, mais pourquoi maintenant ? Est-ce à cause de l’opportunité que nous offre notre hiérarchie ?

    En effet, ébranlée par les chocs qu’elle subit, elle devient plus humble, moins enfermée dans ses certitudes, elle devient plus apte à percevoir notamment que la structure en paroisses dirigées par des prêtres est en perdition, comme un bateau qui sombre lentement, mais inexorablement. Elle devient plus ouverte aussi à la recherche et la création d’entités nouvelles pour la promotion de l’Évangile, adaptées à notre société sécularisée. Une aube nouvelle pointe à l’horizon.

    Mais… que s’est-il passé en moi ?

  16. Bonjour Jacques,
    voici en anonyme quelques mots de réponse spontanée à tes questions :
    Pourquoi restez-vous dans l’église ?
    Je suis triste et honteux devant les découvertes de ce qui se vit, se commet chez nous dans l’église.
    Le qualificatif « systémique » nous implique, nous avons été, nous sommes encore habitués pour les
    découvertes de la CIASE.
    Suffit-il d’en parler ? De reconnaître nos dettes ?
    Déjà, participons aux débats proposés.
    « Sous le regard de l’Esprit »selon la démarche synodale.
    Lieu du travail communautaire d’élaboration et d’action…
    Lequel prendra du temps, tout en profitant des compétences de tous, clercs et laïcs, soignants et psychologues.
    « Tout est lié ». L’expérience séculaire de l’église et son choix institutionnel de se mettre
    à l’écoute de la Parole, font d’elle une structure décisive pour avancer vers une conversion
    pleine d’espérance.

    Et enore un autre avis :

    Magré la tempête qui secoue l’église, je n’ai aucune envie de quitter le bateau.
    Je prie et j’espère que le Christ apaisera cette tempête, comme il l’a fait avec ses apôtres.
    Et sans doute bien d’autres fois.
    Pour moi les prêtres vivent une grande solitude affective.
    Il me semble qu’ils devraient être aidés en permanence dès leur prise de fonction, pour assumer ce choix du célibat.
    Mais est-ce bien raisonnable d’imposer ce célibat ?
    Comme chez tout humain, il est difficile de déceler pathologie et perversion.
    Par ailleurs la loi du silence (si fréquente dans l’entre soi ne fait qu’aggraver la situation).
    Pourquoi en orient y-a-t-il des prêtres mariés ?
    Est-ce que laisser le choix du célibat ou du mariage éviterait ces grandes souffrances ?

  17. Une chrétienne du Liban.

    La foi est une condition préalable

    Il ne fait aucun doute que chacune de ces vertus – la foi, l’espérance et l’amour – a une grande valeur. En fait, la Bible nous dit dans Hébreux 11: 6 que « … sans la foi, il est impossible de lui plaire, car celui qui s’approche de Dieu doit croire qu’il est et qu’il est la récompense de ceux qui trouvent à lui demander . » (NKJV) Ainsi, sans la foi, nous ne pourrions pas venir à la foi en Dieu ou marcher dans l’obéissance à Dieu.

    La valeur de l’espoir

    L’espoir nous fait avancer. Personne ne peut imaginer la vie sans espoir. L’espoir nous nourrit pour affronter des défis impossibles. L’espoir est l’attente que nous obtiendrons ce que nous voulons. L’espérance est un don spécial que Dieu nous donne par sa grâce pour combattre la monotonie quotidienne et les circonstances difficiles. L’espoir nous encourage à continuer à courir jusqu’à ce que nous atteignions la ligne d’arrivée.

    la grandeur de l’amour

    Nous ne pouvons pas vivre notre vie sans foi ni espérance : sans foi, nous ne pouvons pas connaître le Dieu d’amour. Sans espoir, nous ne persévérerons pas dans notre foi jusqu’à ce que nous le rencontrions face à face. Mais aussi importants que soient la foi et l’espérance, l’amour est encore plus important.

    Pourquoi l’amour est-il plus grand ?

    Parce que sans amour, la Bible enseigne qu’il ne peut y avoir de rédemption. Dans la Bible, nous apprenons que Dieu est amour.
    Une chrétienne du Liban.

  18. Tout d’abord Merci Jacques pour ces mails et prises de positions qui mettent des mots des ressentis sur cet ouragan qui nous meurtrit ,nous secoue nous fragilise.
    Pour ma part j ai l’impression d’être dans un lave linge en mode essorage .

    Il me faut reprendre mon souffle pour retrouver l’énergie vitale de ma foi .
    Mais je ne veux pas le faire sans les sacrements , sans la prière , les évangiles ni sans la présence de mes frères et sœurs dans l’église .

    Certe la conduite de tous les prédateurs me donne envie de vomir et me met en colère je sais ce que ressentent les victimes abusées dans l’enfance ,et pourtant dans le monde d’aujourd’hui nous avons tellement besoin les uns des autres de paix de sérénité .

    Est ce que l église va enfin aborder de façon saine et transparente la question de la sexualité des adultes laïcs et prêtres? .

    Le mal est à l’affût de nos moindres faiblesses pour nous faire chuter. Pour être plus fort ne restons pas seuls . C’est le Christ et son message d’espérance et d’amour dans les évangiles qui me soutiennent dans ma désespérance et ma joie .
    La tentation serait de reprendre comme si de rien n’était après la tempête . Mais non il faut reconstruire sur d’autres bases . Je pense que ça ne peut pas se faire sans des débats réguliers prêtres et laïcs sans langue bois dans le respect et la bienveillance . Quant aux prédateurs la justice doit s’en occuper .

    prions pour ceux qui ont donné leur vie pour une Église avec un E majuscule et qui doivent se sentir trahis comme nous .

    J ose croire à l’amitié et la fraternité a l’amour sans emprise sexuelle d’où qu’elle vienne . Devons nous parler et débattre dès l’enfance dans nos églises de l’emprise psychologique et sexuelle de prédateurs qui considèrent l’autre comme un objet de leurs désirs et non un Sujet à qui ont doit le respect quelque soit son âge .

    Pardon si j’ai été trop longue . Merci Jacques de nous donner l’occasion de nous exprimer sur le sujet .

    Elisabeth

  19. Devant la situation de notre Eglise aujourd’hui, je ne peux que me positionner clairement.
    > En ce qui me concerne j ai rencontré le Christ il y a des années. Mon chemin n en a pas été plus facile pour autant, mais aujourd’hui je me sens provoquée et invitée à la Confiance et à l Espérance.
    Ce qui me vient, c est Sa parole dans la tempête apaisée » De quoi avez-vous peur ? N avez-vous pas encore la foi? »
    C est aussi cette parole dans Isaie 43:
    « Quand tu traverseras les eaux, je serai avec toi, les fleuves ne te submergeront pas….
    Ne crains pas car je suis avec toi….
    Ne faites plus mémoire des évènements passés…. voici que je fais une chose nouvelle : elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ?
    > Oui, je vais faire passer un chemin dans le désert, des fleuves dans les lieux arides »…..
    > C est une invitation forte pour notre Eglise et pour chacun de nous dans la situation qu il vit, à la Foi, la Confiance et à l Espérance.
    Dans le quotidien de nos engagements, nous avons vécu et continuons à vivre de très belles rencontres qui attestent de Sa Présence. Nous sommes aussi souvent émerveillés par ce que vivent d’autres, laïcs ou prêtres dans la discrétion, et habités par Sa présence. Comme nous ils découvrent cette présence dans les personnes rencontrées.
     » Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas » Matthieu, 24-35

  20. Il y a l’institution dirigée par des hommes, avec leurs faiblesses, leurs péchés on pourrait dire….
    Moi je suis attaché au Christ, pour sa parole d’amour, de miséricorde.
    Les hommes sont de passage, Jésus est éternel.
    Tous ces abus font beaucoup de Mal à l’église, à son peuple.
    Nous avons à prier pour toutes les victimes et à espérer que l’institution prendra des mesures efficaces,et devra sans doute changer de fonctionnement.

  21. – Désespérance……oui, mais surtout vis à vis d’une église qui refuse de mettre en oeuvre les changements nécessaires….et continue de s’appliquer à conserver ses rites théatraux d’une autre époque sans distinguer le plus important: l’autre !

    – D’abord, lorsque l’on voit les nouveaux prêtres sortir des séminaires ….. il y a un vrai problème; la plupart sont complétement déconnectés de la réalité, de l’attente et l’approche des fidèles et des nécessaires changements. Que deviendront ils, quand dans quelques années, ils « atterriront » ? Qui sont donc leurs formateurs ?

    – Quand vous entendez lors de préparations de funérailles, les adultes vous dire:  » Je suis bien content que ce ne soit pas un prêtre  » ….. est ce normal ? Plutôt que de s’arcbouter sur des détails liturgiques, ne devraient ils pas entendre leurs interlocuteurs ? Ah tout est conforme, mais tout le monde s’écarte ! Dans quelques années, ils seront seuls mais tout sera carré !

    – Nombre de prêtres sont en difficultés et on les plonge dans une vie déshumanisante qui n’est plus tenable. S’il est néanmoins vrai que certains d’entre eux refusent encore l’intervention de laïcs, celai montre bien le décalage avec l’attente des fidèles. Heureusement, ce n’est pas la majorité, mais permettons leur de vivre en adéquation avec leur environnement et leur époque. En Afrique, une majorité de prêtres vivent maritalement: pourquoi ? Parce que, me disent des africains eux mêmes, on ne pourrait pas prendre au sérieux leurs recommandations sur la vie, dont ils ignoreraient !!! Quel pragmatisme !

    – Mais l’église, ce n’est pas que le clergé: nous sommes aussi l’église, d’où notre colère légitime face à la situation. Nous avons besoin l’un de l’autre et devons nous écouter et s’épauler, mais en vérité ! Quand dans un couple l’un n’est jamais écouté dans les faits, on sait comment cela se termine. On a déjà vu cela il y a 500 ans.

    – Aujourd’hui, l’église s’entoure des bien pensants, des érudits, de la classe moyenne ou haute, mais qu’en est il des autres ? Demandez aux laissés pour compte, la portée de nos sermons, dont ils ne comprennent rien, tant ils sont nébuleux ou truffés de mots loin de leur quotidien ? Ils se sentent ignorants, c’est de la proximité dont ils ont besoin, c’est du partage de vie dont ils ont besoin, c’est de mots clairs qui correspondent à leur vie qu’ils attendent ….. et là, ce ne sont pas que les prêtres qui sont attendus, mais nous tous, loin de notre petit confort référence ou de nos petits projets de vacances.

    – Pour autant, le message de l’Evangile est un puits d’humanisme qu’il faut absolument faire perdurer. Certains mots tels: coeur, autrui, message, compassion, heureux me rappellent, à eux seuls, l’énormité de notre devoir de transmission. Il est trop facile de dire,  » raz le bol, je m’en vais… » .Luttons pour changer ce qui doit l’être. C’est en Christ que nous devons nous référer et c’est avec lui que nous trouverons la force de nous adapter. Je ne peux pas supporter l’idée que le Christ pourrait être mort sur une croix pour rien !

    Une radio locale et nationale, se référant à la chrétienté (RCF) est vue par ses auditeurs (3 millions en France), comme une radio humaniste, chercheuse de sens, référente, dont 15% de ceux-ci sont d’une autre religion et 55% sont des chercheurs de sens…… preuve s’il en était besoin, que les outils existent et que c’est à chacun de s’y pencher et d’y contribuer. Peut être un pont entre deux situations ?
    Marc

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