« J’ai tout raté ! »

Tard dans la soirée, j’ai reposé le combiné du téléphone, avec, encore, dans l’oreille, la phrase désabusée de Bruno (par discrétion j’ai changé son prénom..) :  » Tu sais, j’ai vraiment l’impression d’avoir tout raté dans ma vie… »
On a parlé longtemps. En raccrochant, je pensais au personnage de Jean Baptiste dont on parle durant ces dimanches avant Noël…Un homme. Un Prophète comme on dit. Le cousin de Jésus. Un fougueux personnage qui a rencontré tant de gens au bord du Jourdain, en Palestine, dans les années 30 . Il est en prison. Victime de la lâcheté d’un puissant politicien, d’une femme en colère et d’une gamine capricieuse dansant dans le salon…
Seul dans la nuit, Jean Baptiste broie du noir. Déçu, fatigué, il a dans la bouche le goût amer de l’échec et de l’abandon après le « succès »… Tant de gens et Jésus lui-même, son cousin, pour qui il s’est donné tant de mal ,semblent l’avoir oublié…
Jésus a pris la parole : « Allez dire à Jean dans sa prison : regarde ces gens qui sont venus vers toi et qui ont repris goût à leur vie, ceux qui se sont soudain sentis bien dans leur peau, qui ont retrouvé le plaisir des petites choses et des petits bonheurs quotidiens ! Ces gens que tu as rendus fiers de ce qu’ils étaient capables de réaliser…
Jésus dit son admiration pour cet « homme de l’ombre » pour qu’il comprenne qu’il n’avait pas raté sa vie… Parce qu’on ne rate jamais sa vie ! Ce n’est pas vrai !

On rencontre des échecs, des déboires, des passages à vide, des doutes, des manques de confiance en soi, des sentiments de solitude et d’abandon, de la part des amis et même parfois de sa famille…
Mais les échecs, mon vieux Bruno, pas plus que pour Jean Baptiste, ne sont preuve ou signe que ta Vie a échoué !
D’accord ce que tu as réussi, personne ne le criera sur les toits. La gratitude n’est pas le trait dominant des êtres humains ! Souvent aussi, les gens ne savent pas bien comment dire les choses et témoigner leur reconnaissance…
Mais regarde ce que tu as donné, apporté. Sans le savoir vraiment d’ailleurs. Sans le crier sur les toits. Tu te souviens de celui à qui tu as redonné le sourire, par un simple mot qui a fait tellement chaud au cœur, le petit geste délicat, le bibelot que tu as fabriqué de tes mains pour faire plaisir. Simplement. Tes amours. Ton envie de donner le meilleur pour ceux et celles qui partagent ta vie. Même maladroitement. Tout cela n’apparaitra jamais au Journal de 20H..

Dans la « prison » de tes déceptions, de tes doutes, Bruno, écoute le même Jésus de Nazareth qui murmure aujourd’hui qu’il est drôlement fier de toi. Vraiment ! Ce n’est pas pour te passer de la pommade ! Même divine !!!
Alors redresse-toi mon vieux copain, tu n’as peut-être pas TOUT réussi dans ta vie, mais ça ne veut pas dire que ta vie a échoué ! Bien sûr on manque parfois la cible, mais on a toujours assez de flèches dans son carquois, pour recommencer à tendre son arc !!
Et crois-moi, Bruno, Jésus s’y connait : il a passé trois ans à redonner aux gens l’envie de croire que- même si les apparences sont trompeuses, il y a toujours des raisons d’être fier de soi !!!

A bientôt !

Texte : Jean Bosset d’après Matthieu 25, 31-46
Illustrations : Aude de Kerangué

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