LA REVANCHE ?
On pourrait le croire en lisant la Parabole du dimanche à venir… Un « méchant » qui ne fait rien pour le « pauvre Lazare mendiant à sa porte. « Ils meurent tous deux.. Le méchant est puni, il souffre. Le gentil malchanceux est récompensé, il est heureux…. En somme l’un en Enfer, l’autre au Paradis… La morale est sauve ! J’avoue que cette « lecture » bien pensante me met mal à l’aise. Ce n’est pas dans les habitudes de Jésus de condamner sans appel… Si vous pensez la même chose, regardons ensemble…
C’est vrai que le fameux « riche » de l’histoire n’est pas très chaleureux. Alors on l’enferme dans son personnage. Son plus grand reproche ? Il n’a pas « VU » Lazare. Son indifférence l’a enfermé dans ce bon vivant insensible. Le « pauvre » Lazare lui, par contre, a un nom. Il a subi l’indifférence et l’oubli. Sauf de la part des chiens… Lors de la rencontre après la mort, il est le seul à ne pas prendre la parole. L’habitude sans doute… Abraham lui devient l’avocat général : il annonce le verdict et la condamnation sans recours possible en apparence, comme un gamin mis à la porte de la classe et qui va pleurer dans le couloir… Non, ce n’est vraiment pas le message habituel de Jésus…
L’homme riche montré du doigt va se comporter soudain comme jamais il ne l’avait fait dan sa vie. D’abord il appelle Lazare par son prénom. Il avoue qu’il a besoin de lui. Les rôles sont inversés… Il se fait tout petit, il se reconnait coupable devant Abraham. Mais il pense A SES FRERES. Il se souvient. Il les aime sûrement… Il ne veut pas qu’ils fassent la même erreur que lui. Alors il ose s’asseoir à la porte comme Lazare et « mendie » la présence (impossible bien sûr) de Lazare auprès de ses frères… Quelque chose en lui n’était pas abîmé. Quelque chose en lui semble se réveiller. Il veut montrer qu’il n’est pas cette « caricature » méprisable qui paraissait insensible.. Il se montre soudain VULNERABLE…. Et si l’on regarde bien les nombreuses rencontres de Jésus dans les Evangiles, on doit reconnaître que c’est toujours la façon d’aborder, d’accueillir et permettre à chacun de repartir, de sortir de son personnage souvent « abîmé »… Curieux n’est-ce pas ? Par contre Abraham n’est pas gâté dans son attitude. Ca ne lui ressemble pas. Mais n’oublions pas que, dans l’histoire, il « représente » une Loi rigide décidant de qui est bon ou mauvais…
Oui c’est une PARABOLE.. Une histoire pour comprendre un Message. Une histoire invitant à réfléchir quand on est persuadé une fois pour toutes que quelqu’un est » gentil ou méchant », » Accepter qu’en tout être il peut y avoir une « FAILLE ». Sous l’écorce des mots, des attitudes répréhensibles c’est vrai, un « quelque chose » qui invite à ne jamais désespérer de quelqu’un… Les Visiteurs de Prisonniers en témoigneraient mieux que moi. Des parents qui refusent de tirer un trait sur leur amour pour le grand garçon, la grande fille qui ont commis l’irréparable, l’enseignant qui refuse de ne pas donner au gosse la chance de progresser, d’avoir enfin confiance en lui… Le « vieillard » appelé personne âgée, mourant de solitude dans sa Maison de Retraite.. On pourra dire : « c’est trop facile ! »… Pas si sûr que ça. Par contre c’est tellement plus rassurant de condamner, repousser, bannir sans laisser aucune chance… Nous faisons tous des erreurs : tout dépend comment on les gère ou comment on permet à l’autre de gérer les siennes… Nous sommes sans doute en même temps « le riche, le pauvre et Abraham »…. Non ? On arrive à vivre les uns à côté des autres. Il est plus compliqué de vivre ensemble….
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