Un festin à l’honneur de Jésus qui se termine par un complot contre Lui…. et le tout à cause de Lazare qu’il a ressuscité d’entre les morts.
La joie des convives se tourne en complot contre l’invité et celui qu’il a invité.
Cette cène me rappelle l’anniversaire d’Hérode lorsque la jeune fille danse et plaît à ce dernier et la fête se termine avec la tête de Jean Baptiste sur un plat !
Ici, c’est Marie qui entre en scène et comme à l’habitude, elle est aux pieds de Jésus, mais cette fois avec ce parfum très pur et de grande qualité, très cher pour être versé sur les pieds pensait Judas.
Qu’est ce qui t’a pris , ô Marie pour poser ce geste rare ?
C’est quoi ce parfum qui a embaumé le lieu ?
Ce n’est pas l’odeur des mets préparés par Marthe pour la joie des invités, mais le parfum versé par Marie, en geste de pur perte que nous sentons quand nous pénétrons dans cette salle…
Marie ne dit rien, comme d’habitude, elle est là, attentive, devant le Maître, elle qui buvait ses paroles, elle pose ici un geste de folie aux yeux des hommes, un geste de pure perte, qui ne sert à rien sinon à signifier jusqu’où peut aller l’amour…
Elle verse le parfum, elle verse son cœur, son amour, son argent, son temps, sa réputation… un geste hors du temps dont la signification reste hors de la portée des gens attablés.

Marie nous introduit dans cette grande semaine sainte…
Elle verse le parfum très cher très pur, et Jésus versera son sang précieux, en signe d’amour, en geste de folie de la croix, le vendredi saint.
Devant ce geste de Marie, l’Évangéliste suppose que Judas avait parlé non pas par souci des pauvres, mais parce qu’ il était voleur…. peut être.
Or Jésus en regardant cette femme, il était comme hors du temps et parlait déjà de son ensevelissement, il n’est pas entré dans la pensée de l’Évangéliste, ni dans son interprétation ou son jugement..
Le sens des gestes est ailleurs à qui sait les interpréter…
Puissions- nous apprendre la folie de Marie.
Puissions-nous chercher le sens ailleurs et non dans ce que nous supposons, bien au-delà de ce que nous voyons.
Osons-nous rester sur le seuil et enlever les sandales sur cette terre sainte de la folie de l’amour.
Bonne semaine sainte.
Un commentaire
1. l’âme offerte
Le parfum précieux, souvent identifié comme du nard pur, est l’image de l’âme humaine dans ce qu’elle a de plus intime et précieux. En le versant aux pieds du Christ, Marie-Madeleine symbolise l’offrande totale de soi : non seulement ses biens, mais sa vie intérieure, ses blessures, son amour, sa foi. Le parfum, une fois répandu, embaume toute la pièce — comme l’âme unie à Dieu diffuse une lumière subtile dans le monde.
2. Les pieds du Christ : l’incarnation du divin
Dans la mystique chrétienne, les pieds du Christ représentent le point de contact entre le ciel et la terre. C’est la partie la plus basse de Dieu incarné, mais aussi la plus proche de l’humain. Les toucher, les parfumer, les essuyer de ses cheveux, c’est entrer en communion profonde avec le mystère de l’Incarnation : le divin rendu accessible, tangible.
3. Les cheveux : la gloire humaine soumise à l’Amour
Dans la Bible, les cheveux d’une femme sont souvent associés à sa beauté, sa dignité, voire sa puissance personnelle. En essuyant les pieds de Jésus avec ses cheveux, Marie-Madeleine renverse toute hiérarchie : elle place ce qu’elle a de plus glorieux au service de l’Amour absolu. C’est l’image mystique de l’union nuptiale entre l’âme et le Christ.
4. L’onction mystique : un mariage spirituel
Certaines traditions mystiques, notamment dans la lignée de sainte Thérèse d’Avila ou de saint Jean de la Croix, lisent ce geste comme une union amoureuse entre l’âme et le Christ. Marie-Madeleine est parfois vue comme “l’Épouse”, l’âme mystique qui reconnaît l’Époux divin et l’honore par un geste de tendresse sacrée, d’adoration silencieuse.
5. Le silence du geste : la prière intérieure
Ce moment est pur silence, aucun mot n’est dit par Marie. Ce silence est celui de la contemplation : l’âme absorbée dans la présence divine, sans besoin de parole, car tout est dit par l’offrande, par le parfum, par le geste.