Quand le centre devient l’origine…
« Jésus se rendit dans son lieu d’origine » … Quel est ce lieu d’origine ? Nazareth, comme l’affirme le nom de Jésus de Nazareth, ou Bethléem, le lieu de naissance désigné par les évangiles de Luc et de Matthieu ? Et si l’essentiel était de retenir que Jésus revient là où s’enracine ce qu’il est. Non un lieu géographique, bien que son humanité comme la nôtre en ait besoin, non une famille humaine comme nous en avons tous, mais ce lieu où prend corps son identité de Fils de Dieu, née de l’amour même du Père pour l’humanité ? Un des essentiels à côté duquel ses interlocuteurs vont passer ! Ils pensent le connaître, mais comment peuvent-ils ? L’origine qu’ils connaissent n’est pas celle qui le fait prendre la parole, enseigner ou faire des miracles ! Sommes-nous uniquement le résultat de nos origines géographiques, culturelles et familiales ? Est-ce vraiment primordial que de s’attarder sur la formation professionnelle de Jésus, les membres de sa fratrie ou d’autres aspects biographiques qui semblent intéresser tant ceux qui se sont rassemblés pour l’écouter et qui cependant ne se tiennent pas sur la même terre, dans ce même « centre » que lui ? Ils se sentent comme violentés par ce décalage. Ils sont choqués. Mais Jésus, lui, ne parait point surpris !
« Un prophète n’est méprisé que dans son pays et dans sa propre maison », la non-réceptivité des autres, produit en lui aucun étonnement. Cela le renvoie à la réalité du prophète, car, comme le prophète, il parle à partir de sa propre expérience, il sait l’origine de sa manière d’être, de son être et il sait qu’il est, sur ce point, comme étranger pour eux. Notre identité, quelle est-elle véritablement ? Celle de nos origines extérieures, repérables, qui s’imposent aux regards, éventuellement sur un acte administratif à la mairie de notre lieu géographique de naissance, ou bien celle d’une promesse de vie qui nous appelle, depuis toujours ? L’une laisse des traces comme immuables qui risquent de s’imposer à nous et de nous y enfermer. De plus, cette origine est partagée avec d’autres et par là est saturée de sens. L’autre, intérieure, secrète, nous ouvre, en revanche, sur un appel à demeurer ouvert et unique, en genèse…
« À cause de leur manque de foi » La foi en qui, la foi en quoi ? La foi n’est-elle pas aussi la grâce de se percevoir unique dans le cœur de Dieu et donc différent, de ne pas se limiter à ses origines repérables, quantifiables, mais de faire confiance à ce qui surgit en nous ? Croire à cela, à ce possible en nous comme en l’autre, n’est-ce pas ce qui nous aide à nous ouvrir à l’autre, à le rencontrer, à le croire, à avoir foi en sa parole ? Alors, entrer dans la dynamique de la foi, c’est accepter d’être d’une autre terre, d’une autre origine, ne plus faire uniquement à partir de ce qui a été reçu, mais à partir d’une promesse transformante à laquelle nous consentons. Que Dieu fasse grandir notre foi, en toutes ses dimensions ! Ne vivons jamais en étranger à cette partie de nous-mêmes, terre sacrée qui nous parvient comme en un murmure… aimée de Dieu, chacune unique, nous pouvons être cette personne porteuse de sa Parole, une de celle où sa sagesse immense peut se manifester, tout simplement, où nous pouvons puiser vie pour nous et pour les autres.
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