Au dire des foules, qui suis-je ? Et vous, que dites-vous ?
Cette question adressée aux disciples nous interpelle nous aussi, qui sommes lecteurs de l’Evangile. L’identité de Jésus ne s’apprend pas dans le catéchisme ou les dogmes, car Jésus a visage d’homme. Et, le visage de l’autre m’affecte non pas à l’indicatif, mais à l’impératif. A son injonction, je ne peux que répondre : « me voici ». Le visage de l’autre me conduit à parler de moi, car il ne cesse de me supplier. C’est seulement à partir d’autrui que je me découvre dans ma responsabilité et ma vulnérabilité ». La rencontre du visage de Jésus, l’Homme véritable, n’est-elle pas ce lieu originaire d’où je reçois de lui mon propre visage ? N’est-ce pas dans la contemplation du visage de Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, que j’accède à mon humanité, créée à l’image et à la ressemblance de Dieu ?
Comment dire qui est Jésus, lui qui échappe à toutes nos catégories ? Pour Le dire, Jésus nous annonce que nous n’avons pas d’autre chemin que d’entrer dans son expérience, celle de sa mort et sa résurrection qu’il annonce aux disciples.
C’est là seulement, au creux de l’expérience du dénuement devant la puissance et la force, au cœur de l’expérience de l’amour qui refuse d’opposer violence aux violents, au bout de l’expérience de l’amour qui se donne sans limite jusque dans la mort … C’est là que nous recevons les mots pour dire qui est Jésus.
[1] Emmanuel Lévinas dans Bruno Chenu « la Trace d’un visage », Centurion, Paris 1992.
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