C’est trop facile !
Dans ce passage, le Seigneur est à la fin de son discours sur la montagne et semble vouloir faire à ses disciples une dernière recommandation déterminante. Et voilà que je pourrais bien me retrouver dans la catégorie de ceux qui dans ces récit d’Evangiles louent la clarté de Jésus. Ici, ne pourrait-il pas s’agir des mêmes circonstances ? Jésus est toujours dans l’articulation et la mise en cohérence entre notre foi et nos actes, aussi lorsqu’il annonce que ceux qui lui disent : « Seigneur, Seigneur ! » n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais seulement celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. (Mat. 7 : 21) cela apparait comme une évidence. Voilà que Jésus ne parle pas de manière voilée, nous avons compris que l’important c’est donc de faire ce qui est juste, de partager son pain avec celui qui a faim, d’abriter le pauvre sans abri, de visiter le malade… enseignement important et cependant qui a quelque chose de trop évident ! La preuve en est qu’après cette leçon simple et efficace, Jésus, comme souvent, brouille les pistes, et semble dire l’inverse dans le verset suivant. Il continue, face à ceux qui sont surpris de se retrouver hors du Royaume de Dieu, hors de la vie et met ces objections dans leurs bouches : Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé en ton nom ? n’avons-nous pas chassé des démons par ton nom ? n’avons-nous pas fait beaucoup de miracles en ton nom ? Et à Jésus de leur faire cette réponse : « Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité » !
Comment comprendre cela ?
À première vue, qu’est-ce qui pourrait être plus « faire la volonté de Dieu » que faire des miracles en guérissant des gens, et en plus le faire « au nom du Seigneur » ! et de prophétiser en son nom, de chasser des démons par son nom ! N’est-ce pas une bonne chose, avec en plus une reconnaissance des droits d’auteur ? Et bien non. Jésus qualifie ces actes d’injustes, de contraire à la loi de Dieu, il dit que ces personnes et ces actes lui sont étrangers ! Que ces beaux actes bien moraux sont donc en quelque sorte néfastes, puisque dans le cas contraire Dieu s’en réjouirait.
Quelle remise en cause ! Quelle énigme. Mais c’est volontairement que Jésus bouleverse la logique simpliste de ses auditeurs, c’est pour les amener plus loin. Plus loin que l’habituel moralisme de base qui nous semble tellement remarquable, ce « politiquement correct », si consensuel dans la société, dans la famille ou dans l’église à laquelle nous appartenons.
Mais Jésus ne nous abandonne pas à ce choc, il poursuit, il complète ces paroles tout à fait étranges avec la célèbre parabole de la maison sur le roc ou sur le sable. Parabole qui articule foi et action, parabole qui met l’individu au centre, l’individu et son Dieu.

Avec la construction d’une simple maison, qui évoque la vie humaine. Jésus invite ceux qui l’écoutent, et nous nous sentons invités avec eux, à bâtir notre maison sur le roc, ce château inébranlable qu’est sa Parole. Les paroles de Jésus depuis les béatitudes jusqu’à cette exhortation finale (Mt 5—7) constitue un bagage solide, un programme parfait pour une vie totalement accordée à la volonté de Dieu. Celui qui met en pratique ces paroles (lesquelles ?) est très certainement un homme avisé qui bâtit sa vie sur le roc, c’est-à-dire chemine avec le Seigneur, confiant dans le fait que Dieu agira toujours en sa faveur.
Cet appel de Jésus à bâtir notre maison sur le roc nous faisant entendre que toute vie menée loin de la Parole de Dieu est vaine et sans avenir suivi de cet énoncé : « Celui qui entend les paroles que je dis là et les met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a construit sa maison sur le roc » (Mt 7, 24) parait clair et sans ambiguïté ! Eh bien non, encore trop sage de la part de Jésus dont la sagesse qui vient de Dieu est folie pour les hommes (cf. 1 Co 1, 22-25) ! Il semblerait que le génie de ce que propose le Christ soit encore bien moins évident que cela et plus complexe.
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