UNE HISTOIRE UN PEU…

UNE HISTOIRE UN PEU TROUBLANTE…

En résumé: le gérant d’un propriétaire est :mis la porte et se retrouve sans travail accusé d’avoir « détourné » les biens de son patron… Le gérant invente une astuce pour ne pas se retrouver « sur la paille », pour que les autres créanciers ne remboursent à son ex-patron que… la moitié de leur dette. Le plus étonnant, c’est que le propriétaire dit son admiration pour la ruse de son ancien employé. Pourquoi Jésus a t-il utilisé une d’une telle « parabole », une telle histoire pour appuyer son message ? J’aimerais vous partager ce que j’ai découvert à propos de ce qui se passait dans le monde juif des années 30… ça peut aider…

Oui, pour comprendre le sens de cette histoire il faut savoir qu’à l’époque, le Droit Romain prévoyait que tout Gérant avait le DROIT de prélever une commission, un bonus, sur les sommes qu’il récoltait auprès des créanciers d’un grand propriétaire…. De ce fait : ce n’est pas l’argent de son patron qu’il détourne et redistribue aux autres, mais sa propre réserve d’argent. Il renonce en quelque sorte à son « bonus » pour ne pas perdre ses « anciens clients » et s’en faire des « amis » sur qui il pourra compter pour se tirer de ce mauvais pas… C’est tordu mais efficace. On comprend l’étonnement et l’admiration de l’ancien patron qui ne perd rien dans l’affaire… L’intendant « s’est fait des amis avec le malhonnête argent » dira Jésus..

On comprend évidemment que Jésus n’encourage pas la fraude. Il connait la valeur de l’argent et la peine à le gagner.. Il a vu dans son enfance à Nazareth, Marie et Joseph compter les sous de la maison ou de l’atelier.. Certes la famille de Jésus ne faisait pas partie des plus pauvres de la Société. On dirait aujourd’hui qu’elle était de la « classe moyenne »… Un certain confort donc. Mais Jésus veut mettre en garde contre le côté « malhonnête » que peut provoquer l’abondance de bien, l’argent. Jésus ne vise pas les « riches » (ils ont réussi ou ont fait un bel héritage peut-être ?) mais les « nantis » : ceux qui ne voient plus dans l’argent que la rage d’amasser et conduit à fausser et détruire les relations humaines. L’argent, les biens ne sont pas des ennemis dans la vie.. Qui oserait reprocher à des parents de tout faire pour qu’il y ait le nécessaire sur la table de midi ? Qui oserait reprocher au voisin de vouloir sa maison belle, accueillante ? Qui pourrait avoir à redire quand des parents redonnent un petit souffle à leur vie de couple, leur vie en famille pendant quelques jours de vacances ? L’argent est nécessaire pour ça ! L’argent n’est pas un ennemi. Il peut même être un allié précieux . Mais il peut devenir aussi un « poison » dit Jésus. C’est lui cet argent « malhonnête » dont parle l’Evangile ! Quand il devient une passion qui dévore, referme sur soi, rend aveugle à tout ce qui fait qu’on se sent bien quand on réussit à ouvrir la main pour que l’autre y prenne, sans honte, ce qui lui donnerait la chance d’être simplement heureux… Cet argent que Jésus dit « malhonnête » car il rend un cœur imperméable à la petite joie de donner sans reprendre, comme ça, pour le plaisir, pour aider à réaliser des projets, à permettre de sortir des impasses… Jésus n’a pas l’intention de choquer ses auditeurs.. Il veut seulement suggérer que : riche ou pauvre, tous deux peuvent devenir des nantis quand l’argent transforme quelqu’un en coffre-fort, en cœur inaccessible… Il n’y a pas de « consignes » particulières dans l’Evangile des Chrétiens. Mais depuis 20 siècles, il est seulement un petit « livre », une petite lampe faite pour éclairer discrètement cette « chose » qu’on appelle la CONSCIENCE de ceux qui veulent bien entendre et écouter…

Texte : Jean Bosset
                                      Illustrations : Aude Bellanger

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