S’ouvrir à la présence miséricordieuse de Dieu

Avec Laurent de la Résurrection 3/3

  • S’ouvrir à la présence miséricordieuse de Dieu

S’ouvrir à la miséricorde de Dieu et le laisser agir, ce n’est pas ne rien faire mais travailler autrement : « Depuis  ce temps-là, je travaille devant Dieu simplement en foi, avec humilité et avec amour, et je m’applique soigneusement à ne rien  faire, à ne rien dire et à ne rien penser qui lui puisse déplaire… je ne m’occupe qu’à me tenir toujours en sa sainte présence, en laquelle je me tiens par une simple attention et un regard général et amoureux en Dieu » (Lettre 2 à un conseiller spirituel). Notre agitation intérieure et extérieure nous fait passer à côté d’un grand trésor : avant d’aimer, nous sommes aimés. Recueillir cette amour, cette présence de Dieu est le cœur de l’expérience de Frère Laurent de la Résurrection. Il a mis en pratique dans tous les aspects de sa vie quotidienne ce que St Jean de la Croix dit au livre de la Vive Flamme d’Amour (3,33) : « Toutes les fois donc que l’âme se sent introduite dans l’obscur et simple repos de la contemplation, celle-ci ne doit plus s’attacher à des méditations ni chercher à s’appuyer sur des goûts et des saveurs sensibles ; Elle doit rester privée de tout appui, l’esprit dégagé des sens… afin de voir ce qui lui sera dit… ». Si l’attention est de l’ordre de l’effort humain, ce qui est reçu au cœur de cette attention est de l’ordre de la miséricorde de Dieu. Il s’agit d’être attentif au don de Dieu.

Pour comprendre cela, nous pouvons prendre l’image de la source dans le sable. Les mains creusent le sable jusqu’à former une petite cuvette, ce faisant elles dégagent la source ensablée. Et l’eau sourdre des profondeurs et remplit la petite cuvette permettant de boire.

« Cette présence de Dieu, un peu pénible dans les commencements, pratiquée avec fidélité, opère secrètement en l’âme des effets merveilleux, y attire en abondance les grâces du Seigneur et la conduit insensiblement à ce simple regard, à cette vue amoureuse de Dieu présent partout, qui est la plus sainte, la plus solide, la plus facile et la plus efficace manière d’oraison. » (Maximes spirituelles 31). Répondre à l’appel du Seigneur pour faire de sa vie une flamme toujours éveillée en sa présence est, selon frère Laurent, à la portée de tous. S’il invite à s’y engager avec détermination, sans se décourager de ses manquements, revenant sans cesse à cette adoration intérieure jusqu’à ce qu’elle devienne une habitude, Frère Laurent conseille à une dame d’y cheminer avec souplesse : « Accoutumez-vous donc peu à peu, à l’adorer de la sorte, à lui offrir votre cœur de temps en temps pendant la journée parmi vos ouvrages, à tout moment si vous le pouvez ; ne vous contraignez pas par des règles ou des dévotions particulières… » (Lettre 9). Si Dieu est miséricordieux envers nous, il s’agit de l’être également pour soi-même.

« Puisque vous n’ignorez pas que Dieu est présent devant vous pendant vos actions, qu’il est au fond et au centre de votre âme, pourquoi donc ne pas cesser au moins de temps en temps vos occupations extérieures et même vos prières vocales, pour l’adorer intérieurement, le louer, lui demander, lui offrir votre cœur et le remercier ?… » (Maximes spirituelles 9).

« Dieu a des trésors infinis à nous donner lorsqu’il trouve une âme pénétrée d’une foi vive, il lui verse des grâces en abondance. C’est un torrent arrêté par force contre son cours ordinaire qui ayant trouvé une issue, se répand avec impétuosité et avec abondance. » (Lettre 1, à une religieuse).

La découverte et l’attention à l’amour miséricordieux de Dieu a conduit frère Laurent à se confier, à se livrer totalement à Dieu « … qu’il fasse de moi ce qu’il lui plaira, je ne veux que lui et veux être tout à lui… » (Lettre 2 à un conseiller spirituel).