Retraite 13 juillet 2023 Après-midi
Un cœur qui écoute
La pauvreté du cœur nous conduit à l’écoute du cœur. Et l’écoute nous conduit aussi à la pauvreté.
Is 55, 1-3 : « O vous tous qui êtes assoiffés, venez vers les eaux, même celui qui n’a pas d’argent, venez ! demandez du grain et mangez (…) Ecoutez donc, écoutez-moi et mangez ce qui est bon (…) Tendez l’oreille et venez vers moi. Ecoutez et vous vivrez ! »
Venez : invitation à un festin pour manger et boire. Manger la Parole et la boire : on peut boire les paroles de quelqu’un. On peut boire la Parole. Une invitation généreuse qui dit le cœur de Dieu, la gratuité de son amour ; Il connait notre soif existentielle ; il sait notre désir de bonheur, d’une vie en plénitude ; une invitation généreuse ; une invitation pressante ; un appel vibrant : écoutez, écoutez donc ! écoutez-moi et mangez ce qui est bon.
Le mot « écouter » vient 4 fois. Et la répétition n’est jamais une chose anodine ; ce n’est pas une inattention. Elle laisse transparaitre quelque chose de l’émotion qui habite le cœur de Dieu en lançant cet appel. Il est ému, bouleversé. Pourquoi ? le texte le dit : écoutez et vous vivrez ! il souligne le lien existentiel entre l’écoute et la vie : un appel à l’écouter lui l’auteur de toute vie ; la vie de son peuple dépend de l’écoute ; le peuple qu’il aime et à qui il veut indiquer le chemin de vie.
Ecoutez : une réalité fondamentale, existentielle.
Jérémie 11, 4 : « Le jour où je les ai fait sortir du pays d’Égypte, du creuset de fer, en disant : Écoutez ma voix, et faites tout ce que je vous prescrirai ; Alors vous serez mon peuple ; Et je serai votre Dieu ».
Dieu connait le cœur humain dans ses profondeurs, ses lumières et ses ombres. Il sait combien notre cœur peut être partagé, endurci, égaré. C’est pourquoi Dieu multiplie ses appels, ses avertissements qui jalonnent toutes les Ecritures : « Vois, je mets aujourd’hui devant toi la vie et le bien, la mort et le mal » (Dt 30, 15).
« Si vous n’écoutez pas, Je pleurerai en secret, à cause de votre orgueil ; Mes yeux fondront en larmes, Parce que le troupeau de l’Eternel sera emmené captif » (Jr 13, 17).
Il y a deux passages chez Jérémie sur les larmes de Dieu (Jr 14).
Dieu pleure ; il est atteint. Il exprime la souffrance de Dieu blessé dans son amour pour son peuple tourné de lui, qui s’écarte du chemin de la vie.
Des larmes qu’on retrouve sur le visage de Jésus qui pleure sur Jérusalem (tu n’as pas connu le temps là où tu fus visitée). Quel mystère de la souffrance de Dieu devant l’inattention et le choix que fait son peuple qui n’écoute pas et qui s’écarte de lui.
Ecouter Dieu, c’est écouter l’Autre qui nous écoute en premier ici et maintenant. Son écoute précède toujours la nôtre. Dieu toujours nous écoute, nous regarde comme un Père dans toute sa tendresse. Il veut entrer en relation avec nous et cheminer avec nous : nous soutenir et nous mettre sur le chemin de la vie.
Ps 33 : « Un pauvre a crié : Dieu l’écoute et le sauve ».
Dieu a les yeux sur les justes… ils crient, Dieu entend.
Dieu écoute et il nous appelle à l’écouter.
Ecouter : c’est le 1er commandement ; ce qui a demandé du peuple à la sortie d’Egypte.
« Ecoute, Israël ! Le Seigneur, notre Dieu, le Seigneur est un. Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force » (Dt 6, 4-5).
Ce que chaque juif répète chaque matin. Ce commandement est repris par Jésus en réponse aux scribes. « Voici le premier : Ecoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, est l’unique Seigneur et tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force. Voici le deuxième : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ceux-là » (Mc 12, 29-31).
Sur la montagne de la Transfiguration, la voix du Père va dire ; écoutez-le : celui-ci est mon Fils Bien-Aimé… le Père tourne notre regard vers Jésus, image visible de Dieu invisible. La voix devient un visage. Ecoute et regarde !
Comment et où Dieu nous parle-t-Il ?
Il nous a parlées dans les Ecritures, les deux testaments. Il nous parle en son Fils, la Parole faite chair. Des paroles de la Bible ont résonné en nous d’une façon particulière : elles nous ont marquées, façonnées… et reviennent pendant les moments clés de notre vie : des paroles fondatrices.
Dieu nous parle aussi dans le silence, dans la beauté de la création, dans la destruction, dans les évènements, les bouleversements du monde en profonde mutation, les souffrances que traversent tant de mondes, il nous parle à travers les autres différents.
Le 1er organe formé dans l’embryon est l’oreille. L’embryon entend avant de voir.
Quelques mots de l’écoute du Fils, le serviteur : de qui pourrions-nous apprendre à écouter sinon de Jésus ? sur la montagne, la voix du Père disait : écoutez-le.
Contemplons la relation de Jésus avec le Père en lui demandant un cœur qui écoute.
Seul JC nous apprend ce qu’est une vie de prière. Le Christ a vécu une relation d’intimité avec le Père comme personne n’a vécu. Il se retirait pour prier. Il revenait le cœur brûlant de cet Amour plus grand.
JC peut nous mener, pas à pas dans ce chemin.
Importance de la Lectio Divina et de l’Oraison (Règle de Vie, chapitre 4).
C’est une discipline à entretenir. Nous savons quel combat peut mener la prière surtout en des moments de sécheresse.
Son seul désir, sa joie, c’est d’accomplir la volonté du Père.
Ma nourriture, dit Jésus, est de faire la volonté du Père et d’accomplir son amour.
C’est du Père qu’il se reçoit.
Il est nourri par l’écoute dans son être même du Fils. Il a connu une communion vers laquelle il veut nous attirer.
Tout dans sa vie est reçu du Père. Il ne peut rien faire de lui-même ; rien ne lui appartient : ni son heure, ni sa mission, ni ses miracles… « C’est pour eux que je prie. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés, parce qu’ils sont à toi ; et tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi » (Jn 17, 9-10).
Jésus ne fait qu’accomplir l’œuvre que le Père lui a confiée.
Le Père est avec moi dit-il ; même dans les heures de la Passion, dans sa descente aux enfers…
Jésus est véritablement l’image visible de Dieu invisible.
Dans le rêve de Salomon (1R 3, 5-14) : « Dieu se montre à Salomon pendant la nuit, dans un rêve. Il lui dit : Demande-moi ce que tu veux, je te le donnerai (…) Salomon répond : Je suis ton serviteur, donne-moi donc un cœur intelligent pour gouverner ton peuple et distinguer le bien du mal. Sans cela, qui est capable de gouverner un peuple si important ? » Cette demande de Salomon plaît au Seigneur. Dieu répond au roi : « Tu n’as pas demandé pour toi une longue vie. Tu n’as pas demandé la richesse, ni la mort de tes ennemis. Mais tu as seulement demandé de savoir bien juger, pour gouverner avec justice. Puisque tu as demandé cela, je vais te donner ce que tu as demandé : un cœur sage et intelligent. Avant toi, personne n’a été aussi sage et intelligent. Et après toi, personne ne le sera autant que toi ».
Un cœur écoutant (littéralement) qui met en pratique la Parole.
Demandons ce cœur qui écoute et disposons à le recevoir : « Il éveille, chaque matin, il éveille mon oreille, Pour que j’écoute comme écoutent des disciples » (Is 50, 4).
La Parole est au cœur de notre vie comme sacrement de la Parole // sacrement de l’Eucharistie : nourriture essentielle sur le chemin ; elle nous ouvre à une autre Béatitude : Heureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu.
C’est à nous de la ruminer, de la manger.
Manger, boire la Parole, la laisser descendre dans notre cœur… la Parole accomplit ce qu’elle nous dit. A la suite du Christ, nous avons à naître et à renaître chaque jour.
Rm 8, 19 : « En effet, la création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu ».
Lente et patiente transformation ; transfiguration de ce que nous sommes déjà en profondeur, des êtres de communion à l’image et à la ressemblance du Christ.
L’écoute dans nos relations.
L’écoute est au centre de notre relation avec l’Autre et les autres.
Nous faisons partie de la famille de Jésus : ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la Parole…
Ecouter est un besoin fondamental : être écouter et écouter/ aimer et être aimé.
Ecouter : offrir l’hospitalité à un Autre, à tout autre !
Qui est l’autre pour moi ? ce sont les sœurs que nous rencontrons tous les jours avec lesquelles nous vivons, avec ceux que nous accueillons…
Notre écoute mutuelle : qui est l’autre ? Se poser la question avant de poser la question : comment écouter ?
L’autre est un don et un mystère devant lequel je ne peux que m’incliner.
L’autre, ma sœur, est un mystère et porteuse du Christ.
L’autre est autre : quelqu’un de différent de moi, qui n’a pas la même façon de penser, de prier… différent de ce que j’ai imaginé.
Accueillir l’autre dans son mystère et sa différence.
Un don : écouter et offrir l’hospitalité. Est-ce que je peux l’accueillir comme un don que je n’ai pas choisi, que Dieu m’a donné ? est-ce que je peux m’accueillir comme un don ?
Parfois, je m’arrête à ce que je vois. Est-ce que je peux porter sur l’autre un regard de foi qui va au-delà des apparences ? il s’agit de rentrer dans le regard de Dieu sur les autres.
Cf. lavement des pieds. Un agenouillement, symbole du don de lui-même ; symbole d’hospitalité (être accueilli dans la vie qu’Il partage avec le Père).
Si les différences constituent une richesse, elles constituent un défi. Ça peut être une source de tension. Prendre le temps de s’écouter ; apprendre à nous comprendre même dans le silence, dans le balbutiement de l’autre, dans les paroles…
Pape François : sortir pour visiter le monde de l’autre… pas par curiosité… mais pour recevoir de l’autre ce que Dieu a déposé en lui pour nous.
Ecouter : être là par tout notre être ; par l’accueil et le respect de ce que chacune EST.
A chacune de faire silence en soi, de se disposer à écouter sachant que le Seigneur se tient là au sein de nos rencontrer.
S’écouter pour être un seul cœur qui écoute et recevoir un don de communion qui nous dispose à discerner et accueillir ce que Dieu a préparé pour nous.
Qu’espère-t-il de nous ? qu’attend-il de nous aujourd’hui ?
Qu’est-ce qu’Il veut nous dire à travers les autres ?
C’est dans la rencontre entre nous, même en silence, que l’Esprit Saint veut nous parler ; c’est le lieu du souffle.
C’est à nous d’être attentives au souffle de l’Esprit dans l’autre.
Il nous fait confiance ; Il espère en nous ; Il est suspendu à notre réponse, à l’œuvre qui veut accomplir en nous.
« Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles ; tu ne demandais ni holocauste ni victime, alors j’ai dit : « Voici, je viens » (Ps 39, 7-8).
Ecouter : une réalité fondamentale et difficile dans le monde aujourd’hui.
Partout le besoin d’écouter et d’être écouté augmente : soif de ressourcement.
Serions-nous des pauvres qui cherchent à écouter l’Autre et les autres et avancer ensemble à la suite de Celui qui nous dit : écoutez et vous vivrez ! un défi pour aujourd’hui !
RETRAITE
12 juillet 2023
Introduction
13 juillet
matin : Un cœur pauvre (de pauvre)
Après midi : Un cœur qui écoute