Devenir du « bon pain »

Dès les premiers mots de l’Evangile, Jean pose un verdict étonnant : « il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu » (Jn1, 11). Le quatrième Evangile nous présente un Jésus venu pour donner la vie. Pourtant la Vie qu’était Jésus, et qui s’exprimait avec les mots et les images de son temps, n’a pas été reconnue. Aux noces de Cana (Jn 2), la nuit avec Nicodème (Jn 3), dans sa rencontre avec la Samaritaine (Jn 4), lors de la guérison du paralytique (Jn 5), Jésus nous place devant des choix : accepter que sa présence apporte la joie, accepter de renaître, de ne plus avoir soif, de croire ou ne pas croire, de partir ou de rester … et aujourd’hui, de recevoir ou de refuser de se nourrir de Celui qui donne sa vie pour nous.
Tout au long de son évangile, Jean nous présente un Jésus venu donner la vie. Mais ce Jésus, donneur de vie, n’a pas été reconnu par les siens. Pouvons-nous accepter que le salut universel, et d’abord le nôtre, puisse provenir du don de soi d’un homme ?

Nous résistons à recevoir notre vie d’un Dieu qui montre toute sa fragilité et qui accepte de « disparaître » au-dedans de nous pour devenir chemin de vie. Pourtant, quand nous contemplons le don de Jésus sur la Croix, qui affleure dans cette chair qui se donne à manger et dans ce sang qui se donne à boire, le mouvement-même du don de soi de Jésus s’imprime en nos vies. Et nous comprenons, dans notre propre chair, que pour recevoir la vie, il faut qu’à notre tour, nos vies deviennent du « bon pain » donné en nourriture pour nos frères et sœurs en humanité.
Car, le pain-chair-et-sang du Christ devient communion quand nous entrons nous-même dans le mouvement de dessaisissement de notre volonté propre pour entrer dans celle du Père qui est tout-Amour, tout-Pardon, Tout-miséricorde.