A l’ombre de tes ailes
Dans ce passage de l’Evangile de Luc que l’on retrouve à l’identique chez Matthieu 23,37-39, Jésus évoque sa mort à Jérusalem, ville qui tue les prophètes. Il est question de trois jours, de faire route vers Jérusalem, chasser les démons, guérir et le troisième jour être au but. Le langage de Jésus face à ses adversaires n’est plus voilé puisqu’il s’agit bien d’y mourir. Face à ces pharisiens qui tentent de s’approcher de lui, Jésus choisit de leur parler clairement. Il cite les trois jours : le but sera la mort du prophète à Jérusalem. Est-ce vraiment le but ? Jésus, en les voyant venir vers lui, comprend que la mort aussi s’approche de lui. Il est pensable que ces hommes disant à Jésus de fuir le renard Hérode le font avec le désir lui venir en aide avec le respect dû au Maître.
Ces hommes fins connaisseurs des Ecritures auraient pu se laisser interpeller par le troisième jour cité par Jésus. Ne fait-il pas ici écho à la parole du prophète Osée, qui invite le peuple à revenir au Seigneur ?
« Venez, revenons au Seigneur. Il a déchiré, il nous guérira, il a frappé, il bandera nos plaies, après deux jours il bandera nos plaies ; après deux jours, il nous rendra la vie, le troisième jour il nous relèvera, et nous vivrons en sa présence. » Os 6,1-3
Face à Jérusalem interpellée à deux reprises avec une grande émotion, Jésus utilise alors une métaphore celle de la poule et des poussins. Jésus nous surprend en se comparant à la poule protégeant ses petits. Il s’y trouve un accent presque maternel. Humour et humilité vont bien ensemble. Si Jésus humblement se compare à la poule protectrice, il n’hésite pas à comparer l’altière Jérusalem à un poussin ! Et il est bien connu qu’il ne fait pas bon à la poule de rester au voisinage du renard.
Si Jésus parle ainsi de lui-même, nous gardons en mémoire l’évocation majestueuse de l’aigle qui étend ses ailes pour protéger ses petits. « Comme l’aigle qui protège sa couvée, qui désire ses petits et les accueille en étendant ses ailes. » Dt 32,11 Et nous savons combien l’image de la colombe depuis Noé jusqu’à celle du baptême au Jourdain évoque la présence de l’Esprit, celui qui plane sur les eaux de la Genèse. Gn 1,2
Le moine Philémon de Gaza au VIe siècle évoque dans son commentaire de l’Evangile selon st Matthieu « un autre miracle extraordinaire de l’Esprit saint. Il rassemble une autre couvée, un nouveau peuple sous les ailes du Crucifié. Sur le Golgotha, un homme a entendu la prière du crucifié, il a perçu l’amour de Jésus : Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » Lc 23,42
Allons avec Marie, Jean, le larron, Marie de Magdala, le centurion nous mettre à l’ombre de la Croix et chanter le psaume : « Seigneur, garde-moi comme la prunelle de l’œil, à l’ombre de tes ailes, protège-moi. » Ps 17,8
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