Matthieu 12, 14-21

Est-ce parce que Jésus se pose en principe interprétatif de la loi, qu’il permet de la lire et de la comprendre, et qu’il montre le sens fondamental de la miséricorde que les pharisiens tiennent conseil et décident de le faire périr ?
À vrai dire, ne peut-on les comprendre un peu ? Quelle révolution en effet pour ceux qui passent leur vie à accueillir la Loi et la tradition, à saisir les interprétations que leurs pères ont données ! Mais ce qui est plus difficile à saisir, c’est la violence qu’engendre la nouveauté proposée par Celui qui à son tour interprète et donne sens. Le déplacement semble trop grand. Comprendre la loi comme miséricorde, la dépasser, voire la transgresser, est un réel danger pour la lecture pharisienne de la loi.
La menace est aussi pour Jésus qui s’éloigne et donne une consigne de silence. Mesure de sécurité ? Peut-être, mais aussi prise de distance pour entrer dans une perspective tout autre. L’évangéliste ne s’y trompe pas qui cite le passage d’Isaïe qui identifie Jésus comme le serviteur de Dieu, celui qui accomplit les attentes prophétiques. Il est à la fois celui qui annonce le jugement, et en même temps, il est discret, silencieux, gardant vivace l’espérance même la plus minime. Il redéfinit la notion de jugement, et propose une nouvelle compréhension de la révélation.

Ce qui se donne à voir et à entendre avec Jésus demande à être vu et entendu avec les yeux de la foi. Le Messie guérit véritablement, il apporte le droit et la justice, mais sans l’imposer par la force. C’est la discrétion du Serviteur qui permet l’accueil de la révélation.

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