Bienheureuse tristesse …
Matthieu souligne combien Jean et Jésus sont liés par leur activité et leur message. Mais on peut se tromper et être dans la confusion sur l’identité particulière de l’un et de l’autre.
Outre le récit de la mort de Jean le baptiste, il nous montre, dans ce passage, combien la culpabilité est à l’œuvre au cœur de l’homme qui croit que tous et toutes pointent vers les actions mauvaises et mortifères qu’il a opérées. Rien à voir avec le repentir.
Hérode entend parler de Jésus ; ce qu’il comprend passe par le filtre des reproches qu’il ne manque pas de se faire à lui-même. Ceux-ci semblent aussi puissants, bien que différents, sans nul doute, que ceux que lui avait adressés Jean. Il lui avait rappelé la loi qui l’empêchait de vivre comme il l’entendait et fait reproche de son adultère. La peur avait retardé son projet meurtrier, et c’est une autre personne qui va le porter et le réaliser. Triste et funeste solidarité dans le mal. Jean a été décapité.
Suppression du problème ? Non. Le roi n’en a pas fini avec Jean-Baptiste qui vient hanter sa conscience en la personne de Jésus : même mort, il parle encore. Voici donc un monarque mis à nu, victime de son mal-être comme de la manipulation de sa femme. Il est prisonnier de l’homme divisé qu’il est : Jean touchait le vrai en lui, son aspiration native au bon et au bien, mais en même temps dénonçait sa duplicité, ses connivences avec le mal, le non-respect des relations justes. Il est pris dans les rets de l’homme au cœur endurci.
Quel chemin suivre ? Peut-il, peut-on avancer, reculer ? Comment rompre cette spirale, comment en sortir ?
Peut-être d’abord en cédant à la tristesse (v.9) qui envahit le cœur, le cœur de l’homme pécheur qui laisserait un jour libre cours à des larmes, à l’ébauche d’un regret. Bienheureuse tristesse ! Elle conduira, si elle est accueillie en vérité et humilité, vers Celui qui n’offre que le salut.