La plus belle tenue en cette vie, c’est une tenue enfantine
Ces versets viennent après ce que Jésus répond aux pharisiens qui l’ont interrogé à propos de la répudiation ; en réalité, c’est un piège qu’ils lui ont tendu. Ce que rétorque le maître semble irréalisable, même pour les disciples. Si Moïse a permis cela, c’est par concession à la dureté des cœurs, accommodement à la tendance native des hommes à l’infidélité. Mais il n’en était pas ainsi au commencement. La réalisation sonne comme une contrainte insurmontable.
La suite du récit nous dit que seuls ceux à qui cela est donné sont rendus capables d’accueillir de telles paroles. Comprendre, relève, non d’un savoir, mais d’une révélation. Et Jésus poursuit en parlant avec insistance (5 fois en un verset !) d’eunuques, de personnes atteintes dans leur intégrité, incomplètes, de « pauvres », tout simplement. Qui rêve de cela ? Qui a la force d’accueillir une telle réalité qui met en marge ?
Étonnante, étrange suite immédiate du texte qui parle des enfants qu’on apporte à Jésus pour qu’il les touche, qu’il les mette sous sa protection, sous sa bénédiction et sa prière. Les disciples voudraient les écarter, puisqu’ils sont comptés pour rien, tout comme bien d’autres ! « Laissez passer les enfants » ! « Ne leur interdisez pas de venir à moi. » À bon entendeur, salut… Oui, Salut !
« Je crois que l’enfance est inguérissable. Je pense que c’est une blessure en chacun, quelle que soit son histoire. Elle est inguérissable et c’est bienheureux qu’on ne puisse pas refermer cette plaie. Parce que c’est de là que sourd toute lumière, toute grâce. La plus belle tenue qu’on peut avoir en cette vie, c’est une tenue enfantine […], comme un ensommeillement qui recouvre quelque chose de difficile et qui prépare une floraison. Est-ce que ce n’est pas le sens de toute vie ? » (Cf. C. Bobin)
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