« Se voyant entouré de foules nombreuses, Jésus donna l’ordre de s’en aller
sur l’autre rive » (Mt 8,18), comme pour prendre du recul. Car Jésus
rencontre de la résistance de la part des disciples (v19-22), de la part de
la création (v23-27) et, ici, de la part des démons.
Jésus ne leur a rien dit ; il ne vient même pas les rencontrer : c’est eux
qui viennent à lui. Il paraît que la meilleure défense est l’attaque. Aussi
ils anticipent le temps : « Es-tu venu ici pour nous tourmenter avant le
temps ? » (v29). Ils suggèrent eux-mêmes l’action (l’expulsion) et sa
direction (le troupeau de porcs v31). La projection (imaginer les
intentions d’autrui) est un système de défense courant, mais
contreproductif ; leur intervention a des conséquences pour la région (v32).
Comme les démons, la foule interprète la présence de Jésus comme
malveillante et elle lui ferme la porte de leur ville (v34), de leur cœur.
A proprement parler, Jésus n’agit pas, il n’oppose aucune résistance : il
laisse passer (v32) et se retire (Mt 9,1). Respectant infiniment notre
liberté, Dieu n’entre pas chez nous par effraction.
« La porte par où pénétrent dans l’âme les grâces de choix… c’est
l’oraison. Une fois cette porte close, je ne sais comment Il (Dieu)
pourrait nous les accorder. En vain voudrait-il entrer dans une âme pour
prendre ses délices avec elle et les lui faire trouver en Lui, les avenues
lui sont fermées » (Ste Thérèse de Jésus, Vie 8,9).
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