Les disciples de Jean qui jeûnent souhaitent peut-être imposer leur manière de penser et de faire à ceux qui suivent Jésus. Désirent-ils se rassurer ou s’interrogent-ils sur les raisons qui les poussent à agir de la sorte ?
Nous aimons nous tranquilliser en pensant que ce que faisons est avalisé par le plus grand nombre. Une homogénéité, voire une quasi-unanimité, parait ratifier la norme que nous avons adoptée. Mais la majorité a-t-elle toujours raison ? Ne pressentons-nous pas que cette manière d’adhérer et de pratiquer n’est pas profondément satisfaisante ? Souvent, elle ne tient pas compte des réelles et parfois secrètes motivations de cette entente commune.
Voilà qu’ici, comme ailleurs, Jésus invite encore à nous interroger : pourquoi agir ainsi ? Notre liberté est interpellée et remise en question dans « l’aujourd’hui » des rencontres, de La rencontre et des circonstances de la vie. C’est en conscience qu’il faut se situer. Et Jésus indique l’horizon de nos interrogations, leur sens, leur orientation : Un jour, celui qui a épousé en tout notre condition humaine, lui Jésus, sera enlevé. Ou plutôt, nous ne percevrons plus sa présence au cœur de notre quotidien en détresse, blessé par la violence et l’apparente absence de celui qui cheminait à nos côtés. Alors, pour redevenir sensibles à sa vie parmi nous, pour nous percevoir disciples et pécheurs en cours de pardon, de conversion, « nous apprendrons à demeurer à côté de nos ruines, à nous asseoir à côté de nos déchets, sans amertume, sans nous le reprocher, sans non plus accuser Dieu. Nous oserons nous appuyer sur ces murs en ruine, plein d’espérance et d’abandon, avec la fidélité de l’enfant qui rêve que son père arrangera tout. » Alors oui, nous jeûnerons en passant sans cesse par le mystère du péché et de la grâce. (cf. E. Saraco, La grâce dans la faiblesse) Et notre jeûne dira notre désir et notre attente de Lui.
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