Mc 10, 17-27

Pauvre homme riche !
Il a déjà tout, ce jeune-homme riche, il a tout fait, tout suivi, tout respecté…  Il a tout, sauf l’essentiel. Il ne lui manque qu’une seule chose, la folie de l’amour : « une seule chose te manque… » (v.21).
Il a tellement tout qu’il n’a même pas besoin de Jésus : « Maître, tout cela, je l’ai observé depuis ma jeunesse » (v.20). En lui, il n’y a pas la moindre faille, ni la moindre brèche offerte à la miséricorde de Dieu ; celle-ci glisse sur lui, comme l’eau glisse sur une surface en plastique.

Capture d’écran, le jeune-homme riche vu par Pier Paolo Pasolini, L’évangile selon saint Matthieu, 1964.

Même le regard de Jésus glisse sur lui. Il n’attrape même pas ce regard d’amour pour lui ouvrir sa maison, ses mains, son cœur, faire un petit pas vers lui : « Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima » (v.21). Rien n’est ébranlé en lui, rien ne bouge.

Il est tellement riche de lui-même, de son auto-suffisance et auto-satisfaction qu’il en est dénué de Dieu, aveuglé au point de ne pas voir le trésor que lui offre Jésus : « alors tu auras un trésor au ciel » (v.21). Il reste sur place, paralysé comme une momie ou une statue de sel, préoccupé de ses trésors sur la terre à emmurer et à défendre des voleurs et des mites et des vers qui les dévorent. Anesthésié, il ne sent ni l’appel au large, ni le vent de l’aventure, ni l’appel à ouvrir son cœur au Maître des richesses éternelles et des trésors du ciel.
C’est ainsi que ne lâchant rien, centré sur lui-même, il se retrouve tout pauvre et seul quand Jésus s’en va. « Il devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens » (v.22).
Dans la logique du Royaume de Dieu, aucun bonheur n’est promis aux riches… nul ne peut être riche aux yeux de Dieu s’il se choisit l’argent comme idole. Il y a une incompatibilité structurelle entre les richesses du monde et la richesse du Royaume de Dieu. Mais il est toujours temps pour une mise à jour, une re-programmation, une reconfiguration à Dieu, au Royaume, à la Croix que nous portons dans notre nom. Au seuil de ce Carême, cet évangile et la tristesse de ce pauvre jeune-homme riche sonne en nous comme un appel à choisir notre vrai bien et nous détacher de tout ce qui entrave notre relation au Christ et à Dieu.
« Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous. […] Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation ! » (Lc 6,20.24).

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