À l’école de sainte Thérèse

À l’école de sainte Thérèse : choisir d’aimer dans nos obscurités

Les temps obscurs :

  • Aimer. Comment continuer d’aimer, de croire et d’espérer dans nos obscurités. Ou en deux mots : comment continuer de vivre ? Comment pouvons-nous rester debout et vivant, même quand tous les repères s’écroulent autour de nous ?
  • Nos obscurités. Ce sont les évènements intérieurs et extérieurs, les angoisses de l’âme et du cœur, jusqu’au péché qui rendent nos existences lourdes et pesantes, qui les paralysent, qui nous déboussolent, qui nous mettent face à notre impuissance. Nous vivons tous et mondialement des temps d’obscurité, en premier lieu, la pandémie qui nous a tous mis en arrêt, ce qui n’est pas sans conséquence politiques, sociales, économiques… et spirituelles. Les restrictions et les protections nous coupent des relations, des visages, des sourires, tout simplement de présence. Tout cela teinte nos vies de grisaille et de noir, la vie devient triste et difficile. Ce replis sur soi, cette tristesse pour les uns ou cette colère pour les autres cachent notre peur de ne plus rien maîtriser, et finalement nous renvoie à notre impuissance.
  • Les obscurités de Thérèse ne sont ni vaines et ni moindres ! [Les deuils successifs, sa terrible maladie de scrupule, son émotivité, sa compassion pour ses sœurs qui la fait souffrir plus qu’elles pour elles, sa souffrance physique au Carmel due au froid, la politique de son temps et la montée de l’anticléricalisme, les trahisons (Leo Taxil/Diana Vaughan), les petits désagréments de la vie communautaire, sa jeunesse liée au risque de n’être pas toujours prise au sérieux (à côté de ses grandes sœurs), sa maladie, sa nuit de la foi]. Elle connait le prix des jours obscurs. Et il nous faut écouter avec sérieux et profondeur celle qui écrit au terme de sa vie : « J’ai trouvé le bonheur et la joie sur la terre, mais uniquement dans la souffrance, car j’ai beaucoup souffert ici-bas ; il faudra le faire savoir aux âmes… » (Carnet Jaune 731 parole 13). 
    Pourtant… et c’est ce pourtant qui change tout… Elle décide d’aimer et de faire aimer Dieu, tout d’abord pour lui faire plaisir. Et dans un renversement révolutionnaire elle va s’offrir à l’Amour miséricordieux (c’est son Acte d’offrande, le 9 juin 1895), non pour souffrir mais pour AIMER. Elle comprend alors, quelques mois plus tard, que Jésus n’a pas besoin de ses œuvres mais seulement de son amour. Seul l’amour de Dieu sera l’Agent de sa vie.

    Oraison du 1er octobre 2020-10-01 © CSJ Caen
  • Comment ce chemin d’amour peut-il éclairer ou tout du moins donner des balises pour nos propres traversées ?

L’impuissance en question :

Bienheureuses obscurités ! C’est justement la petitesse et l’impuissance qui ont été pour sainte Thérèse le levier de l’amour. Son impuissance assimilée pour elle à n’être qu’une « petite balle » dans la main de Jésus, « un petit grain de sable » foulé aux pieds, ou encore « un petit néant », là où elle ne peut plus rien, elle se réfugie, défaite et vaincue dans un Amour qui sublime toute sa condition. À plusieurs étapes ou épreuves de sa vie, elle se jette littéralement dans les bras de la Vierge Marie, dans les bras de Jésus, dans les bras de Dieu, en pariant tout sur l’amour divin. Elle se laisse envahir par lui, transformer par lui. Brûlée par la charité, elle est ainsi rendue capable d’aimer à son tour, car c’est Dieu qui aime en elle. Puisque de son abîme jaillit la miséricorde, elle assume d’être l’enfant bénie du Père, et ainsi, elle accède à la Source de l’Amour. Chez Thérèse, on ne pourra jamais séparer sa petitesse et la grandeur de Dieu : « Il me semble que l’Amour me pénètre et m’environne, il me semble qu’à chaque instant cet Amour miséricordieux me renouvelle, purifie mon âme… Oh ! qu’elle est douce la voie de l’Amour !… » (Ms A).

L’amour, le chemin par excellence :

La charité est le chemin par excellence ! « L’amour supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout » nous dit saint Paul (1Co 13,7), et Thérèse a longuement médité cette épître.

  • Thérèse « supporte » et « endure » sa petite condition, les étroitesses de sa vie conventuelle, ses épreuves et ses souffrances, se sachant habitée et conduite par l’amour de Dieu et que celui-ci circule en elle, convertit et fait des miracles. Là est sa force.
  • Thérèse fait confiance, Thérèse « veut » croire dans son épreuve de nuit de la foi où la présence de Dieu se fait désert, épreuve, solitude et souffrance… que c’est Lui qui fait tout et peut tout. Telle est sa foi.
  • Thérèse continue d’espérer et de rêver le « beau Ciel ». L’espérance c’est pour Thérèse un regard ouvert sur l’avenir, sur « l’éternel aujourd’hui » que rien n’est jamais perdu pour Dieu.

Aimer, rien que pour aujourd’hui :

En parodiant une de ses poésies  : sa vie n’est qu’un instant, qu’une heure passagère, sa vie lui échappe, son avenir est sombre et agité, mais elle met toute sa force d’amour dans son aujourd’hui (la force d’aimer Dieu, d’aimer ses Sœurs, et d’accomplir par amour tous les petits gestes de sa vie quotidienne, même dans l’acte le plus banal de ramasser une épingle tombée par terre avec le plus grand amour). Son événement d’amour est quotidien. Elle n’a et nous n’avons rien, rien d’autre, que notre aujourd’hui (notre présent et notre quotidien) pour aimer !

Un commentaire

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.