Chapitre-2023 jour 3ap

14 juillet 2023, après-midi

L’audace de la foi

Deux textes comme ouverture :
Is 42, 16 : « Je conduirai les aveugles sur un chemin qui leur est inconnu ; je les mènerai par des sentiers qu’ils ignorent. Je changerai, pour eux, les ténèbres en lumière ; les lieux accidentés, je les aplanirai. Telles sont les paroles que j’accomplis, je n’y renonce pas ».

Texte de Philoxène de Mabboug : « La Sagesse était avec ton Créateur dans ses premières œuvres (Pr 8,22). Mais dans la deuxième création la foi était avec lui ; dans ce second enfantement il a pris la foi pour auxiliaire. La foi accompagne Dieu en toutes choses, et il ne fait rien de nouveau aujourd’hui sans elle. Il pouvait te renouveler, et d’ancien, te faire nouveau, et cependant il ne te change pas et ne te renouvelle pas avant d’avoir reçu de toi la foi en gage ».

Notre audace dans la foi prend sa source dans celle de Dieu qui attend notre Oui qui espère et prépare dans notre cœur. Lui, le premier vit l’audace de la foi ; notre audace à nous, c’est d’entrer dans la sienne. C’est l’alliance accomplit avec nous.
C’est la folle confiance de Dieu en nous comme le témoigne le texte de l’Annonciation.
Il nous fait confiance, il est comme suspendu dans une attente à notre confiance à nous. Il ne peut rien faire sans nous.
Nous sommes portées par le souffle de Dieu vers une humanité réconciliée et vers toute la création.
Le vide ou l’espace entre deux réalités est le lieu du souffle.
Que ton souffle de bonté me conduise dans une terre unie. C’est un psaume de la Passion. Il y a plusieurs fois la question de souffle dans ce psaume pour exprimer la détresse du psalmiste. Le souffle en moi s’éteint ; le souffle en moi s’épouvante ; viens réponds moi je suis au bout de souffle… (cf. Ps 143).
C’est Toi mon Dieu ! que ton souffle de bonté me conduit dans une terre unie (v. 10) un verset lumineux qui transforme le fond du psaume.
Que ton souffle de bonté nous conduise vers une terre unie.
Invoquez ce souffle sur notre Congrégation pour nous laisser inspirer dans nos décisions, nos réflexions… nous laisser conduire par Jésus en qui respirait l’Esprit. C’est de Lui qu’on doit apprendre ce qu’est la vie en esprit : sa vie avec les disciples, sa rencontre avec les gens… se retirer à l’écart pour entrer dans une relation intime avec le Père.
Le souffle vient renouveler la terre, notre terre intérieure. Il habite en nous, il est présent au milieu de nous, il agit et prépare le terrain mais ne s’impose pas, il s’efface pour laisser la place à notre liberté. Faire de notre vie une Epiclèse.

« Que ton souffle » :
Plusieurs images représentent l’Esprit. Cette image du souffle évoque une légèreté, une fraicheur, comme une brise légère qui vient caresser le visage, quelque chose de discret, il demeure invisible, pas de visage, il se reconnait à ses fruits. C’est un souffle de bonté : beau, bon, agréable, réussi, bonheur… autant de nuances qui disent une plénitude de vie (cf. récit de la Genèse : et Dieu vit que cela était bon, voire très bon).
Frère Roger parlait souvent de la bonté du cœur comme un don irremplaçable, de cette bonté qui est plus profonde que le mal profond (Paul Ricœur). Cette bonté est le reflet de la bonté du cœur de Dieu.

« Nous conduise » :
Nous sommes portées par ce souffle ; il faut apprendre à lâcher les rennes, à perdre certaines maitrises ; le souffle veut nous mettre au large et nous faire avancer vers le large.
Appel à nous laisser entrainer par le souffle de l’Esprit et pas par d’autres courants qui nous poussent vite et nous mènent à la dérive.

« Une terre unie » :
Unité en nous et entre nous / orientation universelle. Tout est accompli, tout est donné mais en germe. C’est à nous de rentrer dans le don de Dieu et nous laisser le souffle entrainer.
Devenir attentives à l’humble présence de cette petite colombe, humble présence de Dieu qui remplit tout et se cache dans ses dons. Il est Dieu à l’œuvre dans la réalité d’aujourd’hui. Il travaille à l’achèvement de sa création. Il est le précurseur de l’achèvement. Il tend toujours et partout à un renouvellement, un dépassement ; il est là pour indiquer la route. Il tend vers l’avenir.
Nous laisser conduire par la force et la douceur de l’Esprit et oser le chemin de l’avenir.

La confiance de la foi : ce n’est pas un optimisme naturel. Elle n’est pas non plus naïve, ou ignorance de la réalité. Elle est confiance en Celui qui a vaincu la mort, Celui qui nous a envoyé son souffle et qui travaille notre terre.
La foi, la confiance en Dieu est une réalité fragile, très fragile.
Frère Roger : la foi est tout et presque rien. Elle est tout, le fondement de notre vie. Elle nous assure d’une présence mais ne nous mets pas à l’abri des épreuves, des doutes, de l’inconnu, d’un chemin qui semble ne nous mener nulle part où nous coûter très cher.
Elle nous remet en chemin quand le découragement risque de nous faire baisser les bras ou la peur nous paralyser.
La foi nous pousse à oser commencer, d’un commencement en commencement. C’est un élan de confiance porté par la confiance de Dieu lui-même pour nous.
Jean situe le don de l’Esprit au soir même de Pâque faisant des disciples des envoyés et des témoins de réconciliation. Un lent et long processus est engagé ; un processus qui commence en nous, ce micro cosmos que nous sommes et la création toute entière attend la révélation de Dieu.

La vocation, l’appel de Dieu dans notre vie, n’est pas toujours un regard en avant ? l’audace implique un certain courage. Elle dit un risque qu’on prend. Elle nous arrache à nos sécurités pour oser l’aventure de la foi, avancer sur des chemins inconnus. Il n’y a pas de lourdeur dans l’expression « audace de la foi » mais un élan, une confiance.
Mais notre Oui nous engage. Notre vocation nous appelle à un inlassable déplacement en nous arrachant à ce que nous connaissons très bien.
Nous faisons l’expérience de notre pauvreté et notre impuissance devant tant d’évènements et de fragilités dans notre communauté.

La foi nous engage à de nouveaux horizons, à inventer de nouvelles réponses, de nouveaux défis… Elle nous pousse à demander le regard de la foi dans un monde en enfantement, dans un monde qui ne voit que le négatif.
Veiller à ne pas nous enfermer dans une vision pessimiste du présent et de l’avenir.
Recevoir le regard de la foi qui discerne les petits signes, les petites initiatives qui se font, la présence des témoins d’une écologie intégrale.
On ne peut pas parler de confiance quand on a tout pour faire face à une situation. On en parle quand nous sommes affrontées à un manque, quand on ne peut pas compter sur nos compétences, quand nous expérimentons nos faiblesses… nous sommes obligées de compter sur un Autre et sur les autres.

Oser… verbe qui implique de bouger, à l’intérieur de soi, oser faire des pas, quitter la terre ferme, se mettre en route vers l’inconnu, accepter de cheminer sans hésitation et s’orienter toujours, ne pas faire des plans… oser le chemin de l’avenir comme Dieu le voit.
Sommes-nous prêtes à laisser le souffle de Dieu nous bousculer dans notre manière de faire ?
Nous ouvrir à l’accueil de notre interdépendance, des différences…
Comment je vis l’entre nous en communauté ? Est-ce que je le vis dans la joie, dans la peur, la méfiance… ? c’est un appel de Dieu à la conversion, à une ouverture à l’Esprit qui nous bouscule et nous mène vers ce que Dieu attend de nous ; accueillir l’autre comme un don et ce que Dieu a déposé comme don en elle pour nous.
Devenir ensemble un simple signe de réconciliation, être témoins d’unité au sein de la diversité.
L’avenir est dans cet « inter », lieu privilégié de l’Esprit, là où il restaure les liens, rend vie aux ossements desséchés, ouvre des chemins de communion.
Ex 25, 22 : « C’est là que je te laisserai me rencontrer ; je parlerai avec toi d’au-dessus du propitiatoire entre les deux kéroubim situés sur l’arche du Témoignage ; là, je te donnerai mes ordres pour les fils d’Israël ».
C’est entre les deux ! c’est l’équivalent du souffle de l’Esprit qui parle entre nous si nous sommes à l’écoute ; être attentives à ce qui se passe entre les deux ; cherchant à discerner le souffle pour ouvrir des brèches, surtout dans les murs qui nous séparent.
C’est dans l’accueil de notre condition humaine belle et fragile que Jésus a embrassé les chemins de notre humanisation et divinisation. Nous sommes toutes riches de quelque chose et pauvres d’autres choses.
Redécouvrir que tout est don ; un appel à vivre un échange de don à tous les niveaux ; cultiver la reconnaissance, la gratitude : qu’avons-nous que nous n’ayons pas reçu et après partager ?
Dieu nous demande tout mais il nous donne tout.
C’est à nous de tenir près de la Source et laisser le Souffle élargir la tente de notre cœur ; il s’agit d’un élargissement de cœur.
Frère Roger : Si la confiance de cœur était au commencement de tout.
Is 43, 1-2 : « Ainsi parle le Seigneur, lui qui t’a créé, Jacob, et t’a façonné, Israël : Ne crains pas, car je t’ai racheté, je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi.
Quand tu traverseras les eaux, je serai avec toi, les fleuves ne te submergeront pas. Quand tu marcheras au milieu du feu, tu ne te brûleras pas, la flamme ne te consumera pas ».
« Vous êtes mes témoins – oracle du Seigneur –, vous êtes mon serviteur, celui que j’ai choisi pour que vous sachiez, que vous croyiez en moi et compreniez que moi, Je suis. Avant moi aucun dieu n’a été façonné, et après moi il n’y en aura pas » (Is 43, 10).

14 juillet
matin : Un cœur réconcilié, unifié, pacifié

13 juillet
matin : Un cœur pauvre (de pauvre) 
Après midi : Un cœur qui écoute

12 juillet 2023
Introduction