Nos différences se rencontrent et dialoguent …

Nous habitons le Liban depuis trois ans. Pierre est pasteur de l’Eglise protestante française de Beyrouth, je travaille au Collège protestant français. Nous sommes détachés de l’Union des églises évangéliques libres de France.

A Cannes, dans notre précédente paroisse, nous participions aux actions d’une association inter religieuse « Vivre ensemble à Cannes ». Nous avons ainsi développé des relations d’amitié avec le prêtre, le prieur de l’abbaye de Lérins, le recteur de la Mosquée et leur communautés respectives, apprenant à nous réjouir de ce qui nous unissait et travaillant à la paix sociale.

En nous expatriant au Liban, Terre du vivre ensemble, nous espérions approfondir cette expérience.

C’est en allant visiter nos amis, Asuncion et Manuel Calvo en retraite chez les carmélites du Carmel st Joseph de Mechref, que nous avons rencontré la communauté. Leur accueil chaleureux nous a donné envie de mieux les connaître. Habitude fût prise de nous rencontrer régulièrement. Nous avons médité la Parole ensemble dans un cycle de Lectio divina et participé à plusieurs offices. Chaque fois nous nous sentons accueillis, nos différences se rencontrent et dialoguent avec respect. Nous nous recentrons sur notre foi commune. Notre amitié s’est approfondie, nous nous sentons chez nous au Carmel. Très touchés d’être invités aux vœux perpétuels de Sœur Josette nous nous sommes sentis particulièrement émus au moment de de son engagement.

La rencontre œcuménique présuppose un certain rapport à soi. Il faut être à la fois suffisamment en paix avec ce que l’on croit, ce que l’on est, ses attaches culturelles, ecclésiales et théologiques et suffisamment insatisfait de ce que tout cela signifie et nous apporte. Cette tension entre identité et fragilité, conviction et interrogation, contemplation et recherche, ouvre de belles perspectives de rencontres et déplacements personnels. Le Carmel Saint-Joseph de Mechref est un « haut lieux » de la rencontre interreligieuse au Liban. En période de ramadan, nous y avons célébré un iftar en présence de dignitaires druzes, sunnites, chiites, orthodoxes et maronites, précédé d’une table ronde autour de laquelle chacun était invité à répondre à cette question : « Comment combattons-nous la violence au sein de nos traditions religieuses ? » La première violence ne consiste-t-elle pas à dénier à l’autre la possibilité d’exister devant Dieu dans son identité propre et sa différence ? C’est ce que nous apprenons auprès de sœur Maryam An Nour et de la communauté de Mechref. Notre rencontre avec Adyan (« les religions » en arabe) fut également décisive. Cette fondation, présidée par le père maronite Fadi Daou et dirigée par Nayla Tabara, musulmane sunnite, travaille de façon originale et audacieuse au dialogue entre islam et christianisme. Nayla et Fadi ont publié à deux voix « L’hospitalité divine » où les mots pour dire la foi en Dieu ne sont pas aussi éloignés que l’on pourrait croire.

Mais revenons au Carmel ! Les protestants rationnels que nous sommes, se sentent quelque fois un peu bousculés à certains passages de la liturgie, par certaines prières, certains rituels (comme quand Pierre, lors du service du samedi saint, a été invité à embaumer le corps du Seigneur en jetant des pétales de rose sur l’autel !). Mais nous ressentons un tel amour, une telle foi, une telle paix chez nos amies qu’à aucun moment la confiance en notre foi commune n’est remise en question. Ce qui nous touche particulièrement, c’est leur capacité à mettre de la beauté dans tout ce qu’elles entreprennent. Les gestes, les paroles, l’accueil, les lieux, les objets, les relations, l’écoute, tout chez nos amies du Carmel St Joseph, est empreint de la beauté de leur foi.

2 commentaires

  1. Merci Christine et Pierre, pour ce partage, pour cette superbe rencontre et croissance avec nos sœurs de Mechref ! « Ensemble, commençons… »

  2. Merci pour cette belle histoire de rencontre oecuménique, interreligieuse!
    Oui, la différence est une richesse si elle est accueillie.
    Si ces rencontres pouvaient s’élargir dans tous nos milieux de vie, la terre des hommes serait habitée par la fraternité!

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