Retraite jour 2

« Cheminer ensemble avec le prophète ÉZÉCHIEL.

Retraite communautaire Mechref, 22 au 28 août 2020 avec P. Georges Abi Saad

Jour 2_Avant-Midi_Dimanche 23 août 2020

Nous allons continuer avec la vocation d’Ezéchiel. Le texte sur lequel nous allons méditer aujourd’hui : Ez 2, 8-Ez 3, 15 : la formation du serviteur ou la préparation à la mission.
8 Et toi, fils de l’homme, écoute ce que je te dis: « Ne sois pas rebelle comme la maison rebelle.
Ouvre ta bouche et mange ce que je te donne. » 9 Je regardai, et voici qu’une main était tendue vers moi, et voici qu’elle tenait un livre roulé. 10 il le déroula devant moi, et il était écrit en dedans et en dehors; et ce qui y était écrit était des chants de deuil, des lamentations et des plaintes. Et il me dit: « Fils de l’homme, ce que tu trouves devant toi, mange-le; mange ce livre; puis va, parle à la maison d’Israël. » 2 J’ouvris la bouche, et il me fit manger ce livre; et il me dit: 3 « Fils de l’homme, repais ton ventre et remplis tes entrailles de ce livre que je te donne. » Je le mangeai, et il fut dans ma bouche doux comme du miel. 4 Et il me dit: « Fils de l’homme, va vers la maison d’Israël, et tu leur diras mes paroles. 5 Car ce n’est point vers un peuple au parler étrange et à la langue barbare que tu es envoyé; c’est vers la maison d’Israël. 6 Ce n’est point vers des peuples nombreux au parler étrange et à la langue barbare, dont tu ne comprendrais pas les paroles mais c’est vers eux que je t’envoie; eux peuvent te comprendre. 7 Et la maison d’Israël ne voudra pas t’écouter, parce qu’ils ne veulent pas m’écouter; car toute la maison d’Israël a le front endurci et le cœur impudent. 8 Mais voici que j’ai rendu la face dure comme leur face, et ton front dur comme leur front. 9 J’ai rendu ton front comme le diamant, plus dur que le roc. Ne les crains point, et ne tremble point devant eux, car c’est une maison rebelle ». 10 Et il me dit: « Fils de l’homme toutes les paroles que je te dirai, reçois-les dans ton cœur et écoute-les de tes oreilles. 11 Va, rends-toi auprès des captifs, vers les fils de ton peuple, et parle-leur en leur disant: Ainsi parle le Seigneur Yahweh soit qu’ils écoutent, soit qu’ils n’écoutent pas. » 12 L’Esprit m’enleva, et j’entendis derrière moi le bruit d’un grand fracas « Bénie soit la gloire de Yahweh au lieu de sa demeure? « 
13 Et j’entendis le bruit des ailes des êtres vivants qui battaient l’une contre l’autre et le bruit des roues à leurs côtés, et le bruit d’un grand fracas. 14 Et l’Esprit m’enleva et m’emporta, et je m’en allai l’amertume et le courroux dans l’âme; et la main de Yahweh était fortement sur moi. 15 Et j’arrivai à Tel-Abid, auprès des captifs qui demeuraient aux bords du fleuve Chobar et dans le lieu où ils demeuraient; là je demeurai sept jours dans la stupeur, au milieu d’eux.

Commençons par l’appel : Et toi, fils de l’homme, écoute ce que je te dis: « Ne sois pas rebelle comme la maison rebelle ».
La mission est basée sur l’écoute : fils de l’homme, écoute ce que je te dis. C’est toujours ainsi. Il faut accueillir la Parole pour la transmettre. Mais, cette attitude devient difficile lorsqu’on vit dans une ambiance rebelle à la Parole : « Ne sois pas rebelle comme la maison rebelle ».
Lorsque tout le monde vit d’une certaine manière, il y a toujours le danger du conformisme : vivre comme les autres. Etre différent, a des conséquences. Il y a un prix à payer si on ne marche pas comme tout le monde, si on ne suit pas les coutumes de tout le monde. Il y a toujours ce risque.
Il y a une autre attitude qu’on retrouve aujourd’hui chez les jeunes, c’est l’attitude révolutionnaire : on se met contre quelqu’un même si ce quelqu’un est corrompu. Alors que l’attitude du serviteur, c’est être pour tout le monde ; même s’il a une parole dure à dire, une exhortation, un appel au changement, son message est à tout le monde. Nous avons ces deux attitudes qui sont deux extrêmes et toutes les deux sont une réaction : être conformiste ou révolutionnaire. Alors que l’action selon Dieu est le témoignage et l’annonce de son message. Parfois même l’église peut tomber dans ces deux extrêmes.
Un livre sur Vatican II signale que, face au modernisme, l’église peut prendre deux attitudes réactionnaires : être conservateur, traditionaliste, ne pas bouger, se plier sur soi, vivre dans une forteresse, dans le passé ; et il y a l’autre attitude, le libéralisme : accepter tout. Tandis que Vatican II met l’accent sur la mission. Chaque nouvelle culture est un appel à renouveler notre foi, un appel à apporter l’évangile au sein de cette culture. Cette dernière nous enrichit car elle nous pousse à approfondir notre compréhension de la Parole.
La mission est une réponse : Et toi, fils de l’homme, écoute ce que je te dis: « Ne sois pas rebelle comme la maison rebelle ».

L’image qu’Ezéchiel utilise est très réaliste : manger le livre !  » Ouvre ta bouche et mange ce que je te donne ». Cette image va être reprise par Jésus dans l’évangile de saint Jean ; Jn 6, 51 : Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde». L’accent est mis sur cette relation avec la Parole. Être disciple, c’est se nourrir de la Parole. « Fils de l’homme, repais ton ventre et remplis tes entrailles de ce livre que je te donne ». En hébreux : remplis ton ventre de cette parole.
Il s’agit d’une vie et non pas une simple connaissance rationnelle. Ce n’est pas des informations à transmettre mais une vie à transmettre. Et cela exige une transformation. La nourriture se transforme en nous et nous transforme. Quand c’est la Parole de Dieu, elle nous transforme.
Ici, il y a une union entre le prophète et la Parole ; entre le serviteur et sa mission. Il devient UN avec la Parole annoncée et avec la mission. Le Pape François dit : on devient mission ? (cf. message du pape François pour la Journée missionnaire mondiale 2020, 31 mai 2020). Par tout notre être, nous serons mission : c’est ce que signifie l’expression « se nourrir de la Parole ».
La préparation n’est pas extérieure. C’est une transformation intérieure de tout notre être pour devenir serviteur et témoin.

Le goût de la Parole est doux comme le miel. Cette image est très riche. D’abord, on peut penser qu’il s’agit de l’accepter avec joie et enthousiasme (Jr 15, 16 : J’ai recueilli tes paroles, et je les ai dévorées; Tes paroles ont fait la joie et l’allégresse de mon cœur; Car ton nom est invoqué sur moi, Eternel, Dieu des armées !). Mais aussi, la douceur de la Parole dans la bouche, peut être un signe de consécration : la bouche du prophète devient la bouche de Dieu. Elle est propre. On trouve un écho chez d’autres prophètes : Is 6, 7 : « Il m’a touché la bouche avec ce charbon brûlant et m’a dit : « Maintenant que ce charbon a touché tes lèvres, ta faute est enlevée, ton péché est pardonné » ; Jr 1, 9 : « Puis l’Eternel étendit sa main, et toucha ma bouche; et l’Eternel me dit: Voici, je mets mes paroles dans ta bouche ».
Comme si la bouche du prophète devient un instrument de Dieu, de l’Esprit-Saint.
Ce volume à manger était écrit au recto et au verso : c’est une mission énorme (D’habitude, c’est écrit sur le verso uniquement). Il est intitulé : des chants de deuil, des lamentations et des plaintes. Le prophète va dire au peuple un message qui n’est pas agréable. Parfois, nous sommes tentés de fuir les messages désagréables. Mais, si on aime, on dit ce qui est pour le Salut, pour la guérison, pour le bien et pas uniquement ce qui est agréable. Quand il y a cette situation, peuple corrompu, le prophète doit dire une parole exigeante, un appel à la conversion.
Ici, nous trouvons la contradiction entre la douceur du miel et la dureté du message. Le lien entre les deux, c’est l’amour. C’est un message d’amour parce qu’il est assez exigent.
L’Esprit m’enleva et m’emporta, et je m’en allai l’amertume et le courroux dans l’âme; et la main de Yahweh était fortement sur moi. Cette docilité d’Esprit chez Ezéchiel est remarquable : l’Esprit m’enleva…. Il étendit une forme de main, et me saisit par les cheveux de la tête. L’esprit m’enleva entre la terre et le ciel, et me transporta (Ez 8, 3). À quel point, il a cette légèreté, cette docilité à l’Esprit. D’habitude, nous sommes lourds, résistants. Comment être assez libres, détachés de tout pour être conduits par l’Esprit ? De notre expérience, on peut dire que c’est difficile ; c’est un long chemin pour arriver à cette docilité, sans résistances. C’est là qu’on voit un vrai serviteur.
Ce n’est pas uniquement qu’extérieurement Ezéchiel est conduit par l’Esprit mais aussi intérieurement. Ezéchiel partage ici les sentiments même de Dieu. Dieu a l’esprit amer ; cette amertume est à cause de l’endurcissement de son peuple. Dans d’autre endroit, il parle de la colère : c’est l’expression de l’amour de Dieu pour son peuple endurci.
Nous parlons de la docilité intérieure : Partager les sentiments de Dieu. C’est là où réside la transformation : transformer les désirs, les sentiments.

4 Et il me dit: « Fils de l’homme, va vers la maison d’Israël, et tu leur diras mes paroles. 5 Car ce n’est point vers un peuple au parler étrange et à la langue barbare que tu es envoyé; c’est vers la maison d’Israël. 6 Ce n’est point vers des peuples nombreux au parler étrange et à la langue barbare, dont tu ne comprendrais pas les paroles mais c’est vers eux que je t’envoie; eux peuvent te comprendre. 7 Et la maison d’Israël ne voudra pas t’écouter, parce qu’ils ne veulent pas m’écouter; car toute la maison d’Israël a le front endurci et le cœur impudent.
Méditons ces versets.
D’abord le prophète ne choisit pas sa mission. Il la reçoit, il l’accueille. C’est un appel de Dieu. Ce n’est point vers des peuples nombreux au parler étrange et à la langue barbare, dont tu ne comprendrais pas les paroles mais c’est vers eux que je t’envoie; eux peuvent te comprendre. (Nous avons l’exemple de Jonas).
On peut avoir parfois cette tentation dans les difficultés : pourquoi ne pas aller ailleurs, là où ma mission peut être accueillie ? Pourquoi continuer à travailler dans un champ qui n’est pas fertile ? Pourquoi perdre sa vie avec un peuple qui est hostile ? C’est une pensée pragmatique, une recherche des fruits de la mission.
Ce n’est pas nous qui choisissons la mission. C’est Dieu qui nous envoie. Le peuple a besoin des missionnaires. Dieu ne veut pas abandonner ce peuple. Et le choix est tombé sur Ezéchiel.
Ce n’est point vers un peuple au parler étrange et à la langue barbare que tu es envoyé; c’est vers la maison d’Israël. Le problème n’est pas culturel. C’est plutôt spirituel. C’est le problème du cœur endurci. On est parfois tenté de penser que tout est culturel. Nous essayons de trouver un moyen de communiquer avec les jeunes, d’utiliser leur langage… toutefois, cette façon d’agir n’est pas la solution… il y a aussi un message spirituel, un combat spirituel à mener dans la prière, l’endurance, la confiance en Dieu.

Et la maison d’Israël ne voudra pas t’écouter, parce qu’ils ne veulent pas m’écouter; car toute la maison d’Israël a le front endurci et le cœur impudent. La résistance est envers Dieu. L’expérience du prophète reflète celle de Dieu avec son peuple. Le prophète est uni à sa mission, à la Parole.

Enfin, c’est la force ; un don de Dieu. Voici que j’ai rendu la face dure comme leur face, et ton front dur comme leur front. J’ai rendu ton front comme le diamant, plus dur que le roc. Ne les crains point, et ne tremble point devant eux, car c’est une maison rebelle. Dieu nous équipe pour la mission. Si le peuple est endurci par le mal, le prophète va être ferme dans le bien.
C’est ce qui nous manque parfois : être ferme dans le bien dans une mission. Il y a cette force qui vient de Dieu et qui nous rend inébranlable. C’est un appel à mener la mission jusqu’au bout. Dieu nous rend capable d’achever la mission malgré les conditions difficiles.

Jour 2_Après-Midi_Dimanche 23 août 2020

Nous arrivons au dernier texte de la vocation d’Ezéchiel, à la fin du 3ème chapitre : le prophète comme guetteur.
Il faut noter que ce texte se répète au début du chapitre 33. On a déjà dit que la mission d’Ezéchiel est divisée en deux parties : avant et après la chute du siège de Jérusalem et la destruction du temple. La deuxième partie de la mission commence avec le chapitre 33. Certains exégètes disent que c’est une simple répétition ; d’autres essayent de trouver un sens. La répétition de ce texte montre sa place fondamentale dans la vie d’Ezéchiel. Ce texte est au début de la première et de la deuxième partie de la mission du prophète.
Ez 3, 16-21
16 Au bout des sept jours, la parole du Seigneur me fut adressée : 17 « Fils d’homme, je fais de toi un guetteur pour la maison d’Israël. Lorsque tu entendras une parole de ma bouche, tu les avertiras de ma part. 18 Si je dis au méchant : “Tu vas mourir”, et que tu ne l’avertis pas, si tu ne lui dis pas d’abandonner sa conduite mauvaise afin qu’il vive, lui, le méchant, mourra de son péché, mais à toi, je demanderai compte de son sang. 19 Au contraire, si tu avertis le méchant, et qu’il ne se détourne pas de sa méchanceté et de sa conduite mauvaise, lui mourra de son péché, mais toi, tu auras sauvé ta vie. 20 Si le juste se détourne de sa justice et fait le mal, je le ferai trébucher : il mourra. Parce que tu ne l’auras pas averti, il mourra de son péché, et l’on ne se souviendra plus de la justice qu’il avait pratiquée ; mais à toi je demanderai compte de son sang. 21 Au contraire, si tu avertis le juste de ne pas pécher, et qu’en effet il ne pèche pas, c’est certain, il vivra parce qu’il aura été averti, et toi, tu auras sauvé ta vie. »
Ez 33, 1-11
01 La parole du Seigneur me fut adressée : 02 « Fils d’homme, parle aux fils de ton peuple. Tu leur diras : Si contre un pays je fais venir l’épée, les gens de ce pays prennent parmi eux un homme et l’établissent comme guetteur. 03 Quand celui-ci voit l’épée venir contre ce pays, il sonne du cor et avertit le peuple. 04 Si quelqu’un entend le son du cor, et qu’il ne tienne pas compte de l’avertissement, l’épée viendra et l’emportera. Son sang sera sur sa tête ! 05 Il a entendu le son du cor et n’a pas tenu compte de l’avertissement. Son sang sera sur lui ! Mais celui qui aura tenu compte de l’avertissement aura la vie sauve. 06 Au contraire, si le guetteur voit venir l’épée et ne sonne pas du cor, les gens ne sont pas avertis. Si l’épée vient et emporte l’un d’entre eux, c’est par la faute du guetteur que cet homme sera emporté ; je demanderai compte de son sang au guetteur.
07 Et toi, fils d’homme, je fais de toi un guetteur pour la maison d’Israël. Lorsque tu entendras une parole de ma bouche, tu les avertiras de ma part. 08 Si je dis au méchant : “Tu vas mourir”, et que tu ne l’avertis pas, si tu ne lui dis pas d’abandonner sa conduite mauvaise, lui, le méchant, mourra de son péché, mais à toi, je demanderai compte de son sang. 09 Au contraire, si tu avertis le méchant d’abandonner sa conduite, et qu’il ne s’en détourne pas, lui mourra de son péché, mais toi, tu auras sauvé ta vie. 10 Et toi, fils d’homme, dis à la maison d’Israël : Vous parlez ainsi : “Nos révoltes et nos péchés sont sur nous, nous pourrissons à cause d’eux, comment pourrons-nous vivre ?” 11 Tu leur diras : Par ma vie – oracle du Seigneur Dieu – je ne prends pas plaisir à la mort du méchant, mais bien plutôt à ce qu’il se détourne de sa conduite et qu’il vive. Retournez-vous ! Détournez-vous de votre conduite mauvaise. Pourquoi vouloir mourir, maison d’Israël ?

Commençons par le thème de la responsabilité ; La responsabilité du serviteur de Dieu. Répondre à un appel, c’est prendre un risque (Nous avons déjà parlé de cela surtout dans les circonstances difficiles avec un peuple endurci). Mais, le plus grand risque, c’est avoir une responsabilité ; c’est être responsable. Répondre à un appel, c’est accepter la responsabilité.
C’était très clair chez plusieurs pères de l’Eglise : quand ils étaient appelés pour être prêtres ou évêques, ils fuyaient car ils étaient conscients du poids de la responsabilité.
Le thème de la responsabilité doit être repris, méditer, expliquer, aujourd’hui. Il devient de plus en plus étrange à notre mentalité. Souvent, nous vivons dans l’indifférence. Le Pape François parle de la mondialisation de l’indifférence. « Nous avons perdu le sens de la responsabilité fraternelle », a regretté le pape François dans une homélie prononcée au stade de Lampedusa devant 10000 fidèles, dénonçant ainsi une « mondialisation de l’indifférence » (cf. Discours du pape François à la délégation de la Global Foundation, 14 janvier 2017).
Bien qu’il faut respecter la liberté d’autrui, il faut noter que cet autre a le droit à la vérité. Souvent, nous nous cachons derrière cette liberté par peur de la responsabilité, peur de l’engagement. Dans notre monde, il y a beaucoup d’observateurs mais peu de guetteurs qui regardent de loin.
En plus de l’indifférence, nous signalons le problème de l’individualisme. On n’a plus cette dimension ecclésiale, missionnaire ; chacun est dans son propre monde. Être solidaire, c’est être responsable des autres. Aimer, c’est être attentif. (Je rencontre plusieurs femmes qui ont des maris malades : elles sont tout le temps attentives à leurs besoins. C’est l’amour. Même si les maris sont dérangés par cet excès d’attention, elles insistent ; elles ne peuvent pas regarder seulement. Elles aiment ; elles interviennent).
Devant Dieu, il ne suffit pas uniquement d’éviter le mal. Nous sommes créés pour une mission et nous sommes responsables devant Dieu de cette mission. Nous sommes responsables de faire le bien. Entrer dans la logique de l’appel, de l’amour, de la solidarité, c’est entrer dans la logique de la responsabilité.
Le guetteur est quelqu’un qui observe Dieu, la bouche de Dieu plutôt que le peuple. Il va accueillir la Parole de Dieu pour la transmettre. Cela lui permet de voir le danger, ce qui détruit la société : en fait, ce n’est que le péché.
C’est quelqu’un qui se met dans un lieu élevé ; il voit de loin le danger. Souvent, c’est après la catastrophe qu’on voit le mal. (Exemple : l’explosion au Liban).
Ces lieux élevés sont cette vie de prière, cette amitié avec la Parole de Dieu qui donne la lumière, une certaine clairvoyance pour voir le mal ; pour être guetteur, il faut être bien illuminé.
Lorsque tu entendras une parole de ma bouche, tu les avertiras de ma part.
Se mettre sur un lieu élevé, c’être libre, détaché des convoitises du monde. Saint Jean parle des convoitises du monde : l’argent, l’autorité… Quand on est immergé dans les convoitises du monde, on est dans les ténèbres…. D’où l’importance d’avoir une conscience libre, éclairée par la Parole de la vérité pour voir clair.

La responsabilité du prophète ne se limite pas au fait de parler avec le peuple en général ; il s’agit de parler avec chaque personne en particulier. « Un pécheur »… c’est la responsabilité de « la » personne, une caractéristique de la théologie d’Ezéchiel.
Chaque personne est précieuse aux yeux de Dieu. Il ne faut pas généraliser. Nous avons tendance à généraliser un peuple, un parti politique…, à les diaboliser, à les voir selon des idéologies… il faut croire que partout il y a des âmes qui ont soif du Salut, soif de la Vérité. Il faut être libre de toute généralisation idéologique et politique pour pourvoir être attentif à chaque personne là où elle est. Jésus était libre de toutes les généralisations : il pouvait entrer dans la maison d’un pécheur, d’une prostituée ; il était libre de tout lien idéologique, politique, social… pour être présent à chacun. Nous perdons beaucoup lorsque nous sommes liés à un parti.
Veillons à la place de chaque personne ; ainsi la tâche devient plus facile. Chacun de nous peut être guetteur pour quelqu’un : frère, sœur… c’est un rôle que nous pouvons tous jouer. Chacun de nous parfois a besoin d’un guetteur. Chacun de nous peut dévier parfois ; il peut errer sur le chemin ou perdre la logique de l’Evangile… Cela exige la vigilance. En grec, le mot guetteur, dans la septante : ἐπίσκοπος, episcopos : quelqu’un qui est vigilant, responsable.
Dans nos communautés, le mal vient quand les responsables ne sont pas des guetteurs.

Passons à la différence entre ces deux textes :
La différence vient de la situation du peuple en premier lieu. Au début, avant le siège de Jérusalem, le peuple ne voulait pas voir son péché. Il était assez arrogant, aveuglé. Il n’a pas pu voir le danger, le péché. Mais, après la chute de Jérusalem et la déportation, c’est l’autre extrême : le peuple est dans le désespoir. C’est le passage de l’endurcissement au désespoir. Tous les deux ont les mêmes racines. Il s’agit de l’orgueil.
Dans le cas de l’endurcissement : je n’accepte pas la Parole de Dieu ; j’ai confiance en moi-même, en mes comportements, mes idées ; et dans le cas du désespoir : je suis incapable de mettre ma confiance en dieu parce que ma confiance en moi-même est brisée.
Là on comprend les paroles du prophète : 10 Et toi, fils d’homme, dis à la maison d’Israël : Vous parlez ainsi : “Nos révoltes et nos péchés sont sur nous, nous pourrissons à cause d’eux, comment pourrons-nous vivre ?” 11 Tu leur diras : Par ma vie – oracle du Seigneur Dieu – je ne prends pas plaisir à la mort du méchant, mais bien plutôt à ce qu’il se détourne de sa conduite et qu’il vive. Retournez-vous ! Détournez-vous de votre conduite mauvaise. Pourquoi vouloir mourir, maison d’Israël ?
Après la chute de Jérusalem, le peuple peut voir son péché mais il est incapable de voir la miséricorde de Dieu. Même après la destruction de Jérusalem, il n’y a pas une vraie conversion, un vrai retour vers Dieu. Le peuple a fait le lien entre la destruction de la ville sainte, du temple et le péché. Mais, il ne s’est pas converti. La conversion consiste de revenir vers Dieu et d’avoir confiance en Lui.

Le guetteur est une personne qui voit la réalité à la lumière de Dieu ; il discerne ; il peut voir le fond des cœurs et les racines du problème. De l’extérieur, le peuple est conscient de son péché ; mais la vraie conversion lui manque.
Le guetteur voit le danger, le désespoir (avant, c’était le malheur qui vient sur Jérusalem).

Dans les deux missions, il prêche la conversion. La miséricorde est au centre. Dieu veut la vie ; c’est une miséricorde exigeante qui donne la vie, qui guérit et qui transforme.
La miséricorde est plus grande que le péché : elle crée la vie au sein de la mort. Il y a toujours un espoir, une lumière au milieu de la nuit.
Le guetteur est quelqu’un qui annonce l’espérance dans toutes les circonstances. Il y a toujours la possibilité de la Vie ; il voit Dieu, son Amour. C’est un messager d’espérance !

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