Retraite jour 5

« Cheminer ensemble avec le prophète ÉZÉCHIEL.

Mechref, 22 au 28 août 2020 avec P. Georges Abi Saad

Jour 5_Avant-Midi_Mercredi 26 août 2020

Nous allons consacrer les derniers jours de notre retraite au message d’espérance, à la seconde partie de la mission d’Ezéchiel notamment les chapitres 33 à 48.
Nous choisissons un texte situé dans la partie qui est au milieu du livre d’Ezéchiel. : Le jugement des nations : chapitres 25 à 32.

Introduction : Durant l’exil, s’est développée l’idée de l’universalisme. Dieu est l’unique Dieu. Il est le Dieu de tous les peuples (On dit que le livre de la Genèse est écrit durant cette période : le Dieu créateur de l’Univers). C’est un Dieu qui s’intéresse à tout le monde. Il accompagne tout le monde : les personnes, les nations… et Il confie une mission pas seulement aux personnes mais aussi aux nations ; les nations ont un rôle dans son plan. Pour cela, il est le juge des peuples, et pas seulement de son peuple. Avant de juger, il avertit à travers ses prophètes.

Les prophètes de cette époque s’adressent aux nations : c’est leur mission.
Nous pouvons parler d’une théologie politique : regarder les nations à travers la lumière de la foi, à travers le dessein de Dieu sur l’univers… et dans ce regard de la foi, même au niveau universel, il y a toujours le problème du mal (Ce qui est toujours vrai). Lorsque nous parlons du péché, nous parlons du cœur de l’homme là où sont les racines même du péché. Chez le peuple de Dieu, on a vu que le péché est comparé à l’adultère, à la trahison, à l’infidélité à l’alliance. Alors que le péché des nations est plutôt un péché d’orgueil : se mettre à la place de Dieu ou se voir égal à Dieu. Cette mission universelle des prophètes est en quelque sorte le fondement de la doctrine sociale de l’église : l’église ne s’adresse pas uniquement aux fidèles. Elle a un message universel. Elle a des vérités humaines et universelles à annoncer.

Le texte choisi : Ez 28, 1-19. Contre le roi de Tyr. Le message à Tyr occupe une bonne partie du livre d’Ezéchiel (chapitres 26 à 28 : 3 chapitres pour parler de Tyr : Tyr à l’époque était un royaume puissant dans la région. Historiquement, Quand Nabuchodonosor II accède au trône babylonien, après la chute de Ninive en 612, il assiège Tyr pendant treize ans (585-572), mais quelques hypothèses présument qu’une sorte de compromis s’établit finalement entre les Tyriens et les Babyloniens au terme duquel Tyr conserve une certaine autonomie. Vers 333 av. J.-C., après sa victoire sur les Perses à Issos, Alexandre le Grand se dirige vers la côte phénicienne, en direction de l’Égypte. Les cités commencent à se rallier volontairement et pacifiquement au nouveau conquérant. Seule Tyr résiste à Alexandre, qui l’assiège pendant 7 mois, en 332, se heurtant à ses solides murailles et à sa position insulaire. À cette époque, Tyr est essentiellement bâtie sur une île que l’on appelle parfois Ancharadus, située à quatre stades (720 mètres) du continent1. Alexandre parvient cependant à construire une digue jusqu’à l’île, avec les pierres et le bois de la partie continentale de la ville de Tyr — Palaetyr (la Vieille-Tyr) —, déjà sous domination macédonienne).

01 La parole du Seigneur me fut adressée : 02 « Fils d’homme, tu diras au prince de la ville de Tyr : Ainsi parle le Seigneur Dieu : Ton cœur s’est exalté et tu as dit : “Je suis un dieu, j’habite une résidence divine, au cœur des mers.” Pourtant, tu es un homme et non un dieu, toi qui prends tes pensées pour des pensées divines. 03 Tu serais donc plus sage que Daniel, il n’y aurait pas de secret trop profond pour toi ? 04 Par ta sagesse et ton intelligence tu as fait fortune, tu as accumulé l’or et l’argent dans tes trésors. 05 Par ton génie du commerce, tu as multiplié ta fortune, et à cause de cette fortune ton cœur s’est exalté. 06 C’est pourquoi, ainsi parle le Seigneur Dieu : Parce que tu prends tes pensées pour des pensées divines, 07 je fais venir contre toi des barbares, une nation redoutable. Ils tireront l’épée contre ta belle sagesse, ils profaneront ta splendeur. 08 Ils te feront descendre dans la fosse et tu mourras au cœur des mers, d’une mort violente. 09 Oseras-tu dire encore devant tes meurtriers : “Je suis dieu” ? Sous la main de ceux qui te transperceront, tu seras un homme et non un dieu. 10 Tu mourras de la mort des païens incirconcis, par la main des barbares. Oui, moi, j’ai parlé, – oracle du Seigneur Dieu. » 11 La parole du Seigneur me fut adressée : 12 « Fils d’homme, entonne une complainte sur le roi de Tyr. Tu lui diras : Ainsi parle le Seigneur Dieu : Toi, le sceau d’une œuvre exemplaire, plein de sagesse, d’une beauté parfaite, 13 tu étais en Éden, dans le jardin de Dieu, entouré de murs en pierres précieuses : sardoine, topaze et jaspe, chrysolithe, cornaline et onyx, saphir, escarboucle et émeraude ; l’or ouvragé de tes tambourins et de tes flûtes a été préparé au jour de ta création. 14 Toi, Kéroub choisi, le protecteur, je t’avais établi sur la sainte montagne de Dieu ; au milieu des pierres étincelantes, tu allais et venais. 15 Tu fus intègre dans ta conduite depuis le jour de ta création, jusqu’à ce que soit découverte en toi la perfidie : 16 en multipliant tes affaires, tu t’es rempli de violence, et tu as péché. Aussi, je te réduis au rang de profane, loin de la montagne de Dieu ; je te fais périr, Kéroub protecteur, loin des pierres étincelantes. 17 Ton cœur s’est exalté à cause de ta beauté, tu laissas ta splendeur corrompre ta sagesse. Je te jette par terre, je te donne en spectacle aux rois. 18 Par tes multiples péchés, par la perversion de tes affaires, tu as profané ton sanctuaire. Aussi je fais sortir du milieu de toi un feu qui te dévore ; sur la terre, je te réduis en cendres, devant les yeux de tous ceux qui te regardent. 19 Tous ceux qui te connaissent, parmi les peuples, sont pris de stupeur à cause de toi. Tu deviens un objet d’épouvante ; tu ne seras plus, à jamais. »

 En lisant ce texte, surtout la deuxième partie, 12 « Fils d’homme, entonne une complainte sur le roi de Tyr. Tu lui diras : Ainsi parle le Seigneur Dieu : Toi, le sceau d’une œuvre exemplaire, plein de sagesse, d’une beauté parfaite, 13 tu étais en Éden, dans le jardin de Dieu, entouré de murs en pierres précieuses : sardoine, topaze et jaspe, chrysolithe, cornaline et onyx, saphir, escarboucle et émeraude ; l’or ouvragé de tes tambourins et de tes flûtes a été préparé au jour de ta création. 14 Toi, Kéroub choisi, le protecteur, je t’avais établi sur la sainte montagne de Dieu ; au milieu des pierres étincelantes, tu allais et venais, 15 Tu fus intègre dans ta conduite depuis le jour de ta création, jusqu’à ce que soit découverte en toi la perfidie : 16 en multipliant tes affaires, tu t’es rempli de violence, et tu as péché. Aussi, je te réduis au rang de profane, loin de la montagne de Dieu ; je te fais périr, Kéroub protecteur, loin des pierres étincelantes. 17 Ton cœur s’est exalté à cause de ta beauté, tu laissas ta splendeur corrompre ta sagesse. Je te jette par terre, je te donne en spectacle aux rois. 18 Par tes multiples péchés, par la perversion de tes affaires, tu as profané ton sanctuaire. Aussi je fais sortir du milieu de toi un feu qui te dévore ; sur la terre, je te réduis en cendres, devant les yeux de tous ceux qui te regardent. 19 Tous ceux qui te connaissent, parmi les peuples, sont pris de stupeur à cause de toi. Tu deviens un objet d’épouvante ; tu ne seras plus, à jamais », nous remarquons qu’Ezéchiel fait un parallélisme avec le récit de la Genèse : la chute d’Adam (Gn 2 et 3). Nous retrouvons presque tous les éléments du péché d’Adam : le désir d’être égal à Dieu, la connaissance ou la sagesse comme une autosuffisance, la menace de l’amour, le jardin d’Eden : Adam est pris comme figure universelle. C’est le type de l’homme et pas uniquement du croyant. C’est le type d’une nation représentée par son chef. Les racines du péché sont là : le désir d’être Dieu. Ce qui est dit au roi de Tyr, il est dit à tous les chefs des peuples.

Nous remarquons la confiance avec laquelle Ezéchiel parle : il parle comme si la destruction est déjà là. Il accomplit son rôle et sa mission avec confiance même si, humainement, il est mal placé : il est sur une terre étrangère, déporté, faible, non accepté… pour s’adresser aux puissants de son temps. Sa référence est Dieu et pas son peuple ou sa situation.

La beauté et les richesses du roi de Tyr sont un don de Dieu. Mal utilisées, elles ont mené à l’orgueil, et par conséquence, à l’injustice : en multipliant tes affaires, tu t’es rempli de violence, et tu as péché. Ezéchiel parle de l’injustice dans le commerce. Il parle de la mal honnêteté du commerce… tu t’es rempli de violence, et tu as péché… l’injustice est bien le péché qui touche le cœur de Dieu.

Par tes multiples péchés, par la perversion de tes affaires, tu as profané ton sanctuaire. C’est un développement dans la pensée… la terre de Tyr est une terre sainte ! Le roi de Tyr l’a profanée par son péché. Nous notons dans ce verset l’universalisme : toute terre est une terre du Seigneur, une terre sainte.

Comment appliquer ce texte dans notre vie ?

Ezéchiel n’était pas dans une situation favorable pour s’adresser aux nations ; mais cela n’a pas changé sa mission. D’où l’importance d’être libre pour pouvoir jouer un rôle prophétique. Nous pensons à l’église (locale, communauté…) : combien elle doit être libre, non liée au pouvoir de ce monde pour pouvoir jouer le rôle de la conscience (Ce n’est pas réussi toujours dans l’histoire, mais il faut tout le temps essayer).

Être libre de toutes les puissances est une pauvreté mais aussi une force ! Une pauvreté car nous sommes marginalisés mais c’est là où réside la force prophétique. Il ne s’agit pas d’être puissant humainement pour être prophète. Ezéchiel est dans la pauvreté complète même devant son peuple. Pourtant, il a joué pleinement son rôle.

Il y a le risque de se retirer quand on est faible, impuissant ; se retirer vers l’intérieur : par exemple : faire la liturgie, s’occuper des gens qui viennent à l’église…. C’est bien… mais on ne peut pas être infidèle à notre mission dans le monde : être cette voix qui proclame. La Parole de Dieu est toujours puissante.

Dans Genèse chapitre 1, lorsqu’on parle de la création, nous évoquons le Tohu-bohu (hébreu : תֹ֙הוּ֙ וָבֹ֔הוּ Tohou va-vohou, francisé Tohu va-bohu) pour décrire l’état du monde créé : c’est le vide, le chaos : la Parole de Dieu vient donner ordre à ce monde chaotique. Sans la PDD, sans la vérité, il y a le chaos, la corruption. La Parole de Dieu crée l’ordre. On a besoin de cet ordre selon Dieu. La Parole est toujours efficace. Sans cette Parole vécue et proclamée, le monde peut sombrer dans le chaos : on perd le sens, l’ordre (au niveau des valeurs, de l’unité de l’homme…).

Pour pouvoir proclamer cette Parole et ne pas être intimidée, il faut être transparent et à l’écoute de la Parole et vivre la conversion. La seule raison d’être intimidé, c’est de ne pas se convertir, ne pas vivre dans la transparence. On ne prétend jamais la perfection. Le plus important, c’est de vivre la conversion ; être à l’écoute de la Parole sinon, on ne peut pas dire une parole efficace.

Si on fait un examen de conscience à travers ce texte : nous avons besoin de revenir à ce qui est humain et universel. Parfois, on oublie ce côté humain universel. Par exemple : la question de la justice : on parle beaucoup de l’amour. Oui, Dieu est Amour et c’est le cœur du message chrétien. Mais, la justice est le premier pas pour vivre l’amour (il y a des gens qui travaillent dans les institutions qui souffrent de l’injustice). La justice doit être un point pour l’examen de la conscience avant de passer à l’amour, à la miséricorde.

Il y a la tentation de l’autosuffisance : Ton cœur s’est exalté, le cœur s’est élevé… à cause des dons du Seigneur. Et par conséquent : on n’écoute plus Dieu ; on n’est plus dans cette ouverture du cœur ; on n’écoute plus les besoins des gens autour de nous, ce que l’Esprit nous dit à travers les cris des gens autour de nous… Parfois, on se fixe sur les réalisations de nos ancêtres. Mais, nous avons besoin de cet aujourd’hui ; ce que Dieu nous a donné, au lieu qu’ils soient un service, deviennent un obstacle. Est-ce qu’ils nous aident à être au service, de servir les besoins d’aujourd’hui ? Est-ce que nous sommes dociles à la volonté de Dieu ? Est-ce que nous sommes un peuple en marche, à l’écoute ou sommes-nous immobiles ? Il y a le risque de l’immobilité à cause de l’autosuffisance. Nous avons une richesse énorme… mais aujourd’hui, est-ce que cela nous aide ?

Nous parler d’une mission d’un peuple, d’une nation. Mission des peuples et pas uniquement celle du peuple de Dieu. L’église doit avoir ce regard lucide pour comprendre la mission du pays là où elle est plantée. Le pape Jean-Paul II a pu voir que le Liban a une mission. Il (lettre apostolique 7/10/1989) a dit : « le Liban est plus qu’un pays : c’est un message de liberté et un exemple de pluralisme pour l’Orient comme pour l’Occident ! » le Liban est une mission : quelle est cette mission ? Ce n’est pas un simple slogan. C’est le vivre-ensemble, l’hospitalité… c’est un message de paix au cœur de la diversité.

Il faut comprendre d’abord cette mission, voir cette mission et aider le pays à y croire et à vivre. (   Témoignage : Je rencontre les jeunes aujourd’hui qui disent : c’était une faute le Grand Liban. On ne peut pas vivre avec les autres. C’est presque impossible. On doit revenir chacun à sa région. Une autre mentalité, culture…). Ces propos, du point de vue de la mission, sont une trahison à notre mission.

C’est important de méditer ce message adressé aux peuples. Dieu est là dans l’histoire des peuples et des nations. Il y a Dieu, l’homme, le bien de l’homme et pas uniquement la politique. Et là nous avons quelque chose à vivre…

Jour 5_Après-Midi

Nous sommes à la deuxième partie du livre, la période de la prédication d’Ezéchiel nommé : le message d’espérance (Chapitres 33 à 48).

C’est après la deuxième déportation, la destruction du temple et de Jérusalem qu’il y a eu un grand changement dans la mission d’Ezéchiel. Maintenant, sa mission est plus grande. Il s’adresse à un peuple beaucoup plus nombreux : c’est la majorité du peuple qui est à Babylone. Le contenu du message est différent vu que le peuple arrivé à Babylone est un peuple démoralisé, brisé, désespéré. Pour cela, le message va être différent.

Commençons avec le chapitre 36. Chapitre très riche dans son contenu que nous pouvons intituler : la promesse du retour et surtout la promesse du renouvellement. Nous allons le diviser en deux parties.

1er texte : versets 16 à 23 (On laisse la suite à demain matin).

16 La parole du Seigneur me fut adressée : 17 « Fils d’homme, lorsque les gens d’Israël habitaient leur pays, ils le rendaient impur par leur conduite et leurs actes. Leur conduite a été devant moi comme la souillure d’une femme pendant son impureté. 18 Alors j’ai déversé sur eux ma fureur, à cause du sang qu’ils avaient versé dans le pays, à cause des idoles immondes qui l’avaient rendu impur. 19 Je les ai dispersés parmi les nations, ils ont été disséminés dans les pays étrangers. Selon leur conduite et leurs actes, je les ai jugés. 20 Dans les nations où ils sont allés, ils ont profané mon saint nom, car on disait : “C’est le peuple du Seigneur, et ils sont sortis de son pays !” 21 Mais j’ai voulu épargner mon saint nom, que les gens d’Israël avaient profané dans les nations où ils sont allés. 22 Eh bien ! Tu diras à la maison d’Israël : Ainsi parle le Seigneur Dieu : Ce n’est pas pour vous que je vais agir, maison d’Israël, mais c’est pour mon saint nom que vous avez profané dans les nations où vous êtes allés. 23 Je sanctifierai mon grand nom, profané parmi les nations, mon nom que vous avez profané au milieu d’elles. Alors les nations sauront que Je suis le Seigneur – oracle du Seigneur Dieu – quand par vous je manifesterai ma sainteté à leurs yeux.

 Nous remarquons un progrès dans la pensée théologique concernant le pur et l’impur. La pureté n’est plus cultuelle, mais morale. Ezéchiel parle du comportement et des œuvres. Il le répète deux fois : « Fils d’homme, lorsque les gens d’Israël habitaient leur pays, ils le rendaient impur par leur conduite et leurs actes. Leur conduite a été devant moi comme la souillure d’une femme pendant son impureté.

Ezéchiel va parler du renouvellement du cœur pour dire que la source de cette impureté est le cœur. Dieu doit changer le cœur du peuple, renouveler son cœur pour le sanctifier ; il va transformer ce cœur de pierre en cœur de chair. Cette idée va être reprise par Jésus en Marc 7, 14-23. 14 Appelant de nouveau la foule, il lui disait : « Écoutez-moi tous, et comprenez bien. 15 Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui entre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. » 17 Quand il eut quitté la foule pour rentrer à la maison, ses disciples l’interrogeaient sur cette parabole 18 Alors il leur dit : « Êtes-vous donc sans intelligence, vous aussi ? Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans l’homme, en venant du dehors, ne peut pas le rendre impur, 19 parce que cela n’entre pas dans son cœur, mais dans son ventre, pour être éliminé ? » C’est ainsi que Jésus déclarait purs tous les aliments. 20 Il leur dit encore : « Ce qui sort de l’homme, c’est cela qui le rend impur. 21 Car c’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduites, vols, meurtres, 22 adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. 23 Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur. »

C’est la théologie des prophètes notamment celle d’Ezéchiel. L’impureté est morale. Dieu a éduqué son peuple à travers le pur et l’impur, à travers le culte, la liturgie. On voit ici la place de la liturgie dans l’AT. C’était un premier pas pour aboutir à comprendre ce qu’est le pur et l’impur.

Ezéchiel parle de la profanation de la terre ; Je les ai dispersés parmi les nations, ils ont été disséminés dans les pays étrangers. Selon leur conduite et leurs actes, je les ai jugés. Dans les nations où ils sont allés, ils ont profané mon saint nom, car on disait : “C’est le peuple du Seigneur, et ils sont sortis de son pays !” D’abord, il s’agit de la terre promise. La terre en soi est bonne. Dieu l’a créée et Dieu vit que c’était bon (livre de la Genèse 1).

Mais l’homme peut profaner cette terre. On peut utiliser un terme contemporain : « polluer la terre ». Il la rend inhabitable, un lieu inhumain. Le péché de l’homme peut souiller la terre.

Mais comment sanctifier la terre qui est bonne en soi ? En vivant l’alliance, en vivant selon la volonté de Dieu. C’est le rôle sacerdotal de l’homme vis-à-vis de la terre. Ezéchiel à la fin de ce chapitre va parler de la terre qui va devenir comme un Eden, le lieu de la rencontre avec Dieu, de la relation selon l’alliance ; une relation qui va ordonner les relations humaines.

Prenons comme référence le  Psaume 19 : 02 Les cieux proclament la gloire de Dieu, le firmament raconte l’ouvrage de ses mains. 03 Le jour au jour en livre le récit et la nuit à la nuit en donne connaissance. 04 Pas de paroles dans ce récit, pas de voix qui s’entende; 05 mais sur toute la terre en paraît le message et la nouvelle, aux limites du monde. Là, se trouve la demeure du soleil : 06 tel un époux, il paraît hors de sa tente, il s’élance en conquérant joyeux. 07 Il paraît où commence le ciel, il s’en va jusqu’où le ciel s’achève : rien n’échappe à son ardeur. 08 La loi du Seigneur est parfaite, qui redonne vie ;  la charte du Seigneur est sûre, qui rend sages les simples. 09 Les préceptes du Seigneur sont droits, ils réjouissent le cœur ; le commandement du Seigneur est limpide, il clarifie le regard. 10 La crainte qu’il inspire est pure, elle est là pour toujours ; les décisions du Seigneur sont justes et vraiment équitables : 11 plus désirables que l’or, qu’une masse d’or fin, plus savoureuses que le miel qui coule des rayons. 12 Aussi ton serviteur en est illuminé ; à les garder, il trouve son profit. 13 Qui peut discerner ses erreurs ? Purifie-moi de celles qui m’échappent. 14 Préserve aussi ton serviteur de l’orgueil : qu’il n’ait sur moi aucune emprise. Alors je serai sans reproche, pur d’un grand péché. 15 Accueille les paroles de ma bouche, le murmure de mon cœur ; qu’ils parviennent devant toi, Seigneur, mon rocher, mon défenseur !

La terre comme lieu de révélation ! et dans la seconde partie de ce psaume, le psalmiste parle de la loi du Seigneur qui illumine. La terre doit être le lieu là où on vit la Parole.

Mais, Ezéchiel va dire quelque chose de plus profond : ce peuple peut souiller même le nom de Dieu. J’ai voulu épargner mon saint nom, que les gens d’Israël avaient profané dans les nations où ils sont allés

Le nom de Dieu, c’est Dieu. Le nom représente l’identité. C’est Dieu qui se donne à l’homme pour être en relation avec lui. Nous pouvons nommer Dieu. Le nom est la présence (dans le judaïsme on ne prononce plus le nom de Dieu. ils le remplacent par « Adonay » : le Seigneur. C’est seulement le grand-prêtre, une fois par an, à la fête de l’expiation prononce le nom de Dieu). Le nom est la sainteté, la présence de Dieu.

Le peuple peut profaner ce nom. Dieu s’est lié à son peuple, il est entré en alliance avec lui ; c’est son peuple. Comme si, par cette alliance, le nom est donné à ce peuple. Pour cela, il est possible de le souiller à travers les comportements et les œuvres. Le nom de Dieu est blasphémé, défiguré parmi les nations. Mon saint nom que vous avez profané dans les nations où vous êtes allés.

Les nations ne connaissent pas Dieu, votre Dieu ; c’est à travers vous qu’ils le connaissent. Si vous vivez d’une manière contraire à sa Parole, son nom va être souillé. Être le peuple de Dieu est une responsabilité. Même ceux qui refusent de croire, c’est parfois de notre responsabilité. Si nous vivons comme vrais témoins, il y a moins d’athéisme dans le monde. Le nom de Dieu nous rend responsables. Il s’est lié à nous jusqu’à ce point. Nous sommes son corps mystique. Nous prions dans la prière du Notre Père : « que ton nom soit sanctifié ». Ce n’est pas pour Dieu ; nous prions pour nous-mêmes : que ta sainteté soit révélée en nous. En lui-même Dieu est Saint. Sanctifier le nom de Dieu : révéler Dieu dans notre vie comme il est, Saint.

Dans le contexte de ce chapitre, le nom de Dieu est souillé car il s’est montré faible, incapable de sauver son peuple dispersé. Où est ce Dieu ? Si Dieu est le vrai Dieu, comment a-t-il permis la destruction du temple ? On voit à quel point Dieu va dans son amour… Dieu est prêt à laisser son nom souillé pour conduire son peuple à la conversion, à la purification… (Rappelons que le but de la déportation est le renouvellement du cœur ; un pas en avant dans cette démarche).

Dieu a permis que son nom soit profané pour le salut de son peuple ; mais il va intervenir. Dieu révèle sa sainteté quand il intervient dans l’histoire pour sauver son peuple : sa sainteté sera vue, elle sera évidente. Alors les nations sauront que Je suis le Seigneur – oracle du Seigneur Dieu – quand par vous je manifesterai ma sainteté à leurs yeux.

Cette intervention va sauver le peuple et le ramener à la terre. Ainsi parle le Seigneur Dieu : Ce n’est pas pour vous que je vais agir, maison d’Israël, mais c’est pour mon saint nom que vous avez profané dans les nations où vous êtes allés. 23 Je sanctifierai mon grand nom, profané parmi les nations, mon nom que vous avez profané au milieu d’elles.

C’est toujours la logique de la grâce gratuite, non méritée… le nom de Dieu est Dieu lui-même. Dieu est en harmonie avec lui-même, avec sa nature, avec son amour ; pour cela, il intervient, il reste fidèle. Sa fidélité reste éternelle (Dans le psaume 136, le psalmiste emploie le terme Chesed (en hébreu : חֶסֶד, romanisé ḥesed) est un mot hébreu. Dans son sens positif, le mot est utilisé pour parler de bonté ou d’amour entre les personnes, de piété des personnes envers Dieu ainsi que d’amour ou de miséricorde de Dieu pour l’humanité. Il est fréquemment utilisé dans les Psaumes dans ce dernier sens, où il est traduit traditionnellement par « miséricorde »).

Dieu est fidèle. Il est miséricordieux. Il agit selon sa nature. Pour cela, il manifeste sa sainteté en pardonnant, en ayant pitié. Il se révèle à travers cet acte de miséricorde et de pardon. Il se révèle Saint. En Lui, la Sainteté et la miséricorde se rencontrent ; la Sainteté et l’Amour s’entrecroisent. Dieu est Amour.

Cette sainteté du nom, cette fidélité de Dieu à lui-même et à sa nature, est le fondement de l’espérance. Dieu ne peut pas laisser son alliance brisée. Dieu est déterminé à réussir cette alliance, à conduire cette alliance jusqu’au bout avec l’homme ; il va remédier ce qui rompt l’alliance : le péché de l’homme, notamment son cœur endurci. C’est dans le cœur de l’homme qu’il va intervenir. Pour réussir l’alliance, il va intervenir pour changer ce cœur.

Ce message est commun entre les deux prophètes de cette période, Jérémie et Ezéchiel. Jr 31,31-34 : 31 Voici venir des jours – oracle du Seigneur –, où je conclurai avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda une alliance nouvelle. 32 Ce ne sera pas comme l’Alliance que j’ai conclue avec leurs pères, le jour où je les ai pris par la main pour les faire sortir du pays d’Égypte : mon alliance, c’est eux qui l’ont rompue, alors que moi, j’étais leur maître – oracle du Seigneur. 33 Mais voici quelle sera l’Alliance que je conclurai avec la maison d’Israël quand ces jours-là seront passés – oracle du Seigneur. Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai sur leur cœur. Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. 34 Ils n’auront plus à instruire chacun son compagnon, ni chacun son frère en disant : « Apprends à connaître le Seigneur ! » Car tous me connaîtront, des plus petits jusqu’aux plus grands – oracle du Seigneur. Je pardonnerai leurs fautes, je ne me rappellerai plus leurs péchés.

Ezéchiel développe la même idée en parlant du changement du cœur. C’est le fondement de l’espérance.

Nous comprenons ici le rôle de l’exil. L’exil a préparé le peuple à écouter, à accueillir la Parole et l’intervention de Dieu. C’est l’avantage de la pauvreté. Le peuple est pauvre. Les richesses l’ont rendu orgueil. La pauvreté ouvre leur cœur pour accueillir la Parole et l’œuvre de Dieu dans leur vie.

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