Jean 2, 13-25

3- L’amour de ta maison

On peut lire ce texte et se figurer le Temple de Jérusalem, la foule des pèlerins, le bruits des animaux sur le parvis, leurs cris, le sang sur les vêtements des prêtres qui les immolent, le commerce et les trafics des changeurs, les espèces sonnantes et trébuchantes passant de mains en mains… et dans tout ce désordre, la colère de Jésus. Un film le montre très bien, celui de Garth Davis « Mary Magdalene », 2018.

Pourtant, une autre lecture est possible, en prenant  la clé de l’intériorité et du secret à laquelle nous ont appelés les textes des deux dimanches précédents, en nous arrêtant sur trois versets de l’évangile :

v.16 « Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce »

Quelle serait la demeure préférée de notre Père ?  La demeure où il habiterait et prendrait ses délices ? Saint Jean nous invite à entrer dans le désir de Jésus à devenir les vrais adorateurs de son Père, en esprit et vérité, non attachés à un lieu ou une montagne, mais en le recevant chez nous, dans notre humanité en quête de Lumière : « Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer » (Jn 12,23-24).

Ô Toi qui es chez Toi dans le fond de mon cœur,
je T’adore, mon Dieu, dans le fond de mon cœur.

v.17 « L’amour de ta maison fera mon tourment »

Comment ne pas sentir le regard d’amour de Jésus et son cœur bouleversé devant tant de défaites, d’échecs, d’errances, de fuites ou de partances. Nos égarements, loin de lui, aimantent son regard et son cœur au seuil de la maison où il attend inlassablement les prodigues que nous sommes, dans le silence et le respect absolu de notre liberté. Retournons-nous vers lui et offrons-nous à lui, sans résistance.

Ô Toi qui es chez Toi dans le fond de mon cœur,
je m’offre à Ton amour dans le fond de mon cœur.

v.21 « Jésus parlait du sanctuaire de son corps » 

En se donnant comme signe du nouveau sanctuaire, Jésus nous invite aussi à envisager notre propre corps comme une habitation sacrée, comme la demeure où il vient habiter. « L’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous » (Jn 14,17).

Ô Toi qui es chez Toi dans le fond de mon cœur,
glorifie Ton saint Nom dans le fond de mon cœur.

Un commentaire

  1. « Scandale au temple ! »

    A la « une » de Jérusalem-matin : « Un jeune rabbin charismatique du nom de Jésus a chassé à coups de fouet les vendeurs installés sur le parvis du temple. Pris à partie par la foule, il a osé parler de la destruction du temple ! On s’interroge sur la raison de cet accès de violence… »

    Pourquoi cette colère qui ne semble pas cadrer avec le doux rabbin, comme s’il s’en prenait aujourd’hui aux marchands qui proposent des savonnettes à l’eau de Lourdes ? Les vendeurs du temple étaient pourtant indispensables au culte ! Marie et Joseph avaient acheté 2 colombes pour la présentation de Jésus au temple ! Alors ?
    L’affaire est bien plus grave que cela…

    Jésus est dans la continuité du prophète Jérémie qui avait fustigé le culte en ce qu’il pouvait avoir de faussé « vous avez fait de ma maison une caverne de voleurs » [Jérémie 7…] Le temple et ses rituels peuvent satisfaire un besoin de sécurité illusoire voire même entretenir une mentalité magique ! Il leur suffit d’acheter une colombe ou un mouton selon leur richesse ou le remord de leurs péchés, de l’offrir en sacrifice, et les voilà en règle sans effort, sinon financier ! Commode finalement de s’attirer le pardon de Dieu, on s’en tire à moindre coût… D’où le cri de Jésus : « cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce! »

    Par ce geste, Jésus attaque le culte lui-même, en renversant les comptoirs il renverse les fausses images que nous nous faisons du Père et de notre relation à Lui. On se souvient du passage d’Ésaïe « Qu’ai-je à faire de la multitude de vos sacrifices ? dit l’Éternel. Je ne prends point plaisir au sang des brebis et des boucs ». « Quand vous me présentez des offrandes, je ne les regarde pas! (Amos 5) Et parce que « l’amour de la maison du Père fait son tourment », Jésus vient faire le ménage et mettre de l’ordre dans ce qui est faussé.

    Qu’est ce qu’il voulait dire à ses contemporains ?

    « Détruisez ce temple dit jésus, et en 3 jours je le relèverai » C’est comme s’il disait:  » vous pouvez détruire le temple, puisque je suis là ! »
    – le lieu de la présence de Dieu, c’était le temple : Jésus est présence de Dieu.
    – Le lieu de la parole de Dieu, c était le temple : Jésus est la parole de Dieu, le « logos ».
    – Le lieu du culte rendu à Dieu, c’était le temple : Jésus rend gloire à Dieu.
    null
    Ses disciples n’ont compris qu’après sa résurrection, ils ont fait le rapprochement avec cette autre parole du Christ : « l’heure vient où vous adorerez ni au temple de Jérusalem ni au mont Garizim. Les vrais adorateurs adoreront en esprit et en vérité ! (Jean 4-23)
    C’est que le peuple a détourné la fonction 1ère du temple qui est un lieu sacré, pour en faire un lieu de trafic et de commerce juteux, sous le prétexte fallacieux d’offrir des sacrifices agréables à Dieu.
    La maison de Dieu c’est une maison de prière, d’accueil et de dons réciproques. En Dieu tout est don gratuit…

    Ne faisons pas de la prière un trafic. Prier ce n’est pas marchander avec Dieu. Donnant donnant, plus je donne, plus Il me donnera ! Pour obtenir quelque chose de Dieu, il faut y mettre le prix ? Non ! La prière n’est pas un trafic… surtout pas un trafic d’indulgences (!) ou de messes à payer !
    – Qui serait ce Dieu qui attendrait d’avoir sa ration d’encens et d’offrandes pour intervenir ?
    – Qui serait ce Dieu qui ne se laisserait toucher qu’au termes de prières interminables et de mortifications sévères ?

    Jésus ne veut pas qu’on défigure à ce point le visage de son Père. « Ne priez pas comme les païens qui s’imaginent que c’est à force de paroles… (…)

    Qu’est ce qu’il veut nous dire aujourd’hui?
    – On ne prie pas pour le mettre au courant de nos soucis mais parce qu’ Il sait ce dont nous avons besoin !
    – On ne prie pas pour qu’il agisse, mais parce que nous savons qu’il agit pour le meilleur !
    – On ne prie pas pour être aimé de lui, mais parce qu’ on est aimé de lui!
    Ce n’est pas nous qui faisons pression sur Dieu par nos prières et sacrifices, c’est Dieu qui nous prie humblement de nous laisser agir sur notre cœur !

    Le vrai sacrifice n’a t’il pas pour objectif de créer un espace intérieur purifié en soi, où Dieu lui-même peut entrer pour faire entendre sa Parole ?

    nullPar mon baptême, je suis devenue le temple de l’Esprit, la maison du Père. Mon cœur n’est-il pas parfois comme une place publique bruyante où l’on ne s’entend plus ? Encombré par les propositions aguichantes et inutiles des nouveaux marchands du temple…

    Et si je faisais l’état des lieux ? L’heure vient où nous reconnaitrons sa présence à fleur de visages : « ce que vous ferez au plus petit, c’est à moi que vous le ferez. »
    Et si je nettoyais ? (noblesse oblige !) mon corps et mon cœur temples de Dieu, pas moins ! Sinon, si le seigneur n’est pas en nous et au milieu de nous, allons chercher un fouet !

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