Dans ce texte, il s’agit apparemment d’un service, le plus quotidien : servir à table !
Nous avons tendance en lisant ce passage, d’opposer Marie et Marthe ; de préférer l’une sur l’autre ou de joindre les deux pour faire l’équilibre entre une vie contemplative et une vie active.
« Deux prépositions distinguent les sœurs dans le texte grec. Pour Marthe, c’est ‘peri’, elle est agitée ‘autour’ de beaucoup de choses. Pour Marie, c’est ‘para’, elle reste ‘auprès’ de quelqu’un » .[1]
Le fait d’être « autour de beaucoup de choses » fausse la demande de Marthe ; en fait, il s’agit d’un reproche et pas d’une demande ! Elle essaye de mener Jésus et Marie dans un cercle de culpabilité, de calcul et d’autorité. Elle « force » le service en l’accaparant.
Or Jésus la mène dans une autre logique. Il l’appelle par deux fois : Marthe, Marthe… une forte interpellation ! pas une seule fois, mais deux fois ! comme si Jésus la réveille, lui ouvre les yeux et le cœur ; lui donne de sortir de « l’esclavage du service » pour entrer dans une gratuité qui libère la personne elle-même et avec elle toutes celles qui l’entourent.
Jésus protège à la fois, Marie et Marthe et ouvre devant elles un nouveau chemin de fraternité et d’entraide.
Il manquera quelque chose toujours dans le service… ce n’est pas grave… ce qui importe, ce sont les personnes qui sont au service… des personnes libres, qui se mettent au large et mettent les autres au large, des personnes qui font du manque un lieu d’hospitalité décoré par l’Amour.
[1] Marie BALMARY, Ce lieu que nous ne connaissons pas, Albin Michel, 2024, p. 122.
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