Comme le dit un écrivain contemporain : «Je suis athée. Je suis anticlérical. Je suis un laïc militant, un rationaliste obstiné, un impie rigoureux. Et pourtant, je me trouve ici, dans un avion à destination de la Mongolie en compagnie du vieux vicaire du Christ sur la terre, m’apprêtant à l’interroger sur la résurrection de la chair et la vie éternelle. C’est pourquoi je suis monté dans cet avion : pour demander au pape François si ma mère verrait mon père après sa mort, et pour transmettre sa réponse à ma mère. Voilà donc un fou sans Dieu poursuivant le fou de Dieu jusqu’au bout du monde. [1]»
Rien de nouveau sous le soleil : le piège tendu ou la véritable question de la résurrection semble toujours obséder les hommes, et, depuis des siècles, aucune réponse claire, «certaine», et satisfaisante n’a été trouvée par les questionneurs.
Que dit Jésus dans le récit qui nous est proposé aujourd’hui ? Sans doute qu’il est nécessaire de décaler notre regard et de nous décentrer de nous-mêmes pour faire confiance aux paroles et à l’espérance de personnes qui nous ont précédées. C’est également vrai pour la soif secrète et parfois insoutenable qui se trouve en nous-mêmes. Et répondre à cette question : qui veut savoir si les morts ressusciteront ?
Aujourd’hui comme hier, il s’agit incontestablement de se déplacer, ou plutôt de consentir à l’être. Comment, en effet, entrer dans la connaissance de ce qu’aucun œil n’a jamais vu, aucune main n’a touché, aucune oreille n’a entendu ? Le seul chemin possible est encore et toujours celui de la confiance, de la folle espérance en l’amour qui ne peut avoir de fin.
Comme le confesse un autre écrivain contemporain, le croyant habite paisiblement le mystère. Mais ce n’est pas sans combats, car, pour recevoir, il faut consentir à se laisser sans cesse déposséder de certitudes acquises à force de raisonnements. C’est être « comme les anges », dans un ailleurs et un autre temps qui nous échappent.
[1] Javier Cercas, le fou de Dieu au bout du monde, Actes Sud, septembre 2025.
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