Matthieu 18,1-5.10

Etre grand dans le Royaume
Visiblement, la question occupe l’esprit des disciples et peut-être en tourmente certains. « Qui donc est le plus grand dans le Royaume des Cieux », c’est-à-dire parmi nous ?
La réponse de Jésus, fidèle à lui-même, consiste à déplacer celui qui s’adresse à lui. Jésus n’entre pas dans le cadre de la pensée des disciples assoiffés de reconnaissance, de statut social et religieux, voire de prestige, y compris dans les questions qui traitent du Royaume. Nous pouvons sourire mais en définitive, cela nous rejoint dans nos considérations trop humaines.
Donc Jésus ne répond pas par des mots mais par un geste, celui de placer un enfant au milieu d’eux. Surprise, voire mécontentement de certains disciples. Qu’est-ce que cela veut dire ? Décidément le Maître de Nazareth a des initiatives surprenantes. Il nous emmène là où nous ne voudrions pas aller.
Notre foi au Christ dans sa passion, sa mort, sa résurrection nous montre la préférence de Dieu dans l’absence de grandeur. « Pour montrer qui il est, Dieu s’est révélé dans l’impuissance de Nazareth et du Golgotha. » Benoît XVI, Le sel de la terre p.20-22
Là où les disciples ont des visées trop humaines d’ascension socioreligieuse, Jésus nous montre à qui nous devons ressembler. Qu’est-ce qu’un enfant ? Une merveille de Dieu !
L’enfant conçu par ses parents est destiné à se laisser aimer. L’enfant pour grandir est totalement dépendant des soins de la mère avant tout et de la présence du père. L’enfant reçoit cet amour en gratuité. Même dans les pires situations d’abandon, l’enfant naît et ne se développe que s’il existe sous un regard qui lui donne avenir et espérance. Ce visage lui donne la vie par sa parole. L’enfant est par essence celui qui se reçoit d’un autre.
Jésus invite les disciples que nous sommes à devenir comme un enfant. Cela nous renvoie à la croissance dans l’Esprit à laquelle nous sommes conviés dans le baptême. Notre vocation est d’être enfant bien-aimé du Père et de se recevoir de son amour. L’enfant est à l’antipode du projet humain de grandeur. Il grandit dans l’Esprit, en présence de Dieu dans son regard aimant. Pour Dieu, regarder c’est aimer, nous dit Jean de la Croix. C’est sans doute ce que signifie la présence de ces anges qui nous gardent !

Image : L’Enfant de Bethleem –Epiphanie ,Augustin Frison-Roche, Collège des Bernardins, Paris Janvier 2025

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