La porte

Nous ne pouvons te rencontrer que sur les seuils, c’est-à-dire partout, à chacun de nos pas. Visible ou invisible, tu n’as qu’une seule fonction : ouvrir.

Même lorsque tu sembles fermée, c’est toujours pour désigner une ouverture, pour nous aider à faire le deuil de ce que nous croyons à tort être une chance ou une réponse à notre désir. Tu te fermes sur l’illusoire et le mensonger et tu ouvres toujours au nouveau, au lumineux et à la vie.

Door to the river, Willem de Kooning, 1960.

Je reconnais que parfois nous te forçons à te fermer pour être témoin de tant de peurs, de tant d’atrocités, de perversions, de trahisons et de violences. Oui, parfois nous pouvons te voler ton être, te précipiter dans une phase d’aliénation qui crie la nôtre. Et tu attends. Tu attends qu’un faiseur de lumière vienne te délivrer, t’ouvrir, et te permettre de laisser venir à la lumière ce que nous voudrions à jamais garder caché.

Ainsi, lorsque tu n’es que fermeture, tu n’es pas toi-même ; lorsque dans la fermeture tu as à l’esprit de l’ouvert, tu es dans ton élément, et, malgré l’impression que nous pouvons avoir devant ton insistance, nous finirons toujours par entendre l’appel de la voix qui t’anime et par renoncer à t’ouvrir à tout prix lorsqu’il est bon pour nous que tu demeures fermée.

Compagne de nos traversées et témoins de tous nos passages, ton principal recours c’est sa Croix. Elle est le moment de l’histoire qui t’a révélé ta vocation et qui t’a confirmée dans ce que tu pressentais déjà. C’est pourquoi, toi, et avec toi toutes les portes d’après la crucifixion, vous êtes beaucoup plus entêtées et beaucoup plus efficaces que celles d’avant la crucifixion ; vous avez désormais un appui et n’êtes plus seules devant nos caprices !

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