Jean 13, 1-15

« Si je ne te lave pas, tu n’as pas de part avec moi ! »

Il peut être donné de passer de ce monde « à », en pleine lucidité et entouré « des siens », temps alors offert pour signifier le meilleur de soi, le désir d’aimer jusqu’au bout.

Le tout de l’amour « jusqu’à la fin » de Jésus pour les siens se donne à voir et entendre dans le récit du lavement des pieds. Ce sacrement du service des frères commence par des gestes, dans un silence venant les amplifier : se lever de table, déposer ses vêtements, prendre un linge, s’en ceindre, mettre de l’eau dans un bassin, et, de Très-Bas, laver les pieds de ses disciples.

Jésus accomplit ces gestes dans le cadre d’un « alors que » et d’un « sachant que ».

« Alors que » dit une réalité que Jésus a côtoyée toute sa vie durant, au cœur même de son combat : la présence indéniable du tentateur, du malin, du Satan parmi les siens, celui qui dépose en nous et parmi nous des intentions mauvaises.

Le « sachant que » dit le point d’appui intérieur de Jésus, son roc, sa citadelle, la Source et le Terme : le Père qui a tout remis entre ses mains, d’où il procède et vers qui il passe.

Nous devons à Pierre de recevoir de Jésus une parole renvoyant à son geste. Le « non, jamais » de Pierre dit à quel point le choix de Jésus vient inverser radicalement sa logique, une logique d’invulnérable, qui refuse de s’ouvrir au seul nom qui puisse le sauver (Ac 4, 12). « Si je ne te lave pas, tu n’as pas de part avec moi ! ». Voilà ce qui nous est dit en ce jeudi Saint.« Plus tard, tu comprendras », un plus tard vraiment ultime pour Pierre, car il comprendra seulement au moment de son reniement, expérience décisive qui lui arrachera des larmes, brèche, ouverture à la vulnérabilité. Qui de nous n’a besoin d’être sauvé ?

« Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ? Vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns des autres ».

Qu’est-ce donc se laver les pieds les uns des autres, sinon se taire, pour laisser l’Autre, à travers l’autre, laver, aimer, sauver ce que je ne peux aimer en moi, en toi. C’est l’unique lieu d’où recevoir de Lui de devenir des frères.

 

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