Jean 17, 11b- 19

L’évangéliste Jean a cette particularité de vouloir nous rendre témoins de la prière de Jésus en faveur des « siens qui étaient dans le monde », prière adressée directement au Père en des mots que nous connaissons presque par cœur, au risque de ne plus entendre ce qui s’y dit…. Comment en retrouver la saveur originelle ? En relisant longuement et lentement cette prière, la laissant se distiller en nous, avec son poids « testamentaire » ….
« Père saint, garde-les dans ton nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un comme nous.Quand j’étais avec eux, je les gardais dans ton nom que tu m’as donné pour qu’ils soient un comme nous » (v 11-12).
De son vivant, en gardant ses disciples dans le nom du Père, Jésus était icône du Père à qui revient ultimement de nous « garder en son nom ». De ce lieu du « nom du Père », il nous est donné de nous recevoir les uns des autres en frère…. Qu’as-tu fait de ton frère ? (Gn 4, 1-12) ? Que d’obstacles en nous et autour de nous, à cette authentique et unique « fraternité », au regard d’une autre fraternité, gravée sur les frontons, inscrite dans les déclarations et constitutions de tout genre mais privée de ce qui la constitue !
« J’ai veillé et aucun d’eux ne s’est perdu, sauf le fils de perdition, afin que l’Ecriture fût accomplie » (v 12).
« Aucun sauf… ». Pourquoi cette limite à la toute puissante bienveillance du Fils ? L’accomplissement des Ecritures n’est pas une fin en soi, mais elle contient l’annonce du salut qui n’esquive pas les chemins de perdition que nous empruntons de nuit (Jn 13, 30). Là, plus qu’ailleurs, en sa passion, le Fils a veillé : « aux jours de sa chair, ayant présenté, avec une violente clameur et des larmes, des implorations et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et ayant été exaucé en raison de sa piété……il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent principe de salut éternel » (Hb 5, 7-9).
« Je ne te prie pas de les enlever du monde, mais de les garder du Mauvais » (v 15).
Au regard de l’Histoire, et à regarder le cœur de l’homme, cette prière du Fils a-t ’elle jamais été exhaussée ?
« Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité » (v 17).
Ne pas être du monde, c’est nous distancier de ce qui en nous n’accueille ni ne reconnait « le Verbe, lumière véritable » ; « La lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie » (Jean 1, 5.9). Comment « ne pas être du monde » tout en étant pas enlevé du monde » ? En nous tenant en ce lieu qu’est « la parole » qui nous sanctifie car l’Evangile nous tire du côté des chemins de vie, non de perdition.

« Qu’il ne soit plus jamais question du monde. De lui, je ne veux plus entendre parler. Des gens, oui. Des métamorphoses de leur visage, de leurs anesthésies spirituelles et de leurs sursauts de réveils, oui. Et leurs paroles brusques comme une patte d’ours. Mais le monde, ce plancher pourri sous leurs pieds, qu’il aille au diable » (Christian Bobin, La nuit du cœur).

Un commentaire

  1. JE LES GARDAIS UNIS DANS TON NOM… J’AI VEILLÉ SUR EUX, ET AUCUN NE S’EST PERDU, SAUF CELUI QUI S’EN VA À SA PERTE… JE LEUR AI DONNÉ TA PAROLE, ET LE MONDE LES A PRIS EN HAINE (Jn 17, 11b-19). L’unité du PÈRE et du FILS a été si forte, que même les puissances de la mort n’ont pas pu avoir le dessus sur elle. Et c’est dans cette unité que le CHRIST veut nous associer. Et chacun est acteur et responsable du maintien et de sa survie dans cette unité. Car, malgré le fait que DIEU nous associe à son amour, IL maintient en nous un espace de liberté, qui nous permet d’accepter ou de refuser, d’adhérer ou non à cet amour, ainsi qu’au projet divin de Salut. DIEU veille sur chacun de nos pas ; IL nous inspire, à travers l’Écriture sainte ; il motive notre agir ; et quand nous trébuchons, IL est encore le premier à nous tendre la main, en signe d’attention et d’amour. Et pourtant, l’Homme reste libre de dire ‘‘oui’’ ou ‘‘non’’ à cet amour. Mais, c’est dans cette liberté et responsabilité que chacun a à répondre et à rendre compte. DIEU joue sa partition, en convoquant l’homme à s’engager encore plus à sa suite et à y jouer aussi la sienne. DIEU veille, mais c’est en vain si l’Homme ne s’y engage pas aussi véritablement. L’arbre ne peut produire de bons fruits, si la tige se détache du tronc. Toutefois, dès lors qu’elle reste liée à l’arbre, naissent d’autres conflits externes. Ainsi, croire ce n’est pas simplement s’exposer continuellement à toute forme de critique, mais davantage, s’efforcer de professer notre foi, au milieu des incompréhensions et des contradictions du monde. Croire c’est s’efforcer de rester fidèle à la Parole de DIEU, même quand celle-ci interpelle notre conscience et nous fait signe, pour une conversation efficace. À ceux qui accueillent la triste réalité de leur vie comme un chemin de maturité et de transformation intérieure, DIEU ouvre toujours une porte de Salut. Bonne nouvelle de méditation et de travail
    Abbé KANDI ACHILLE, Archidiocèse de Bertoua

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