Ce fut tout d’abord, un matin gris pour une poignée de sept disciples (Pierre, Thomas, Jacques et Jean et deux anonymes dont nous sommes peut-être ?) pas tout à fait ressuscités. Ils s’en retournaient, de nuit, à leurs anciennes affaires de pêche. Eux qui, au début de l’évangile, avaient tout quitté pour suivre cet homme de Nazareth qui leur avait intimé un : «  Venez et vous verrez » (Jn 1,39), se tournent tristement vers leur passé « antérieur ».

Qu’ont-ils pu ne pas voir ou ne pas entendre, pour qu’après ces années de compagnonnage et d’amitié, ils aient déjà tout oublié, incapables de faire mémoire de leur traversée avec Jésus ou même de s’accrocher à son apparition, le soir de ce premier jour de la semaine, jour de la Résurrection (Jn 20,19) ? Ils n’ont visiblement pas encore intégré ce changement de présence, et c’est pourtant la troisième fois que Jésus leur apparaît !

Il y eut un matin, où Jésus, au lever du jour, se tenait près du rivage…

Un dialogue renaît entre le rabbi et ses disciples fait de questions-réponses sur ce quotidien si simple que le Ressuscité veut habiter en profondeur. « Les enfants, auriez-vous quelque chose à manger ? » (v.5) ; « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. » (v.6) ; « Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre. » (v.10) ; « Venez manger. » (v.12).

Il y eut un matin de lumière et de paix intérieure…

Il y eut d’abord ce cri lancé par le disciple bien-aimé : « C’est le Seigneur ! » (v.7), puis le signe de la multiplication par les filets remplis de poissons (v.8.11), et enfin ce repas partagé comme une  eucharistie, repas au cours duquel les yeux se dessillent enfin (v.13).

Mais surtout, il y eut ce long silence sans question aucune : « ils savaient que c’était le Seigneur » (v.12). Dieu était et cela suffisait. Deux présences qui se reconnaissent et se répondent à l’intime, comme une oraison silencieuse en acte de pure conscience.

Il est là, je me tiens là et nous sommes ensemble… C’est tout !