Luc 13, 10-17

© Photo Lee Chapman

Le visage d’autrui appelle ma responsabilité[1]. Courbée depuis dix-huit ans, la femme de l’Evangile ne peut plus regarder les autres de visage à visage, et personne ne peut se tenir en vis-à-vis avec elle ! Elle est coupée de ses relations, le regard tourné vers le sol, vers la terre, vers la mort…

« Il fallait » que Quelqu’un la voie, la cherche du regard pour la sortir de son isolement. Sans quoi, elle serait restée tournée vers le néant, devenue étrangère au monde des humains.

Jésus la cherche, l’envisage et lui parle, il la redresse d’entre les oubliés, d’entre les exclus, d’entre ceux qui n’ont plus visage dans la société : le sans domicile fixe à côté duquel nous passons en détournant le regard, le comateux que l’on traite de légume, le sans papiers que l’on renvoie loin de notre vue, le malade réduit à sa pathologie ou à son numéro de chambre…

Envisager celui qui n’existe plus pour la société ne pouvait se faire que le jour du Sabbat ! Car, ce n’est pas un travail, c’est l’être-même de Dieu, qui le premier cherche l’homme, le désire et le met debout. Regarder l’autre, l’envisager, c’est lui permettre d’exister … Nos yeux seront-ils des fenêtres qui donnent vie ou des murs qui enferment et tuent ?

[1] Cf. Emmanuel Levinas

Un commentaire

  1. UNE FEMME, POSSÉDÉE PAR UN ESPRIT QUI LA RENDAIT INFIRME DEPUIS DIX-HUIT ANS ; ELLE ÉTAIT TOUTE COURBÉE ET ABSOLUMENT INCAPABLE DE SE REDRESSER… « FEMME, TE VOICI DÉLIVRÉE DE TON INFIRMITÉ » (Lc 13, 10-17). Certaines situations de la vie sont tellement difficiles et longues, qu’elles finissent par devenir notre quotidien, et l’espoir d’en sortir finit par devenir moindre. Après dix-huit ans de souffrance, de maladie, où l’esprit impur a fini par la rendre infirme, incapable de se redresser, cette femme a dû s’inventer un autre mode de vivre avec sa maladie. Infirme, toute courbée et incapable de se redresser, il a été privée, depuis dix-ans de contempler le ciel, d’élever son regard vers le Tout Puissant, avec DIEU qui accorde toute grâce et bénédiction. Et ce même DIEU qui vient à elle, alors qu’elle n’a jamais cessé, malgré sa souffrance, d’aller à la synagogue, pour prier. Les fruits de la prière ne sont pas toujours ce que nous attendons ou souhaitons. Il en est de même pour l’intervention de DIEU dans notre vie : son temps n’est pas le nôtre. De la même manière, aucune prière n’est jamais perdue, à condition que nous y demeurons persévérants et confiants. Or, JÉSUS, pour guérir cette femme, doit se confronter aux pharisiens, IL doit user de son autorité, chercher des arguments pour convaincre et défendre la cause des sans voix et de ceux qui sont sans défenses, parce que toujours torturés, maltraités et marginalisés par ceux qui en ont le pouvoir et les moyens. Mais, chaque descendant d’Abraham, héritier de la foi en DIEU, a droit au Salut divin. Et pour ce faire, le sabbat ne doit pas être un obstacle, quand il s’agit de sauver une vie, de libérer une âme prisonnière depuis dix-huit ans. Car, DIEU est l’espérance des hommes, le nouvel horizon qui s’ouvre toujours, lorsque nous croyons que tout est perdu. Or, pour que cette espérance produise et porte du fruit, l’Homme ne doit pas cesser de croire ni de prier. Et lorsque la prière devient notre quotidien, indépendamment de nos difficultés, la grâce de DIEU peut agir à tout moment. Malgré dix-huit années de souffrance, la femme infirme, courbée et incapable de se redresser, n’a jamais cessé de prier, c’est-à-dire de venir au temple. La prière n’est pas une roue de secours ou une monnaie d’échange qui ne sert qu’en cas de besoin. Tout au contraire, elle est la substance qui nourrit la vie de l’Homme, la grâce qui alimente nos actions, nos projets et nos pensées. Bon début de semaine de méditation et de travail
    Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua

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