Luc 7, 11-17

Jésus emprunte toujours la porte du réel contre lequel on ne peut que se cogner. Et jamais il ne détourne le regard de ceux et celles qu’il croise et qui, comme tant d’êtres humains, sont confrontés à l’intolérable de la souffrance. Il ne répond pas à la souffrance par le vagabondage fou de l’imaginaire.
Ici, il rencontre la douleur d’une femme dépouillée. On porte son fils unique en terre, en dehors de la ville. Lui-même sera crucifié « hors les murs ». La mort et le mort sont toujours mis « dehors » ; ils sont contre-nature. Et voilà la veuve de Naïm seule pour affronter l’immense déchirure, la perte sans mesure.

C’est occulter cependant la rencontre avec un Seigneur qui communie à sa peine jusqu’en ses entrailles. Il parle et invite cette femme à sécher ses larmes, arrête les porteurs, « touche » ce qui le rend « officiellement » impur. Il parle surtout pour acculer la mort à rendre ce qu’elle avait pris : l’élan d’une vie et ses promesses. Et voilà que le verbe circule et dit à nouveau la vie porteuse d’un avenir. Le fils unique peut reprendre une place en ville, au cœur des relations.

Que faire devant un tel signe, si ce n’est y reconnaître une surprise de Dieu, sa visite à l’intime de nos histoires ?

Je te loue, Seigneur, de n’avoir jamais donné de justification
au mal, d’avoir […] exposé tes entrailles à la souffrance humaine

Je te loue, toi le Dieu incarné, de t’être affranchi des prisons
de nos théologies pour venir vivre
dans les limites que pose un corps le vertige de l’insécurité

Je te loue, toi le Dieu d’ici et maintenant,
de supporter la déchirure de la vraie compassion, de laisser
à nos douleurs l’espace pour s’exprimer[…]

Je te loue, toi le Dieu de la délicatesse, d’avoir pour nos blessures
le respect d’un blessé
et d’ouvrir, dans le même temps, le cercueil
des jours où nous voulons nous enfermer. (MMC)

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