Marc 7, 24-30. 3

La femme persiste
Voici une femme qui ouvre les frontières de la foi, les barrières qui délimitaient l’espace réservé au peuple élu. Jésus en est sans doute le premier surpris. Est-ce donc possible ?
S’il nous est tantôt facile de le reconnaître Fils de Dieu, tantôt plus aisé de le voir homme parmi les hommes, les résistances arrivent dès que nous professons que Jésus de Nazareth est l’un et l’autre.
Ici, nous aimerions peut-être découvrir que son comportement et ses paroles ne sont que divine pédagogie pour ses adversaires, ses disciples et les étrangers.
Mais n’est-il pas plus heureux de toucher du doigt combien il n’a pas été facile pour lui d’être ce Fils de l’Unique, homme parmi les hommes qui chemine avec eux pour dire la tendresse de Dieu ? Il a appris, discerné, et a été poussé à la nouveauté par celles et ceux qu’il a rencontrés.
Dans le contexte, Il ne cesse d’être confronté à l’opposition des chefs religieux de son peuple, à leur rigidité pétrie de règlements et d’observances strictes ; il y réagit vivement. Les disciples eux-mêmes ont été recadrés : « Etes-vous sans intelligence ? » Et voilà que Jésus s’est retiré dans une ville étrangère. Surgit alors, au hasard de Dieu, cette femme triplement impure – femme, ayant chez elle un esprit impur et étrangère de surcroît -. Cette non-juive est la seule femme de l’évangile à l’appeler « Seigneur ». Jésus refuse sa demande. Sa réponse est cinglante. Ce n’est pas ainsi qu’on aime le voir !
Mais la femme n’est ni écrasée, ni découragée, ni enfoncée dans son impuissance. Elle persiste avec grande humilité. Pour poursuivre le dialogue, elle accepte d’être identifiée aux petits chiens. N’est-elle pas la seule interlocutrice, dans l’évangile de Marc, à soutenir un dialogue d’égal à égal avec Jésus ? Sa manière pertinente de répondre fait changer Jésus d’avis ! Pour lui, c’est une révélation : effectivement les enfants d’Israël laissent tomber des miettes sous la table. Et même plus que des miettes. En refusant ce que Jésus apporte, en ne comprenant pas la saveur du Royaume.
Cette femme a ouvert la générosité de Dieu à toute la terre. Il suffit parfois de peu pour cela : être soi, au meilleur et même au plus obscur.

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