Matthieu 18, 1-5.10.12-14

Au milieu

© CSJ Mechref, Moutons à Ehmej

« Ô cœurs si lents à comprendre et à croire ! », telle aurait pu être la réponse de Jésus face à l’énième bourde de ses disciples. Jésus vient de manifester sa divinité à la Transfiguration, et de leur annoncer par deux fois sa Passion à venir, son chemin pascal, sa descente au plus bas des humiliations et des souffrances… Jésus va tout perdre, mais eux, sont dans la surenchère. Jésus leur parle de pauvreté et de renoncement, mais eux sont dans la comparaison, la recherche de la réussite de leurs projets humains, et l’ambition.

Jésus ne se met pas en colère, mais il va leur apprendre à se décentrer, en appelant au milieu d’eux [enmeso] celui qui est habituellement aux périphéries de leur considération et de leur intérêt : l’enfant.

Avec Jésus, c’est cet enfant démuni et confiant qui va prendre toute l’attention du groupe et devenir « grand » dans le Royaume. C’est le tout petit et le méprisé qui a du prix aux yeux de Dieu, c’est la petite brebis égarée et retrouvée qui remplit de joie son cœur de berger.

Au milieu, c’est normalement la place de Jésus. Il est au milieu d’eux, comme il est au milieu des foules, comme il le sera sur la croix entre deux autres condamnés, et comme il le sera à chacune de ses apparitions après sa résurrection : « Jésus vint au milieu d’eux ».
Il cède pourtant sa place à cet enfant pour montrer à ses disciples que cette première place si convoitée par eux, est aussi la dernière qui passe par l’humilité et le service… Il le leur annonce par avance. Ce qu’il doit vivre —pour répondre parfaitement, en Fils, au désir du Père— c’est prendre la place honteuse de l’honni. Car il est lui-même l’enfant du Père, le méprisé aux yeux des puissants qui le feront tomber en le condamnant et le crucifiant, il est cette petite brebis perdue aux yeux des hommes, muette et conduite à l’abattoir, cet agneau sans tâche et immolé.

Convoiter la première place, c’est cela : assumer totalement le chemin d’abaissement du Christ. Alors oui, si nous souffrons avec lui, avec lui nous régnerons ; et si nous mourrons avec lui, avec lui nous vivrons (2Tm 2,11-12). C’est le chemin de la sainteté, celui vécu par Maximilien Kolbe dont l’Église fait mémoire aujourd’hui.

Un commentaire

  1. « QUI DONC EST LE PLUS GRAND DANS LE ROYAUME DES CIEUX ? » … CELUI QUI SE FERA PETIT COMME CET ENFANT, CELUI-LÀ EST LE PLUS GRAND DANS LE ROYAUME DES CIEUX (Mt 18, 1-5.10.12-14). La réalité du royaume de DIEU échappe très souvent à l’entendement humain, certainement parce que l’Homme ne pense ni ne voit les choses selon le cœur de DIEU. Là où l’Homme exalte le pouvoir et la gloire, DIEU prône le pardon, le service ; là où l’Homme met en avant son orgueil, l’autorité, la guerre et autre forme de violence, DIEU encourage l’humilité, propose des voies d’unité, de dialogue, ne pas résister aux méchants, être le premier à militer pour la paix, prier pour les ennemis et ceux qui font le mal ; là où l’Homme aurait certainement profité de son pouvoir pour s’enorgueillir et dominer sur les autres, DIEU a pensé le pardon, l’abaissement ; là où l’Homme use de sa position pour dominer et faire sentir sa force, DIEU se pose en serviteur, se faire le dernier de tous. Et quand DIEU parle de pauvreté et de simplicité de cœur, l’Homme est dans la surenchère, nourrit des ambitions, prêt à exploiter le prochain. Face à tout cela, qui donc est le plus grand dans le royaume que vient inaugurer le CHRIST ? Sur quels critères se fondent la grandeur divine ? Sentir ou voir les choses avec le cœur et les yeux de DIEU, c’est renverser l’ordre du monde, tel que nous le concevons habituellement, où les plus forts piétinent les plus faibles et où les grands font sentir leur pouvoir. Le plus grand n’est certainement pas celui qui a le pouvoir de tout anéantir, mais celui qui aura le pouvoir et les capacités d’inaugurer des voies de Salut pour tous. Et ceci demande un minimum de lucidité, d’humilité, de bon cœur et d’ouverture. Être grand aux yeux de DIEU, ce n’est pas d’abord accomplir de grands miracles, mais c’est être capable de changement, de convertir son cœur et ses pensées, pour devenir comme un enfant, c’est-à-dire obéissant, disponible et serviteur de tous. Être grand c’est aussi être capable d’aller dans les coins les plus retirés, parfois les plus méprisés, pour prendre soin de ceux qui s’y trouvent, de ceux dont on a peu de considération. Pour donc répondre à la question des disciples, à savoir qui est le plus grand, JÉSUS met au milieu d’eux un enfant, c’est-à-dire qui fait partie des couches défavorisées, mais dont les anges contemplent sans cesse la face de DIEU. Ainsi, être grand, c’est savoir prendre soin des plus petits et des plus défavorisés. Bonne journée de méditation et de travail
    Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua

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