Voici une guérison faite en un clin d’œil et en public : Jésus descend vers la plaine, suivi des foules nourries de son long sermon sur la montagne. Matthieu a étalé sur trois longs chapitres les enseignements de Jésus inaugurés par les Béatitudes.

Et voilà qu’en quatre courts versets, l’action en raccourci (une demande, un geste accompagné d’une réponse, une interdiction et une recommandation cultuelle) propulse le lecteur sur une sorte de transgression.

Comment ce lépreux, l’exclu car déclaré impur, est-il là ? si proche d’eux ?

Pourquoi ne crie-t-il pas « impur ! Impur ! » comme le commande la loi (Lv 13,45) ? Qu’a-t-il entendu de ce que Jésus a dit qui le presse à braver cet interdit de la loi mosaïque concernant le mal de sa lèpre ? Pourquoi Jésus qui, précédemment, a déclaré qu’il ne changeait pas un iota de la loi (Cf. Mt 5,17), se laisse t-il approcher par lui  et exauce sa demande ?

Voilà le Sermon, la belle Parole en acte de pure charité, de compassion, comme une descente absolue vers le prochain. En une écoute profonde de celui qui est malade, isolé et exclu, surgit une réponse et un geste. C’est toute la miséricorde divine qui vient oindre le lépreux de son huile bienfaitrice. Oui, heureux est-il! car il voit Dieu révélé en Jésus.

« Je le veux ! » (v.3). Dieu « veut » que nous soyons sauvés, guéris et relevés, quelque soit notre état et la raison de cet état. En ce pur acte d’amour, Jésus condense toute la Loi et les prophètes, dans un prendre soin inconditionnel du prochain qui s’est fait proche de lui. Jésus dépasse les limites étriquées des lois humaines et des peurs, en accomplissant la Loi d’amour qui surpasse tout et dépasse tout.

Jésus réintègre, réhumanise l’homme et le renvoie vers le prêtre et l’offrande à Moïse. Jésus n’est pas un hors la loi. Il est en Dieu, il est le Fils de Dieu, il est Dieu sur terre. Il peut tout.