TRAVERSONS !

Alors qu’en ce Samedi Saint, toute l’Eglise demeure en silence auprès du tombeau vide, dans le recueillement et l’attente, une page blanche sur le site aurait sans doute été plus appropriée que cette méditation du jour, pour intégrer la force du Jeudi saint et toute la violence du Vendredi saint où culmine le message d’Amour et de Salut pour toute notre humanité…

Une page blanche de promesse déjà auréolée des friches de l’Aube nouvelle.
Une page blanche d’attente pour configurer notre cœur au faire place à Dieu et le rendre disponible à l’Annonce fracassante de la Vie plus forte que la mort…
Une page blanche d’inconnu pour souligner la fin de ce Carême 2020 si particulier, parce que vécu en solidarité avec des milliards d’hommes et de femmes, des vieillards jusqu’aux petits enfants du monde entier, tous confinés dans une grande vulnérabilité et abandon à la providence.
Une page blanche de désir pour tendre l’oreille à la voix de fin silence et son bruissement qui nous soufflerait déjà la Résurrection…?
Une page blanche et vierge pour laisser Dieu être ce qu’Il est, et le laisser libre de se donner à nous, comme il l’entend.
Une page blanche de silence pour laisser l’Évangile de Pâques résonner autrement en nous et se laisser surprendre par le jaillissement clair de l’Alleluia.
Une page blanche et vide en état d’offrande.
Il n’y aura pas d’autres mots que ceux de Christian Bobin et le silence de Jean de la Croix pour frayer un passage vers la vraie Vie et la Lumière qui n’aura pas de couchant.

Film, Tree of life de Terrence Malick, 2011

« Le silence est la plus haute forme de pensée, et c’est en développant en nous cette attention muette au jour, que nous trouvons notre place dans l’absolu qui nous entoure. Il nous appartient – quand tout nous fait défaut et que tout s’éloigne – de donner à notre vie la patience d’une œuvre d’art, la souplesse des roseaux que la main froisse, en hommage à l’hiver. »
(Christian Bobin, Le huitième jour de la semaine, 1986).

« (15 août 1578, dans un cachot de Tolède). Une minute passe, puis deux, puis trois… le silence règne à nouveau, et Jean se glisse sur la pointe de ses pieds décharnés entre les visiteurs endormis jusqu’à une fenêtre grâce à laquelle il va peut-être recouvrer sa liberté… […] Après son évasion, Jean rejoignit les religieuses de Beas. On raconte que, voyant qu’il était encore affaibli et abattu, elles s’efforcèrent de lui remonter le moral par une chanson. Elles choisirent tout naturellement une petite ritournelle sur le thème de l’amour et de la souffrance, mais Jean leur fit signe d’arrêter – il tremblait et pleurait –, puis il se tint debout pendant une heure, agrippé à un appui, en silence. […] ». Toute la vie et l’œuvre de Jean de la Croix s’appuient sur ce silence.
(Iain Matthew, L’impact de Dieu.Itinéraire spirituelle avec saint Jean de la Croix, Éditions du Carmel, Toulouse, 2015, p. 119 et 121).

Un commentaire

  1. Grand merci Nathalie pour ce silence « parlé » qui me donne des mots pour l’identifier… et qui me rejoint aussi fort que le premier commentaire a-liturgique. Belle fête de Pâques !
    Christ est ressuscité
    Il est vraiment ressuscité Alleluia Alleluia Alleluia !

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