Jean 19, 25-27

Jour de fête aujourd’hui. Nous aimerions peut-être avoir un texte d’exultation pour le célébrer. Et c’est un extrait de la passion qui nous est donné. Au pied de la croix de Jésus en agonie, des tout proches, quelques femmes dont sa mère et le disciple aimé. Une femme bouleversée, sans doute prise aux entrailles par les souffrances de son Fils. Bouleversée, si démunie qu’elle n’a pas un seul mot pour son unique. En totale incapacité de changer quoi que ce soit, elle ne peut qu’être là, immobile. Il n’y a plus rien à faire, plus rien à espérer. Mais, malgré la force et les prétentions de la mort, Marie ne se résigne sans doute pas à ne plus aimer et à ne plus être aimée. Et nous aussi, quand nous sommes atteints dans notre chair par la souffrance d’un proche, quand toute histoire semble s’arrêter et que tout devient solitude, ne nous surprenons-nous pas à penser, folie qui seule est acceptable, que la vie pourrait être de nouveau habitée.Face à ce qui résonne comme le non-sens absolu, nous n’en finissons pas d’espérer. Alors, une parole inespérée, venue du tréfond de la souffrance, nous est adressée de la part de Celui dont le cœur est transpercé, une parole forte sur laquelle l’inacceptable vient se briser. Désignant le disciple aimé, Jésus dit à sa mère : « Femme, voici ton fils » et au disciple : « voici ta mère ».
« Paroles de vie, paroles qui viennent à la rencontre d’un ressenti submergé par sa souffrance » [1] mais paroles qui donnent à entendre que nous vivrons encore de l’amour reçu et donné. « Etre aimé et aimer n’est-ce pas vivre ? Avoir la possibilité, malgré les transformations de la vie sur lesquelles nous avons peu d’emprise, d’aller non sans en être surpris vers l’avenir pour y vivre et passer des alliances nouvelles.

Ce qui se réalise à la croix n’est pas un salut éthéré, un salut à théoriser mais un salut à vivre qui déjà se fait entendre au travers de paroles qui invitent à s’ouvrir à des lendemains où les rejetons de l’amour partagé ne manqueront pas de germer et fleurir. Femme, voici ton fils, voici ta mère. » « [1]

[1] Cf Mgr Guyard,, évêque émérite du Havre

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