Luc 17, 26-37

« La fin d’un monde »
Une perspective est ouverte par Luc : la venue du Royaume dans l’histoire des hommes, discrète et subreptice (v.20-21), et l’avènement fulgurant du Fils de l’homme à la fin des temps (v.22-24). Mais sans aucune précision de temps ou de lieu, il revient à celui qui s’y prépare d’attendre et de veiller (Lc 12).
Où sera-ce ? Quand sera-ce ? Qui sera choisi ?
La sélection semble aléatoire : « l’une sera prise, l’autre laissée » (v.34-35). Rien dans la description en symétrique de Luc ne semble différencier les personnes prédestinées …
Qu’est-ce qui les différencie ?
Nous sommes, avec Jésus, introduits dans un nouveau monde de l’invisible, non plus dans le faire, dans ce qui se voit, dans la chair seule : manger, boire, acheter, vendre, planter, ou bâtir (v.27-28), mais dans l’être avec, dans la chair habitée d’un souffle qui ne se voit pas.
Ce que la description narrative de Luc ne nous décrit pas : c’est le consentement intérieur auquel chaque disciple de Jésus est appelé, son adhésion totale au Christ à l’intime de son cœur, la part de Dieu et du Royaume en lui.
C’est justement à ce passage d’évangile que fait référence Xavier Beauvois pour la dernière eucharistie des moines de Tibhirine, dans son film « Des hommes et des dieux » (2010). Après un long discernement personnel et communautaire de trois ans (1993-1996), chacun et tous ensemble s’offrent pour l’Algérie et pour son peuple. Cela n’empêchera pas leur enlèvement la nuit du 26 au 27 mars 1996. « Là où sera le corps, là aussi se rassembleront les vautours. » (v.37). Mais la fin du film n’a pas l’odeur du sang et de la mort, il se termine par cette marche dans la neige et la brume où le corps disparaît … et cette dernière image évanescente s’ouvre comme un passage.
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Un peu plus tard, devant la reconnaissance unanime et les récompenses du film, puis de tout le déploiement des média, mais surtout par l’approfondissement pastoral et théologique de la pensée du Fr. Christian de Chergé, nous avons tous compris que les frères avaient gagné.
Le monde ancien s’en est allé,
Un nouveau monde est déjà né :
Il s’est levé le jour de Dieu
Qui fait renaître terre et cieux.

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