Matthieu 5,20-26

«  Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens…, et moi je vous  dis… »
Le Maître nous fait passer en Sa propre Justice, celle née d’un Salut gratuit, de la miséricorde du Père de tous « qui crée en l’homme la Justice qu’elle exige de lui ». (VTB)
Un bonheur à goûter, selon les béatitudes, encore faut-il en avoir faim et soif! (Mt 5, 6)

Matthieu semble vouloir nous tester en nous amenant sur terrain.
« Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : tu ne commettras pas de meurtre… »
Non, nous n’avons jamais tué personne et nous nous lamentons si  facilement sur l’état de notre monde où règnent la mort et les meurtriers, nous glissant ainsi du bon côté, à la bonne place, celle des justes et des juges.
Pas si simple dit Jésus ! Car le meurtre commence dans ton cœur, dans l’expérience quotidienne de la colère, de l’insulte, de la malédiction, de l’adversité, qui peuvent  prendre bien des formes, à commencer par la pensée, et « mener à la mort » de l’autre et la mienne.

Le Jésus de Mt nous fait passer de ce qui est extérieurement observable, « la justice des scribes et des Pharisiens » strictes observants, à l’homme intérieur vu de Dieu seul, qui tel un miroir, le révèle à lui-même lorsqu’il porte son offrande à l’autel.

Là, face au « Juste » comme le nommera la femme de Pilate dans le procès du Christ, m’est renvoyée ma propre image, si éloignée de celle qu’a pétrie  le Créateur à l’Origine. Là, face à « l’Aîné d’une multitude de frères » peut monter en moi  le « souvenir » de ce « quelque chose que mon frère a contre moi ».

Tel les quatre points cardinaux, résonne à  quatre reprises le mot  de « frère »comme si tout l’univers l’appelait de ses vœux.  Mt. y  est  très attentif tout au long de son Évangile. Pour lui le Royaume des cieux est  Justice, Réconciliation et  Paix. Aussi poursuit-il  avec l’exhortation à faire la Paix avec notre adversaire « tant que nous sommes encore en chemin avec lui ». Une chance de devenir « frères » ? Sans aucun doute, puisque Jésus nous demande d’aimer même nos ennemis, pardonnant lui-même à ses bourreaux !

Écoutons Saint Jean en sa première lettre :
« Nous, nous savons que nous sommes passés de la mort dans la vie, puisque nous aimons nos frères. Qui n’aime pas demeure dans la mort.
Quiconque hait son frère est un meurtrier. Et, vous le savez, aucun meurtrier n’a la vie éternelle demeurant en lui.
C’est à ceci que désormais nous connaissons l’amour: lui, Jésus, a donné sa vie pour nous; nous aussi, nous devons donner notre vie pour nos frères. » (1Jean (TOB) 3)

Nous sommes bien loin du compte et parfois pris de découragement. Nous mesurons au quotidien notre connivence avec la mort et l’adversité qui règnent dans le monde.
Mais Matthieu nous donne à contempler ici la patience du seul Juste, qui  nous invite à ce « va » et « viens » de l’autel au frère et du frère à l’autel, même  si cela doit prendre toute une vie. (V.24) Il nous exhorte aussi à « nous mettre d’accord avec notre adversaire, « tant que nous sommes encore en chemin avec lui » ».
L’essentiel  n’est-il  pas  « justement » de «faire chemin » en Celui qui seul peut nous « ajuster » à Lui pour « devenir saints comme Il est Saint » ? (Mt 5,48 – Lv.19, 2)

« Seigneur fais de nous des ouvriers de Paix, Seigneur fais de nous de bâtisseurs d’Amour »

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