Matthieu 9, 9-13

Une nuit, comme le sommeil me désertait,je me suis mise à lire le dernier livre d’un auteur contemporain pour lequel j’ai une grande admiration et un grand attachement. Je pensais, non sans une certaine tristesse,que j’aurais été heureuse de l’avoir pour ami,mais la distance « sociale » entre lui et moi rendait impossible la réalisation de ce désir. Au même moment, et sans aucune explication, la télévision s’est allumée, et c’est la voix de Jean Vanier qui m’a surprise en pleine frustration. Voilà quelqu’un que j’aimais aussi énormément, mais vis-à-vis duquel rien ne me semblait impossible tant il était accessible. Celui qui comptait le plus à ses yeux, c’était Jésus, son ami, qu’il reconnaissait aussi en tout homme. Comparant ceux que mon désir réunissait, Je pensais : avec Jean Vanier, nul besoin de recommandations mondaines, littéraires ou autres pour être son ami. L’intrusion médiatique du fondateur de l’Arche m’a ôté le poids d’un désir impossible à satisfaire qui polluait ma nuit. La tristesse sournoise s’est aussitôt envolée. Et j’ai pensé : c’est encore tellement plus vrai avec Jésus !
C’est bien ce que nous redisent l’Évangile et la fête de ce jour. Bienheureux Matthieu ! Que ne pourrais-tu dire du regard de Jésus, de ses paroles.
Au lieu de ne fréquenter que la bonne société, celle dans laquelle il faut un laisser-passer pour pénétrer, Jésus entre à l’improviste dans un milieu que les bien-pensants réprouvaient.Il ne craint pas de scandaliser des pharisiens qui se croyaient facilement supérieurs aux autres. Cependant, contrairement aux apparences, c’est avec soin que Jésus choisit ses disciples et ses amis. Son critère ? C’est son secret ! Mais à bien entendre sa parole, on le devine : « Ce ne sont pas les biens portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. » A charge pour chacun d’entre ceux qui désirent être parmi ses proches, de reconnaître qu’ils ont besoin de lui. La seule chose qui importe : savoir de quel côté ‘on’ se trouve. Faisons-nous partie, souvent à notre insu, des « bien-pensants » ou osons-nous prendre place parmi les parias, les pécheurs ? La réponse n’est pas toujours facile, car souvent, un pharisien qui ruisselle d’autosatisfaction et un pécheur honteux coexistent en nous. Mais c’est auprès de nos blessures que Jésus désire nous trouver !

« Il se peut que nous différions sans cesse ce moment de vérité et d’humilité où nous nous laisserons enfin toucher par Jésus, là où cela fait mal, mais aussi où cela fera le plus de bien. Une seule parole, un seul regard, et Jésus nous touche par sa tendresse infiniment douce, infiniment humble. Et à ce moment-là, nous apprenons, étonnés et tout émerveillés, qu’il n’y a pas de plus grande joie sur terre que de se tenir ainsi devant lui en pécheurs pardonnés. » (A. Louf, S’abandonner à l’amour)

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